Ottawa : toujours plus de sous-traitance malgré l’augmentation du nombre de fonctionnaires

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cgelinas
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26 février 2024


Les sommes faramineuses engouffrées dans l’application ArriveCAN soulèvent de nombreuses questions non seulement sur la gestion des fonds publics par le gouvernement fédéral mais aussi sur son recours grandissant à des sous-traitants malgré la croissance considérable de la fonction publique canadienne ces dernières années.

Cette application mobile, conçue à l'externe au début de la pandémie de COVID-19 pour contrôler les flux frontaliers, devait coûter 80 000 $, mais la facture totale s’élève maintenant à 59,5 millions de dollars, révélait cette semaine le Bureau du vérificateur général.

Je suis déçu en tant que contribuable [...] mais pas très surpris étant donné que les budgets totaux alloués aux consultants ont augmenté de façon considérable au cours des dernières années, a lancé Yves Giroux, directeur parlementaire du budget, en entrevue à l’émission Les faits d’abord samedi.

Malgré les promesses de restreindre le recours aux sous-traitants, on voit encore une augmentation, même si la taille de la fonction publique a encore augmenté de façon considérable au cours des dernières années.

De 2015 à 2023, M. Giroux estime qu’environ 90 000 employés à temps plein ont rejoint la fonction publique fédérale, qui compterait aujourd’hui 432 000 employés.

On augmente le recours aux consultants de façon significative et on augmente le nombre de fonctionnaires de façon importante, a fait remarquer M. Giroux. Il semble y avoir une attitude comme quoi les fonds publics ne sont pas aussi rares qu’ils l’étaient autrefois. Et ce qui n’est pas très rare, on y fait moins attention.

Dépendance aux ressources externes

Dans son rapport, la vérificatrice générale Karen Hogan dénonce un non-respect flagrant des pratiques élémentaires de gestion de la conception à la mise en œuvre d’ArriveCAN pour expliquer l’explosion des coûts. Elle pointe aussi la dépendance continue de l’Agence des services frontaliers du Canada aux ressources externes.

Selon Mme Hogan, 30 entreprises ont été mandatées pour travailler sur l'application ArriveCAN. C’est toutefois GC Strategies qui a obtenu la part du lion. À elle seule, cette entreprise a reçu 19,1 millions de dollars pour la mise au point de cette application.

Nous avons estimé que le coût journalier moyen des ressources externes dans le cadre d’ArriveCAN était de 1090 $, tandis que le coût journalier moyen pour un poste équivalent dans le secteur des technologies de l’information au gouvernement du Canada était de 675 $, peut-on lire dans le rapport du Bureau du vérificateur général.

L’Agence des services frontaliers du Canada avait continué de recourir à des ressources externes, ce qui avait fait augmenter le coût de l’application.

En entrevue à l’émission d’Alain Gravel, Karen Hogan a expliqué pourquoi l’Agence a choisi de poursuivre avec la sous-traitance.

L’Agence a déterminé qu’elle n’avait pas les compétences ni la capacité de développer l’application, alors c’était raisonnable de se fier à un contractant ou à un tiers parti pour le faire, a indiqué la vérificatrice générale.

Jeudi, l’ASFC a précisé qu'elle avait accordé quatre contrats à GC Strategies depuis 2020, pour une valeur totale de 56,4 millions de dollars. De cette somme, 30 millions de dollars ont été dépensés avant que le gouvernement fédéral ne suspende ses contrats avec cette entreprise, en novembre dernier.

La sous-traitance, parfois justifiée

Yves Giroux l’admet sans détour: il ne peut pas expliquer pourquoi le gouvernement fédéral recourt aussi souvent à des sous-traitants malgré le nombre grandissant de fonctionnaires à Ottawa. Par contre, il croit que la sous-traitance est souvent justifiée.

Par exemple, dans le cas de la défense nationale, pour construire des navires de combat, on a besoin d’une expertise assez pointue. C’est normal que le gouvernement aille chercher l’expertise là où elle est, et ce n'est pas nécessairement dans la fonction publique, a-t-il expliqué.

Ce serait peut-être justifié d’avoir des fonctionnaires qui ont ces compétences-là plutôt que d’embaucher un peu à l’aveugle, sans tenir compte des besoins réels des ministères et des agences, a poursuivi M. Giroux.

Le gouvernement canadien a recouru à de nombreuses reprises à la firme McKinsey depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux. En janvier 2023, une enquête de Radio-Canada avait révélé que ce cabinet-conseil américain s’était fait confier des contrats d'une valeur de plus de 100 millions de dollars depuis 2015.

À ce moment-là, les libéraux avaient déjà dépensé 30 fois plus pour les services de McKinsey que les conservateurs de Stephen Harper, qui ont été au pouvoir de 2006 à 2015.



Source: MSN / La Presse canadienne



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Claude Gélinas, Éditeur
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