L’endettement des ménages s’alourdit

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cgelinas
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10 février 2024


Les taux d’intérêt élevés et l’inflation alimentent l’endettement des ménages. La situation pourrait empirer à mesure que les renouvellements d’hypothèque se multiplient. Mais tous les Québécois ne sont pas affectés de la même manière.

Selon Equifax Canada, les Canadiens avaient accumulé 2,4 milliers de millards de dollars de dettes en septembre 2023, en hausse de 80,9 milliards de dollars par rapport à la même période l’année précédente. Rebecca Oakes, vice-présidente des analyses avancées chez Equifax Canada, rappelle qu’il est normal que la dette globale gonfle, puisque la population canadienne grossit. Rien d’étonnant non plus à voir la dette hypothécaire globale suivre l’augmentation des prix sur le marché immobilier.

[Éditor: et ça ne s'améliorera parce que ces dettes-là seront entretenues pendant des décennies avant d'être repayées. Surtout que l'automatisation, la robotisation et l'IA s'ajoute à l'immigration massive record pour prendre les bons emplois aux Canadiens qui en auraient eu besoin pour repayer ces dettes.]

« Ce qui est plus inhabituel et plus inquiétant, c’est que l’endettement non relié à un prêt hypothécaire progresse assez sensiblement, notamment les dettes de cartes de crédit », explique la vice-présidente. Le solde moyen des titulaires de cartes de crédit était de 4119 dollars au troisième trimestre de 2023, comparativement à 3727 dollars l’année précédente.

Si l’on tient compte de tous les produits de crédit, le pourcentage des Canadiens qui ont manqué un paiement est passé de 1 sur 31 durant la pandémie à 1 sur 25 pendant le troisième trimestre de 2023. « Il y a 18 mois, c’étaient surtout les gens à faible revenu et les jeunes qui rataient des paiements, mais maintenant on voit davantage de personnes âgées de 36 à 65 ans et de propriétaires se retrouver dans cette situation », précise Rebecca Oakes.

L’alourdissement de la dette hypothécaire joue un grand rôle dans ces difficultés. Ce phénomène frappe toutefois moins le Québec que d’autres provinces. Le montant moyen de la dette hypothécaire s’y élève à environ 170 000 dollars, comparativement à une moyenne de 259 000 dollars pour le reste du Canada. En Ontario, ce montant atteint 315 000 dollars. À 18 500 dollars, la moyenne de l’endettement non hypothécaire au Québec reste aussi inférieure à celle des autres provinces canadiennes, qui atteint 21 000 dollars.

Les différents visages de l’endettement

Cela dit, les chiffres ne disent pas tout et l’endettement peut avoir une incidence bien différente d’une personne à une autre. Maude Pugliese, professeure agrégée au Centre urbanisation culture société de l’Institut national de la recherche scientifique, a dévoilé plusieurs de ces disparités dans une récente étude sur le surendettement des ménages québécois.

L’équipe de la chercheuse a interrogé plus de 4800 répondants en 2022 et 2023, avec la collaboration de Léger Marketing. Ce coup de sonde indique que près de sept Québécois sur dix traînent des dettes. Plus d’un quart de ces personnes éprouvent des problèmes au moins occasionnels à les acquitter. Pour près d’une personne sur dix, ces difficultés sont aiguës et 2 % des répondants endettés n’y arrivent tout simplement pas.

« Nous avons voulu aller plus loin et comprendre pourquoi les gens s’endettent et ce qui fait que certains d’entre eux ne peuvent plus rembourser ce qu’ils doivent », raconte Maude Pugliese. En général, deux théories principales expliquent l’endettement : la surconsommation et la compensation (le fait de devoir s’endetter parce que notre revenu ne permet pas de faire face aux dépenses courantes).

La chercheuse a identifié cinq profils types de mécanisme d’endettement, dont trois génèrent plus de problèmes. Les deux premiers sont liés aux dettes encourues pour acheter une maison ou une voiture, ou pour étudier. Les autres concernent le soutien aux enfants ou aux proches, la perte d’emploi ou la maladie et un amalgame de plusieurs ennuis économiques. Parmi les personnes endettées, plus d’un quart se retrouvaient dans l’une de ces trois catégories.

« Ces personnes ont un endettement compensatoire, c’est-à-dire qu’elles empruntent pour faire face au quotidien, et c’est parmi ces trois groupes que l’on dénombre le plus de répondants qui vivent des difficultés de remboursement », souligne la professeure.

Elle indique, par exemple, que 70 % des personnes dont les dettes découlent d’une perte d’emploi ou d’une maladie peinent à les rembourser, contre seulement 10 % de celles qui ont contracté une dette pour l’achat d’une maison ou d’une voiture.

L’étude montre aussi que les jeunes de moins de 35 ans, les personnes racisées et les parents d’enfants, surtout s’ils sont seuls ou membres d’une famille recomposée, sont les groupes les plus touchés par le surendettement.

« Les résultats suggèrent que nous devons continuer de réfléchir à la manière de protéger les Québécois, en particulier certains groupes démographiques, de certains risques qui peuvent les faire sombrer dans un endettement difficilement supportable », estime Maude Pugliese.



Source: Le Devoir



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Claude Gélinas, Éditeur
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