Avec la baisse de l'inflation et l'éloignement du spectre d'une récession au Canada, la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, a affiché un optimisme prudent, mardi, lors du dévoilement de l'énoncé économique de l'automne 2023.
Le plus grand défi est de trouver un équilibre entre les investissements dont les Canadiens ont besoin et le fait de nous assurer que notre plan économique est financièrement responsable, a dit Mme Freeland en conférence de presse. Et nous avons trouvé cet équilibre dans notre plan dévoilé aujourd'hui.
- https://twitter.com/cafreeland/status/1 ... 2905310566
- https://twitter.com/cafreeland/status/1 ... 3895314641
- https://www.budget.canada.ca/fes-eea/20 ... il-fr.html
En plus d'un portrait en chiffres de l'état de l'économie canadienne, ce document de plus de 150 pages présente une série de mesures centrées sur deux grands enjeux: la crise du logement et la hausse du coût de la vie.
Plusieurs de ces initiatives ont déjà été révélées dans les médias au cours des derniers jours, dont un financement supplémentaire de 15 milliards de dollars en prêts pour la construction de plus de logements destinés à la location, ainsi qu'un financement supplémentaire de 1 milliard de dollars sur trois ans pour la mise en chantier de logements abordables destinés aux personnes les plus vulnérables.
Ces deux mesures ne devraient toutefois pas entrer en vigueur avant 2025-2026, selon les prévisions du gouvernement.
L'autre mesure-phare pour remédier au problème de manque de logements est la restriction des locations de courte durée de type Airbnb. Le fédéral vient ainsi appuyer les mesures mises en place par certaines provinces, comme le Québec et la Colombie-Britannique, et des municipalités, telles que Toronto, Montréal et Vancouver.
Le gouvernement compte ainsi refuser les déductions fiscales pour les dépenses engagées afin de tirer un revenu de la location à court terme, y compris les frais d'intérêt, dans les provinces et les municipalités qui ont interdit ce type de location.
Cette mesure s'appliquera dès le 1er janvier 2024.
Par ailleurs, le gouvernement annonce une nouvelle charte hypothécaire canadienne qui prévoit une série d'engagements de la part des institutions financières du pays, afin d'offrir des mesures d'allègement personnalisées, notamment aux détenteurs d'hypothèques à risque, dont des prolongations provisoires de la période d'amortissement.
Ces mesures aideront un plus grand nombre de personnes à surmonter le stress financier temporaire causé par la hausse des taux d'intérêt et leur permettront de garder leur chez-soi, assure le gouvernement.
En ce qui concerne la hausse des prix des aliments, le gouvernement a confirmé des mesures annoncées plus tôt cette année, dont des initiatives pour renforcer la concurrence au pays, en introduisant des modifications législatives en ce sens.
Le gouvernement libéral promet ainsi de renforcer les outils et les pouvoirs dont dispose le Bureau de la concurrence pour sévir contre les abus de grandes entreprises en position dominante.
Le Bureau de la concurrence sera également doté de moyens pour mieux détecter et contrer les acquisitions anticoncurrentielles.
Le gouvernement promet aussi de rendre l'accès aux soins de santé mentale plus abordable pour les Canadiens en éliminant la TPS/TVH sur les services professionnels rendus par les psychothérapeutes et les thérapeutes en counseling.
Des mesures relativement modestes
Au total, toutes les mesures annoncées mardi représentent des dépenses supplémentaires de 10,8 milliards de dollars.
Selon le scénario de référence du gouvernement, le déficit budgétaire demeure pratiquement le même que ce qui était prévu lors de la présentation du budget au printemps dernier, soit environ 40 milliards de dollars.
Le manque à gagner dans les finances publiques en 2027-2028 a toutefois été revu à la hausse dans cet énoncé économique avec 23,8 milliards de dollars au lieu des 14 milliards prévus dans le dernier budget.
Consulté par Radio-Canada, Louis Lévesque, économiste et ancien sous-ministre fédéral, estime qu'il s'agit de mesures relativement modestes compte tenu de l'ampleur des défis auxquels fait face le Canada, surtout en matière de logement.
Si le gouvernement réussit à s'entendre avec les municipalités pour faciliter la construction de nouveaux logements, pas seulement du point de vue financier, mais aussi sur le plan de l'allègement réglementaire, il y a espoir que, dans les prochaines années, le rythme de construction de logements augmente, indique M. Lévesque.
Mais je pense qu'il ne faut pas avoir trop d'attentes pour des impacts immédiats à long terme, ajoute-t-il.
Selon lui, ce qui retient l'attention est surtout les dépenses du gouvernement en matière de frais de service sur la dette qui devraient atteindre 30,6 milliards de dollars sur cinq ans. C'est trois fois plus que les dépenses en lien avec les mesures annoncées aujourd'hui, fait-il remarquer.
Selon lui, l'évolution des taux d'intérêt sera à surveiller aussi bien à court terme qu'à long terme.
Le gouvernement libéral souligne enfin que la récession sera évitée au Canada, même selon son scénario plus pessimiste. Dans un scénario où la croissance ralentit, comme le veut la Banque du Canada, pour ramener l'économie à son potentiel, mais sans récession, c'est un consensus assez large que je partage, a commenté M. Lévesque.
Source: MSN / Radio-Canada
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