Des boucheries sous le choc des manquements de leur abattoir

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cgelinas
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1er novembre 2023


Ébranlés par des révélations du Devoir quant aux manquements répétés aux règles de salubrité et de bien-être animal à l’abattoir Les viandes B & B, des boucheries et des éleveurs craignent maintenant pour leur réputation.

Le ministère de l’Agriculture aurait dû les informer des manquements ayant mené au dépôt de poursuites contre l’établissement, avancent-ils.

« Il n’y a pas de place pour les cabochons dans l’industrie », lance froidement Jean-Sébastien Gascon, directeur général de la Société des parcs d’engraissement du Québec (SPEQ). Celui qui pilote Partenaires Boeuf Québec — un programme de mise en marché du boeuf élevé au Québec — rappelle à quel point « on travaille fort dans l’industrie pour établir la confiance des consommateurs ».

M. Gascon réagit vivement aux informations que contiennent les centaines de rapports d’inspection du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) obtenus par Le Devoir. Ceux-ci détaillent des manquements répétés observés en 2022 et en 2023 à l’abattoir de Marieville. En moins de deux ans, vingt poursuites ont été déposées par le DPCP contre l’entreprise.

Jean-Sébastien Gascon craint maintenant les dommages que pourraient causer à la filière les manquements répétés d’un seul établissement. « Dans notre secteur, il faut être parfait 52 semaines par année. Prenez la viande hachée : tu ne peux pas te permettre une semaine approximative en matière de qualité », affirme-t-il. La qualité et le respect des animaux sont les piliers de la mise en marché de la viande, selon lui.

« Il faut absolument que les gens de l’industrie répondent aux normes en vigueur. S’ils n’y répondent pas ou qu’il n’y a pas un plan de match pour apporter rapidement les correctifs nécessaires, bien tu fermes la place. On n’a pas le luxe de l’erreur », estime-t-il.

« On a dû retourner beaucoup de produits »

Nombre de boucheries de proximité ont arrêté de s’approvisionner à l’abattoir de Marieville l’an dernier. C’est le cas de la boucherie Viandal de Verdun, insatisfaite de ce qui lui était livré. Idem pour Ghislain Lauzon, propriétaire de la Boucherie ô naturelle de Bécancour. Cet éleveur de boeufs et de moutons, ancien ami de M. Bouffard, se questionne sur l’inaction du MAPAQ dans le dossier.

« S’il y a quelque chose qui ne va pas avec la viande, on devrait le savoir », estime pour sa part Christos Christopoulos, p.-d.g. d’Aliments Arès. Ce grossiste montréalais — qui distribue viande et fruits de mer à des milliers de restaurants, de boucheries et d’épiceries à travers la province — fait affaire avec Les viandes B & B.

M. Christopoulos a tenu à rappeler que les produits que son entreprise livre sont d’excellente qualité. « Avec cette compagnie-là, il y a une couple de mois, on a eu des problèmes avec des produits. On a dû retourner beaucoup de produits parce que ce n’était pas à notre niveau. Ce n’étaient pas des produits qu’on pouvait vendre », confie-t-il.

Le récent départ de plusieurs boucheries de proximité a poussé Les viandes B & B à intensifier leurs démarches auprès des boucheries halal des environs de Montréal. « Pour nous, Les viandes B & B sont un très nouveau et très petit fournisseur », tient à rappeler Moudia Amine, de la chaîne de boucheries Al-Khair. « On a rarement commandé chez eux et, lorsqu’on l’a fait, c’étaient de très petites quantités. »

Mme Amine déplore de ne pas avoir été mise au courant par le MAPAQ. « Nous, si on a un avertissement du MAPAQ, inquiète-toi pas que ça va se savoir », dit-elle, rappelant que les inspections des commerces de détail sont répertoriées et rapidement accessibles au public. « Ça devrait être la même chose pour les plus grandes installations. »

Mis au courant des poursuites contre Les viandes B & B, la Porcherie Ardennes et Porcmeilleur — qui faisaient tous deux abattre leurs bêtes aux installations de Marieville — ont coupé les ponts avec l’abattoir. La réputation n’a pas de prix, même si faire abattre ses bêtes plus loin engendrera des coûts de transport supplémentaires, soutiennent-ils.

« Un restaurant a un manquement et ça devient public. Ça passe dans le journal. Pourquoi un abattoir, celui qui fournit [la viande] à plein de commerces, lui, on ne peut pas être au courant ? » demande Pascal Viens, copropriétaire de Porcmeilleur. Les clients de ces installations, qui n’ont pas accès à ce qui se déroule à l’intérieur d’un établissement, devraient pouvoir être mis au courant de manquements répétés observés, même si ceux-ci ne se traduisent pas nécessairement en amendes, estime-t-il.

Le MAPAQ a refusé d’accorder une entrevue au Devoir, indiquant ne pas commenter de dossiers précis. Par courriel, le ministère a par ailleurs voulu se faire rassurant en écrivant que « la majorité des établissements d’abattage ou de transformation se conforment au cadre réglementaire ».

Il n’a pas voulu dire si un plan de conformité a été exigé aux Viandes B & B dans les derniers mois. « Plusieurs mesures peuvent être mises en oeuvre afin d’améliorer la conformité d’un abattoir ou d’un atelier de transformation », a plutôt répondu un porte-parole du ministère, ajoutant que ce dernier « intervient auprès de l’exploitant » lorsque la santé et la sécurité des consommateurs sont à risque.

Et pourquoi le MAPAQ n’informe-t-il pas la clientèle des abattoirs qui ont plusieurs manquements ? « Dans ce genre de situation, qui implique parfois des procédures judiciaires, certains renseignements doivent être protégés pour assurer le bon déroulement de celles-ci », a répondu le ministère, précisant par ailleurs publier « de manière transparente et proactive les condamnations relatives à la salubrité des établissements alimentaires », lorsqu’elle sont rendues.



Source: MSN / Le Devoir



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Claude Gélinas, Éditeur
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