Un millier de résidences évacuées près d’un barrage à risque

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cgelinas
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4 décembre 2023


Un millier de résidences ont été évacuées de toute urgence à Chute-Saint-Philippe et à Lac-des-Écorces, dans les Laurentides, dimanche soir après 22 h. Et impossible de savoir quand ces réfugiés pourront rentrer chez eux.

C’est que la digue Morier, en bordure du réservoir Kiamika, démontre des signes d’érosion et menace de céder. Celle-ci retient une quantité d’eau équivalant à 100 000 piscines olympiques.


Ce qu'il faut savoir...

  • Autour du 24 novembre, de l’eau s’est accumulée de manière anormale au pied de la digue Morier du réservoir Kiamika. Après investigation, le ministère de l’Environnement a déterminé qu’il y avait de l’infiltration d’eau dans la digue de terre.
  • Samedi, le Ministère a détecté des écoulements d’eau avec des sédiments dans l’ouvrage et a conclu qu’il y avait « une progression probable d’un mécanisme d’érosion interne de la digue », un signe avant-coureur d’une possible rupture.
  • Dimanche soir, le ministère de la Sécurité publique a lancé une alerte de gravité « extrême » et a fait évacuer un millier de résidences.

Le ministère de la Sécurité publique a lancé une alerte de gravité « extrême » dimanche, un peu après 22 h, concernant les résidences situées en bordure des rivières Kiamika et du Lièvre. Les évacuations se sont poursuivies lundi en matinée. La route 117, qui relie l’Abitibi au sud du Québec, reste ouverte à la circulation même si un tronçon se trouve dans le périmètre évacué.

« Il s’agit d’une mesure préventive », a expliqué Billie Piché, coordonnatrice aux communications de la MRC Antoine-Labelle, lundi matin lors d’une conférence de presse. « S’il devait y avoir une urgence au niveau des inondations, les délais seraient trop courts pour évacuer. C’est pour ça qu’on le fait de manière préventive », a-t-elle poursuivi.

Chantale Jeannotte, députée de la circonscription de Labelle, a également voulu se faire rassurante lors de cette conférence de presse. « Présentement, il n’y a personne en danger. Tout le monde est en sécurité. C’est important de le dire. Ce sont des mesures préventives », a-t-elle dit avec insistance. Elle a d’ailleurs assuré que les évacués recevront 40 $ par personne, par jour, en indemnisation.

Pas de date de retour annoncée

L’avis d’évacuation demande aux citoyens de prévoir une évacuation d’au moins cinq jours. Plus précisément, 651 résidences ont été évacuées à Lac-des-Écorces et 350 autres à Chute-Saint-Philippe. Lundi soir, il était impossible de prévoir une date de retour pour les personnes évacuées, ont indiqué les autorités en conférence de presse.

Une telle mesure a été mise en place parce que des écoulements d’eau avec des sédiments ont été repérés sur la digue Morier. Le ministère de l’Environnement l’inspectait depuis la fin du mois de novembre.

Le porte-parole Frédéric Fournier indique qu’aux alentours du 24 novembre, « il a été observé qu’il y avait de l’eau qui s’accumulait au pied de la digue Morier en aval, un premier signe » que la structure est en mauvais état. Un plan de mesures d’urgence a été mis en place par la Direction générale des barrages, qui a fait abaisser le niveau d’eau du réservoir pour observer la structure.

Il a été conclu qu’il y avait une progression probable d’un mécanisme d’érosion interne de la digue. Un signe avant-coureur d’une possible rupture.

Frédéric Fournier, porte-parole du ministère de l’Environnement

Des ingénieurs sont « sur le terrain » et font une inspection du barrage deux fois par jour. La digue se trouvant dans un secteur éloigné, des opérations de déneigement et d’élargissement de la route forestière sont aussi en cours pour permettre le passage de machinerie lourde.

