Les hausses de tarif d’électricité pour les clients résidentiels seront plafonnées à 3 % par année jusqu’en 2035 selon la planification d’Hydro-Québec, a soutenu son PDG Michael Sabia, jeudi.
Les clients d’affaires devront toutefois payer plus.
« Selon toute la planification que nous avons faite, le 3 % est un plafond qui dure et qui est là pendant la période du plan » d’action 2035 d’Hydro-Québec, a affirmé M. Sabia lors d’un témoignage en commission parlementaire pour répondre aux questions des députés sur ce plan.
- https://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-par ... index.html
- https://forum.libertes.ca/viewtopic.php?t=3465
- https://nouvelles.hydroquebec.com/fr/co ... s-clients/
Ce plafond de 3 % « c’est une supposition de notre part pour simplifier notre planification », a-t-il ajouté en réponse à des questions du député de Québec solidaire Haroun Bouazzi.
La loi du gouvernement Legault plafonne les tarifs à 3 % par année jusqu’en 2025. Lors d’une rencontre avec ses employés en septembre, Michael Sabia avait laissé entendre que les tarifs d’électricité devaient augmenter davantage, ce qui avait soulevé un débat à l’Assemblée nationale. Le premier ministre François Legault s’est engagé à la fin octobre de ne « jamais » augmenter les tarifs au-delà de l’inflation ou 3 %. Une loi sera déposée en ce sens.
Pour les clients d’affaires par contre, a indiqué Michael Sabia, « c’est très probable » qu’il y ait une augmentation plus importante, « d’un certain niveau » qu’il n’a pas voulu préciser.
« Je ne suis pas très rassuré par les réponses de M. Sabia » au sujet des tarifs, en particulier pour les petites et moyennes entreprises, a réagi le député libéral Gregory Kelley. Selon lui, pour les clients résidentiels, un doute persiste à savoir si les tarifs pourraient augmenter au-delà de 3 % dans les prochaines années.
Pas de demi-mesures
Pour répondre à une demande croissante en électricité, « ce n’est pas le temps pour des demi-mesures », a plaidé devant les députés Michael Sabia, tout en assurant que les tarifs résidentiels « vont rester toujours plus bas » qu’ailleurs.
Dans un exercice exceptionnel, le patron de la société d’État témoigne pendant cinq heures en commission parlementaire sur son plan d’action impliquant des investissements colossaux de 155 à 185 milliards d’ici 2035.
« Je suis convaincu que c’est le bon moment, c’est nécessaire, c’est un moment critique de ramener Hydro-Québec à une période de croissance et d’ambition pour contribuer au développement d’une économie québécoise qui est à la fois décarbonée et prospère », a soutenu M. Sabia lors d’une brève mêlée de presse.
[Éditeur: la "décarbonisation" est une guerre contre le vivant. Il ne veut pas diminuer la pollution, juste tuer ce qui engendre la vie. J'espère que tout le monde comprend cette imposture mondialiste, à ce point-ci.]
À la tête d’Hydro-Québec depuis le 1er août, le successeur de Sophie Brochu a déposé son plan le 2 novembre afin de faire face à une forte augmentation anticipée de la demande d’électricité : elle va doubler d’ici 2050 avec la décarbonation et la croissance de l’économie. Il lui faut donc ajouter 150 voire 200 TWh d’énergie.
Le plan d’action de Michael Sabia est « très emballant » et « ambitieux », a soutenu le premier ministre François Legault, qui y voit un moyen pour faire du Québec un leader mondial dans l’atteinte de la carboneutralité. Ce plan est « cohérent » avec les orientations du gouvernement, a renchéri le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.
D’ici 2035, Hydro-Québec prévoit augmenter la production d’électricité de 60 TWh, ce qui représente entre 8000 et 9000 MW de puissance additionnelle. C’est équivalent à trois de ses plus grands ouvrages hydroélectriques : LG-2, Manic-5 et le complexe de la Romaine.
Hydro-Québec compte ainsi ajouter de 3800 à 4200 MW de puissance hydroélectrique, ce qui représente des investissements de 35 à 45 milliards. Elle doit en plus investir de 45 à 50 milliards d’ici 2035 pour rehausser la capacité de son réseau de transport.
Elle veut construire de nouvelles centrales hydroélectriques, dont une première centrale à réserve pompée. Elle étudie pour le moment un projet sur la rivière Petit Mécatina (Côte-Nord). Elle compte augmenter la capacité des centrales existantes, en remplaçant les groupes turbine-alternateur par une technologie plus récente.
Hydro-Québec veut tripler la capacité de production d’énergie éolienne pour obtenir de 1500 à 1700 MW de puissance additionnelle d’ici 2035. Cela représente des investissements publics et privés de plus de 30 milliards. Elle veut investir davantage dans l’énergie solaire et le stockage par batterie.
Pour réaliser toutes ces nouvelles infrastructures, il faudra 35 000 travailleurs de la construction en moyenne par année jusqu’en 2035, un défi de taille dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre.
Économie d’énergie et tarifs
En plus de l’augmentation de la production d’électricité, son plan s’articule autour de quatre autres priorités : améliorer la qualité du service, aider la clientèle à faire une meilleure consommation de l’énergie, collaborer plus étroitement avec les communautés autochtones et devenir une organisation agile, innovante et transparente.
Hydro-Québec a doublé sa cible d’économie d’énergie pour la faire passer à 21 TWh d’ici 2035. Cela lui permettrait de dégager au total 3500 MW de puissance additionnelle. Elle veut élargir ses offres tarifaires aux clients résidentiels afin de « déplacer une partie de la consommation en dehors des périodes de pointe hivernales ». Elle veut ajouter des aides financières pour l’achat d’équipements écoénergétiques comme les thermopompes.
L’augmentation des tarifs pour les clients résidentiels est plafonnée à 3 % par année. Les tarifs industriels seront quant à eux revus à la hausse.
Pannes et alimentation
Les investissements pour moderniser et remplacer les équipements d’Hydro-Québec atteindront entre 45 et 50 milliards d’ici 2035. « Nous prévoyons investir en moyenne de quatre à cinq milliards par année dans la fiabilité de tous nos actifs en tenant compte des effets prévus des changements climatiques », ce qui revient presque à doubler les investissements en pérennisation des trois dernières années.
Hydro-Québec reconnaît d’ailleurs que la qualité de ses services s’est « dégradée », alors que 2023 a été « parmi les pires des 15 dernières années en ce qui concerne les pannes d’électricité ». Hydro-Québec veut corriger le tir et réduire le nombre de pannes de 35 % d’ici sept à dix ans.
Les délais d’alimentation, le temps qu’il lui faut pour répondre à une demande de branchement au réseau, « ont augmenté de presque 70 % depuis 2019 ». Il veut réduire « le délai moyen de réalisation des travaux les plus courants » liés à l’alimentation des clients d’ici 2028.
Par ailleurs, Hydro-Québec prévoit que ses charges d’exploitation vont augmenter de 20 à 25 milliards d’ici 2035.
Après le témoignage de Michael Sabia, la prochaine étape significative sera le projet de loi concernant Hydro-Québec et la Régie de l’énergie. Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, prévoit déposer son texte législatif en début d’année ou « au printemps ». « Janvier, février, peut-être mars, je ne suis pas pressé », a-t-il dit.
Source: La Presse
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