L'administration de Valérie Plante a déposé mercredi un budget équilibré de 6,99 milliards de dollars pour l'année 2024, qui prévoit des hausses moyennes d'impôt foncier de 4,6 % pour les immeubles non résidentiels et de 4,9 % pour les immeubles résidentiels.
Au surlendemain de la controverse entourant la démission de Dominique Ollivier comme présidente du comité exécutif, la mairesse Plante a présenté un budget dans un contexte « particulier », comme elle l'a écrit dans sa présentation.
Au nombre des défis qui ne peuvent être ignorés, la mairesse a cité l’augmentation du coût de la vie, la crise du logement, les besoins criants des plus vulnérables et les changements climatiques.
Et elle a rappelé son récent engagement à contenir la hausse de taxes en deçà du chiffre de l'inflation de la fin août [2023] pour la région métropolitaine de Montréal, soit 5,2 %.
[Éditeur: cette cible est bien trop élevée... c'est du délire... comment les Montréalais vont-ils faire pour affronter cette nouvelle hausse?
En août 2023, l'IPC était en hausse de 4%.]
Engagement tenu, certes, mais n'empêche que les hausses d'impôt foncier annoncées sont substantielles : elles s'élèvent en moyenne à 4,9 % pour les propriétaires d'immeubles résidentiels et à 4,6 % pour ceux qui possèdent des immeubles non résidentiels.
Les immeubles non résidentiels dont la valeur foncière est de 900 000 $ ou moins continueront de bénéficier de taux différenciés qui allègent la charge fiscale de leurs propriétaires. Cet allègement touche 70 % des immeubles de ce type. L'an dernier, la hausse pour le secteur non résidentiel était de 2,9 %.
L'an dernier, l'administration Plante avait fixé à 4,1 % l'augmentation de l’impôt municipal à Montréal, ce qui représentait déjà un sommet en 12 ans.
Selon les arrondissements, l'augmentation varie
Ainsi, les propriétaires de maison les plus touchés sont ceux de Pierrefonds-Roxboro (7,2 %) suivis de ceux d'Anjou (6,3 %).
D'autres ne sont pas en reste : dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, la hausse est de 5,8 %; dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, de 5,5 %; dans Lachine, 5,3 %; et dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, de 5,2 %.
Au centre-ville, les propriétaires de Ville-Marie connaissent la plus faible des hausses, avec 2,6 %, suivis de ceux de Saint-Léonard et d'Outremont, qui enregistrent respectivement des hausses de 3,9 % et de 4,2 %.
En clair, à Montréal, la hausse moyenne d'impôt foncier dans le secteur résidentiel est de 227 $ par ménage, mais le montant exact dépend aussi du type d'habitation.
La présentation de ce budget survient un peu plus d'un mois après l'adoption, par l'administration Plante, d'un plan de resserrement budgétaire de 100 millions de dollars destiné à protéger l’équilibre de son bilan financier de 2023. Et la révision des postes budgétaires va se poursuivre, a déclaré Valérie Plante mercredi, en conférence de presse.
Le programme d'immobilisations, qui s'échelonnera jusqu'en 2033, est de 23,9 milliards de dollars.
Au sujet des dépenses que se permettra son administration, la mairesse Plante a expliqué qu'elles subiront une augmentation modeste de 3,5 % par rapport à l'an dernier.
Lutter contre les effets des changements climatiques
Cet exercice budgétaire comporte en outre une primeur, un budget climat pour lequel l'administration municipale s'engage à consacrer 10 à 15 % de ses investissements des 10 prochaines années à des projets liés à l’adaptation aux changements climatiques. À cet égard, le directeur général de la Ville, Serge Lamontagne, affirme que 240,6 millions de dollars sont prévus pour la réalisation d'infrastructures naturelles et hybrides.
Par exemple, d'ici deux ans, la Ville procédera à 400 aménagements de trottoirs et créera une trentaine de parcs résilients supplémentaires, qui seront répartis sur l’ensemble du territoire.
Plus de 6 milliards de dollars seront consacrés aux infrastructures de l’eau au cours des dix prochaines années; cela touche notamment le renouvellement des réseaux secondaires d'aqueduc et d'égouts.