Des travaux de stabilisation de la digue sont prévus cette semaine, a indiqué en soirée Mélanie Lavoie, ingénieure en géotechnique à la Direction générale des barrages au ministère de l’Environnement. Une cinquantaine d’ingénieurs sont aussi à « pied d’œuvre » pour trouver une solution à long terme, a précisé Martin Ferland, ingénieur au même département.

La dernière évaluation de la digue remonte à 2019, selon la fiche technique du ministère de l’Environnement. Aucun correctif n’était requis à l’époque. Des inspections ont toutefois lieu tous les mois, a indiqué M. Ferland. C’est dans ce contexte que les fuites d’eau ont été repérées.

Qu’est-ce qui a pu causer la dégradation de l’ouvrage ? « On ne connaît pas encore la réponse à cette question-là, a affirmé Mme Lavoie. On a certaines hypothèses qu’on doit encore évaluer. »

Autre mesure : Québec fait présentement abaisser le niveau d’eau du réservoir Poisson-Blanc pour qu’il puisse absorber une partie de l’eau provenant du réservoir Kiamika.

Évacués en pleine nuit

Des policiers ont notamment fait du porte-à-porte pour s’assurer de l’évacuation et de la sécurité de tous les résidants concernés par « l’ordre d’évacuation préventive », a souligné la Sûreté du Québec (SQ). Les agents resteront sur place pour établir des périmètres de sécurité et protéger les résidences évacuées.

Benjamin Tessier a reçu une alerte sur son téléphone un peu après 22 h l’informant que sa résidence se trouvait à proximité d’un secteur à évacuer. À 1 h du matin, la Ville l’a finalement informé que sa famille et lui devaient aussi quitter leur coquette maison de la route 311, en bordure de la rivière Kiamika, en pleine tempête.

C’est quand même intense en pleine nuit de devoir quitter notre maison, surtout avec un enfant de 11 mois.

Benjamin Tessier, qui a été évacué

« Notre maison est plus haute que beaucoup d’autres, mais selon la Ville, il serait possible que l’eau monte jusque-là ! Nous venons d’acheter notre maison dans ce secteur, alors c’est tout un feeling », raconte celui qui s’est réfugié dans un motel de Mont-Laurier.

Le centre de services scolaire des Hautes-Laurentides (CSSHL) a procédé à la fermeture des écoles Notre-Dame et Saint-François, à Lac-des-Écorces, ainsi que de l’école Henri-Bourassa, à Chute-Saint-Philippe.

Les citoyens évacués pourront bénéficier d’un programme de soutien financier du ministère de la Sécurité publique (MSP), a confirmé en soirée Denis Bélanger, directeur général de la sécurité civile du MSP.

Un barrage à « forte contenance »

Le ministère de l’Environnement est propriétaire de la digue Morier, un barrage à forte contenance situé en bordure de l’immense réservoir Kiamika et de la rivière du même nom.

À l’origine, ce réservoir était formé de deux lacs, les lacs Kiamika supérieur et inférieur. La James MacLaren Company, qui possédait les droits hydroélectriques sur la rivière du Lièvre, a fait construire le barrage au milieu des années 1950. Québec en est aujourd’hui le propriétaire, tout comme des barrages Reno et Meilleur et de la centrale Rapides-des-Cèdres, situés en aval.

La digue Morier, d’une longueur de 678 mètres et d’une hauteur de 15,85 mètres, a une capacité de retenue de 382 000 000 de mètres cubes d’eau, selon la fiche technique du ministère de l’Environnement. Le « niveau des conséquences » de la rupture de cette digue de terre est classé comme étant « très important ».

À lui seul, le ministère de l’Environnement est propriétaire de 930 barrages gouvernementaux, soit 391 à forte contenance (comme la digue Morier), 263 à faible contenance et 276 petits barrages.



Source: La Presse



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IMAGE FOURNIE PAR QUÉBEC EN ALERTE -- secteur touché par l’alerte dans les Laurentides
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Claude Gélinas, Éditeur
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