Pris au piège: des locataires torontois s’accrochent à leurs logements abordables

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cgelinas
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22 octobre 2023


Face à l’augmentation des loyers à Toronto, de nombreux locataires se sentent piégés dans des logements et craignent ne plus pouvoir en trouver d’autres à un prix raisonnable.

Le coût de la location est prohibitif. Nous ne trouverions pas d'appartement de cette taille si nous devions déménager à nouveau dans ce quartier, dit Dan Trivett, qui loue un appartement d'une chambre au centre-ville de Toronto avec son époux depuis 2021.

Les autres logements de cet immeuble coûtent environ 800 $ en plus de ce que nous dépensons actuellement. C’est ridicule, proteste-il.

Il craint de plus en plus de devoir déménager si son propriétaire décide de vendre l'appartement en raison de la hausse des taux d’intérêt.

Elle nous aime bien en tant que locataires. On prend bien soin de l'appartement. Mais il n’y a aucune garantie qu’elle ne vende pas sa propriété. Et si elle choisit de lq vendre, où allons-nous déménager? se questionne M. Trivett.

Non seulement croit-il ne plus pouvoir trouver un logement abordable dans son quartier, mais il craint aussi de ne pas pouvoir trouver un logement aussi spacieux.

Nous ne trouverons rien de cette taille. Il faudra être moins pointilleux, ajoute le locataire.

Encore faut-il payer le premier et dernier mois ainsi que les frais du déménagement, des dépenses que Dan Trivett ne se sent pas prêt à couvrir.

Ça peut coûter jusqu’à 9000 $. Qui a cette somme d’argent dans la banque ces jours-ci? Si nous avions à déménager, nous devrions déterminer comment et où trouver cette somme d’argent, explique-t-il.

Erin Mander est locataire à Toronto depuis 2018. Elle a dû quitter son dernier appartement, car son loyer allait augmenter de 300 $. Devoir trouver un nouvel appartement abordable lui a causé énormément de stress.

C'était comme un sentiment écrasant d'effroi et de chagrin, dit-elle.

Heureusement, elle a réussi à trouver un appartement pour 2100 dollars par mois. Mais l’idée de devoir un jour déménager malgré elle la tracasse encore.

Coincés dans des situations précaires

Dawn loge dans un studio de 17 mètres carrés au sous-sol avec son fils. Radio-Canada a accepté de ne pas diffuser son nom de famille, car elle craint des représailles de son propriétaire.

Elle aussi se sent piégée dans son appartement. Mais, à la différence de M. Trivett, elle aimerait pouvoir trouver un autre logement pour échapper à une situation qu’elle juge précaire.

L'appartement est petit et les plafonds sont si courts que la tête de mon fils touche littéralement le plafond lorsqu'il se promène, constate la locataire.

Dawn doit aussi gérer les inondations dans son appartement après chaque averse de pluie ou de neige.

Mes meubles ont été détruits. Il y a de la moisissure sur les murs de la salle de bains. Toutes les plinthes sont abîmées et déformées. Et chaque fois que je passe le balai, des morceaux d'armoires commencent à tomber tellement c'est pourri, illustre-t-elle.

De plus, malgré ses demandes répétées, son propriétaire refuse de remplacer les alarmes d'incendie depuis 2018.

Un des locataires du complexe lui a aussi donné plusieurs coups de poing au visage et a même fracturé sa pommette à la suite d’un désaccord entre elles.

Son loyer lui coûte 1100 dollars par mois.

Je ne peux pas manger et payer un loyer plus cher. Il n’y a pas de logements abordables. Je suis pris au piège en espérant que je sois choisie pour un logement à loyer indexé sur le revenu, affirme-t-elle.

Dawn est sur la liste d’attente pour les loyers indexés sur le revenu depuis plus de onze ans.

C’est décourageant. J’ai abandonné l’idée de trouver un logement abordable et je ne me plains même plus auprès de mon propriétaire, car j’ai peur qu’il m’oblige à me loger ailleurs, se désole-t-elle.

Connaître ses droits

Laurence Jollivet, courtière en immobilier à Toronto, comprend la situation des locataires qui se sentent bloqués dans leurs appartements.

On entend tous des cas de propriétaires qui abusent, qui mettent des clauses abusives dans leur contrat ou qui font pression vis-à-vis de leurs locataires pour les faire partir ou leur faire accepter des augmentations de loyer alors qu'elles ne sont pas légales, mentionne Mme Jollivet.

Pour se protéger, il faut rester informer et connaître ses droits en tant que locataire, dit-elle.

Par exemple, dans des situations semblables à celles de Dan Trivett, Mme Jollivet dit que les propriétaires ne peuvent pas forcer un locataire à déménager en mettant leur logement en vente.

C'est le futur acquéreur qui va invoquer le droit de dire aux locataires de partir, parce qu'il va invoquer la décision de vouloir habiter lui-même dans ce logement ou de loger un membre de sa famille, dit-elle.

Pourtant, les propriétaires ont le droit de récupérer le bien pour y habiter eux-mêmes, pour loger des membres de leur famille immédiate ou encore des personnes qui offrent des soins de santé à leur famille.

C'est une raison légale pour un propriétaire de réintégrer les lieux. Dans ces cas-là, le préavis standard, c'est deux mois. Il doit aussi l'indemniser d'un mois de loyer, précise-t-elle.

Par contre, pour des situations comme celles de Dawn, Mme Jollivet conseille de rester piégé plutôt que de chercher un autre logement.

Dans ces cas-là, il ne faut vraiment pas quitter les lieux. Il faut essayer via des groupes ou une assistance légale pour pouvoir effectivement faire entendre ses droits et obliger les propriétaires à entretenir le logement, dit-elle.

Je suis d'accord qu'à un moment donné, vous dites "j'en ai marre, je veux partir parce que la situation devient intenable et j'en ai assez de vivre dans un logement qui n'est pas entretenu." Mais d'un autre côté, vous allez vous exposer à des loyers qui ont doublé ou même triplé, dit-elle.

Des petits propriétaires pris en otage

Dans des situations où les locataires se sentent pris au piège, les petits propriétaires se sentent eux-mêmes pris en otage, selon Boubacar Bah, le cofondateur de Small Ownership Landlords Ontario (SOLO).

Lorsque le loyer d’un locataire qui habite dans un appartement n’augmente pas avec le prix moyen du marché, les petits propriétaires, qui ont des hypothèques, ne sont plus capables de couvrir leurs dépenses, dit-il.

Certains propriétaires veulent réaménager leurs appartements, mais doivent attendre des mois avant de passer par le tribunal de la Commission de la location immobilière ou bien payer les locataires l’équivalent d’un mois de loyer.

Mais M. Boubacar dit qu’il a déjà entendu parler de locataires qui exigent de leurs propriétaires des sommes de 20 000 à 50 000 dollars pour quitter l'appartement.

On appelle ça du chantage et les locataires peuvent se permettre de le faire parce que le système le leur permet, affirme M. Bah.

Pourtant, c’est aux trois paliers gouvernementaux de construire de nouveaux logements abordables pour éviter que les petits propriétaires soient mis dans ces situations.

C'est une simple question de l'offre et de la demande et les petits propriétaires, qui sont en train de donner le logement abordable, sont extrêmement pénalisés, ajoute-t-il.



Source: MSN / Radio-Canada



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Claude Gélinas, Éditeur
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