En 2024 seulement, la Ville entend mener à bien pour 530 millions de dollars en travaux d'infrastructures, notamment sur la rue Sainte-Catherine et dans Griffintown.
Le 30 août dernier, des pluies abondantes avaient entraîné de telles accumulations d'eau qu'elles avaient forcé la fermeture de tronçons de rue et compliqué la circulation automobile.
Police et transport collectif
La sécurité publique accapare à elle seule 18,3 % du budget total de la Ville.
En mai, les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avaient entériné à près de 80 % l'entente de principe conclue avec leur employeur, qui leur accordait des augmentations salariales cumulées de 19 % pour les cinq années à venir.
D’ici la fin de 2024, la Ville doit embaucher 103 policiers supplémentaires; des embauches qui doivent s'ajouter aux 225 autres qui sont en cours depuis 2022.
Quant au transport collectif, il représente 10,2 % du budget municipal montréalais. Les villes, dont Montréal, ont déjà indiqué à Québec qu'elles se sentaient « acculées au pied du mur » en raison des déficits résiduels qu'encourent les sociétés de transport en commun pour la période 2024-2028.
La gratuité pour les 65 ans dans les transports collectifs montréalais sera par ailleurs maintenue.
Projet Montréal est l'incarnation même de la gauche caviar, dénonce l'opposition
Ensemble Montréal qualifie d'historiques les hausses de taxes imposées depuis deux ans à Montréal.
Pour l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville, l'administration Plante effectue des dépenses extravagantes et irresponsables et se moque des priorités et des besoins primaires des Montréalais.
L'opposition note que depuis 2017 [soit depuis le premier mandat de Valérie Plante, NDLR] le budget de la Ville a augmenté de près de 2 milliards de dollars. Les taxes phénoménales servent à hausser les salaires du personnel de la Ville: la rémunération globale est passée de 2,36 à 2,73 milliards de dollars en six ans, dit Ensemble Montréal dans un communiqué.
- https://ensemblemtl.org/actualites/budg ... -ollivier/
- https://twitter.com/Benoitlangevin/stat ... 8570675541
Pour Alan DeSousa, porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances et maire de l'arrondissement de Saint-Laurent, Projet Montréal est l'incarnation même de la gauche caviar.
Inquiétude et réserves dans un contexte économique difficile
L'Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM) se dit inquiète des hausses qui frappent les commerçants et qui risquent de les fragiliser, écrit-elle par communiqué.
Par contre, l'Association salue le maintien des taux différenciés pour les immeubles non résidentiels, qui représente une baisse significative de 16 % des charges fiscales foncières pour certains commerçants.
[Éditeur: aucune pitié pour les locataires... typique de la classe patronale.]
Du côté de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), le budget présenté par la mairesse Plante et par Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif et responsable des finances par intérim, est accueilli avec réserve.
Dans un contexte économique difficile, écrit la CCMM, le budget de la Ville de Montréal déposé aujourd’hui est préoccupant, tant pour les particuliers que pour les entreprises. Les hausses de taxes foncières pèseront très lourdement dans les finances des Montréalais.
De l'avis de Michel Leblanc, PDG de la CCMM, le secteur non résidentiel au pays subit un fardeau fiscal parmi les plus lourds au Canada, ce qui nuit à la compétitivité des entreprises et de l'économie. M. Leblanc rappelle aussi les problèmes de mobilité à Montréal et déplore que la Ville n'élargisse pas l'accès à sa plateforme AGIR (Assistant à la gestion des interventions dans la rue).
La Chambre de commerce aurait par ailleurs souhaité plus d'investissement afin que soient accélérés les processus d'approbation menant au démarrage de projets d'habitation. Elle aurait aussi voulu que Montréal accélère la transition pour une métropole sobre en carbone.
En conférence de presse mercredi, le directeur général Serge Lamontagne a justement reconnu que l'administration municipale aurait voulu aller plus loin dans la décarbonation des immeubles, mais que les contraintes budgétaires avaient freiné son élan.
Source: MSN / Radio-Canada
-- -- --