Les immigrants temporaires plus présents dans certains secteurs d'emploi, selon l'IDQ

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cgelinas
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27 février 2024


Les travailleurs étrangers temporaires en sol québécois sont surreprésentés dans certaines industries, telles que la restauration et l'hébergement, mais se retrouvent sous-représentés dans des secteurs où les besoins de main-d'oeuvre sont pourtant tout aussi criants, comme dans le réseau de la santé.

C'est ce que suggère un nouveau rapport de l'Institut du Québec (IDQ), paru lundi, qui met également en garde contre les «effets pervers» de recourir entièrement à des travailleurs temporaires afin de régler les pénuries de main-d’œuvre.


Selon l'organisme sans but lucratif, il s'agit d'«une solution partielle».

L'IDQ s'est penché sur l'impact de l'immigration temporaire sur le marché de l'emploi en se basant notamment sur les données les plus récentes de Statistique Canada.

Il constate que les services professionnels, l'hébergement et la restauration ainsi que la fabrication, entre autres, sont les secteurs où, en 2023, les travailleurs étrangers étaient présents en plus grand nombre par rapport aux immigrants permanents et aux personnes nées au Canada.

À l'inverse, la santé, l'administration publique et l'industrie de la construction ont affiché une sous-représentation d'immigrants temporaires par rapport au reste de la population.

[Éditeur: justement, miser sur les immigrants nous place en position de faiblesse systémique... et c'est ruineux.]

L'IDQ donne en exemple le secteur de la santé où l'an dernier au Québec 15 % des immigrants permanents et 13 % des personnes nées au pays oeuvraient, contre seulement 8 % des immigrants temporaires.

Le nombre moins important d'immigrants temporaires dans certaines sphères d'activité peut s'expliquer par divers facteurs liés notamment aux qualifications requises et la reconnaissance des compétences, avance l'IDQ.

Tandis que dans les secteurs montrant une surreprésentation de travailleurs étrangers, cela peut être «facilement compréhensible au vu des besoins des employeurs, mais aussi en raison des assouplissements mis en place dans différents programmes d’immigration au cours des dernières années», notamment dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) du Québec, mentionne l'institut.

Par exemple, depuis 2022, le commerce de détail, l’hébergement et la restauration — aux prises avec des milliers des postes à pourvoir — bénéficient d'allégements pour recruter davantage d'immigrants temporaires.

Cibler les secteurs stratégiques

Au regard de ces constats, le Québec aurait tout avantage à «mieux arrimer» les efforts du PTET avec les profils des immigrants dans ses secteurs les plus stratégiques, comme la santé et la construction, indique la directrice générale de l'IDQ, Emna Braham.

«Par exemple, il y a des missions de recrutement financées par le gouvernement du Québec pour aller recruter des personnes. Est-ce qu'on peut s'assurer qu'on priorise tout au moins la santé et la construction où les besoins sont importants?», demande Mme Braham en entrevue.

Le PTET est le principal programme qui permet à un employeur québécois de recruter à l'international pour des postes qu'il ne parvient pas à pourvoir à l'échelle locale. Dans le cadre de cette politique, les profils tendent toutefois à se diversifier, note l'IDQ, alors que la province accueille de plus en plus de professionnels qui oeuvrent dans le domaine des sciences.

Le nombre de candidats pour le réseau de la santé «reste toutefois marginal», souligne l'IDQ.

Si le recours aux travailleurs temporaires peut faciliter à pourvoir certains postes, l'IDQ s'inquiète de ses effets sur les investissements en technologies et machineries nécessaires à l’amélioration de la productivité du Québec.

«Dans certains cas, cette solution peut même avoir des effets pervers, notamment celui de retarder les transformations structurelles et les efforts d’amélioration des conditions de travail ou de la productivité; là où la mécanisation, les nouvelles technologies et la réorganisation des activités pourraient réduire les besoins en main-d’œuvre», écrivent les auteurs.

Selon Mme Braham, des entreprises peuvent sentir moins la pertinence de revoir leur modèle d'affaires si elles ont accès à un bassin de travailleurs temporaires de plus en plus grand.

Automatiser les opérations et intégrer de nouvelles technologies, «c'est une grosse partie de la solution aux pénuries de main-d'oeuvre», mentionne-t-elle.

Immigration «en deux étapes»

Le rapport se penche également sur le Programme de mobilité internationale (PMI) qui est le premier véhicule d’entrée pour les travailleurs temporaires, mais qui ne vise pas à pourvoir des postes spécifiques comme le PTET.

En 2023, près de 108 000 personnes étaient détentrices d'un permis du PMI, contre tout près de 60 000 pour le PTET.

La grande majorité des détenteurs d'un permis du PMI étaient des diplômés de collèges et d’universités québécoises qui ont choisi de prolonger leur séjour au pays ainsi que des conjoints qui accompagnent un travailleur ou un étudiant, selon le rapport de l'IDQ.

Elle constitue des personnes qui sont hautement qualifiées et qui ont une expérience québécoise, expose Daye Diallo, économiste principal à l'institut.

Le PMI représente également une voie vers la résidence permanente pour plusieurs: les travailleurs issus de ce programme représentaient l'an dernier 75 % de ceux qui avaient détenu un statut temporaire avant d’obtenir leur résidence permanente au Québec, mentionne l'institut.

Ce passage de l’immigration temporaire à l’immigration permanente est de plus en plus populaire. Mais cette «immigration en deux étapes n'est pas clairement définie comme une voie d'accès privilégiée» dans les politiques gouvernementales, croit l'IDQ.

«On aurait tout avantage lorsqu'on réfléchit au seuil d'immigration permanente de mieux prendre en compte le nombre et les profils des personnes qui ont été acceptées à travers ce Programme de mobilité internationale au cours des dernières années pour s'assurer qu'on ne se trouve pas avec des goulots d'étranglement à l'immigration permanente, au risque de perdre de très bons candidats», affirme Mme Braham.

Le PMI devrait «permettre de transiter vers la résidence permanente sans trop d'encombres, sans trop de goulots d'étranglement, sans trop de problèmes pour les personnes qui voudraient rester ici et qui répondent aux différents critères du gouvernement du Québec», renchérit M. Diallo.

En conclusion de son rapport, l'IDQ recommande aussi d'améliorer la collecte de données sur les immigrants temporaires afin de mieux comprendre leur impact sur la société et l'économie.



Source: MSN / La Presse canadienne



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Claude Gélinas, Éditeur
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