Pierre Mailloux, surnommé le « Doc Mailloux », est décédé. Le psychiatre, figure controversée des médias québécois, a rendu son dernier souffle vendredi matin à Trois-Rivières, à l’âge de 74 ans.
Frappé d’une infection aux reins l’an dernier, il s’est « éteint sereinement », selon un bref message laissé en ligne par sa partenaire de micro, Josey Arsenault.
- https://twitter.com/DocMailloux8/status ... 7184263673
- https://twitter.com/RadioPirate/status/ ... 2585016815
- https://twitter.com/gillesbellerose/sta ... 5354129896
- https://twitter.com/FLagauloise/status/ ... 9233357211
Le public québécois découvre son iconique barbe grise, ses lunettes de professeur, sa démarche boiteuse (il avait perdu une jambe dans un accident de voiture) et surtout son franc-parler dans les années 1980 alors qu’il exerce un rôle d’expert-conseil au procès de Denis Lortie. Sa formation de psychiatre et ses opinions tranchées le propulsent devant les micros jusqu’à ce qu’il obtienne sa propre émission, à CKAC, en 1995.
Au fil des ans, le Doc Mailloux accumule les frasques autant qu’il attire l’attention du public. On l’invite sur presque tous les plateaux de télé pour l’entendre parler de maltraitance des enfants, de maladies mentales, de sexe et, en fin de compte, de tous les sujets de société de l’heure. Son style cru tombe parfois dans la vulgarité, comme en 2007, où une entrevue qui devait être diffusée à Télé-Québec finit par ne jamais l’être à cause de doigts d’honneur lancés à qui mieux mieux. « Je peux effectivement être vulgaire. La vulgarité permet de dire beaucoup de choses qu’on ne pourrait pas dire autrement », dit-il alors pour se défendre.
Le « Doc » dépasse toutefois les bornes en 2005 sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle. Il clame devant des centaines de milliers de téléspectateurs que des études démontrent que « le quotient intellectuel des Noirs et des Amérindiens [est] nettement inférieur à 100 ». C’en est trop pour le Collège des médecins. Pour ces propos, l’ordre professionnel radiera le psychiatre pour cinq ans en 2012, une décision qui sera révisée deux ans plus tard par le Tribunal des professions.
Cette controverse n’a rien pour faire taire la bête médiatique originaire du Lac-Saint-Jean, formée en médecine aux universités Laval et McGill. N’éprouvant aucun remords, Pierre Mailloux multiplie au contraire les chevaux de bataille au fil des années. Il sera finalement radié à plusieurs reprises au cours de sa carrière, mais sans jamais perdre pour de bon l’attention du public. L’ordre professionnel des médecins s’« acharne » sur son cas, estime le principal intéressé, qui se défend souvent seul devant les juges. Il se rend ainsi jusqu’en Cour suprême du Canada pour obtenir réparation, sans succès.
Ses idées arrêtées captivent la population autant qu’elles la divisent. Passent ainsi sous son bistouri intellectuel « les hommes féminisés », sa hantise de « la culture arabique » et les travailleurs sociaux « illuminés ». Il écrit aussi plusieurs livres pour résumer sa pensée : Pour la castration volontaire des pédophiles, Au secours des femmes, Pour élever ses enfants, prière de ne pas les rabaisser, etc.
Approché en 2006 par le Parti conservateur du Canada pour entrer en politique, il décline l’offre par refus de se conformer… au code vestimentaire du Parlement. « Je ne serai jamais forcé de porter la cravate alors que les sikhs ont la liberté de porter leur capine à la Chambre des communes », offrira en guise d’explication cette personnalité anticonformiste, incapable de brider sa liberté de parole.
Sa voix s’est toutefois tue vendredi. La famille du Doc Mailloux a indiqué vouloir « vivre les prochaines étapes dans la plus complète intimité » et elle n’accordera aucune entrevue.
Source: MSN / Le Devoir
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