PL-15 de mars 2023: La réforme Dubé expliquée

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cgelinas
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20 août 2023


Création de Santé Québec, obligations pour les médecins spécialistes, fusion de l’ancienneté syndicale… La réforme du ministre de la Santé, Christian Dubé, ratisse large.

À la veille de la reprise de l’étude détaillée de l’imposant projet de loi, La Presse vous propose un résumé pour y voir plus clair.


Objectif: efficacité

Pièce maîtresse de son Plan santé, le projet de loi 15 déposé en mars par le ministre Dubé est costaud. C’est la plus importante réforme du deuxième mandat du gouvernement Legault. L’objectif est clair : revoir l’organisation du paquebot de la santé et des services sociaux pour le rendre plus efficace.


Christian Dubé a promis de « shaker » les colonnes du temple. Le texte législatif – qui revoit de fond en comble la Loi sur les services de santé et les services sociaux – modifie la gouvernance du réseau public. Le but est d’en faire un « employeur de choix » et d’améliorer l’accès aux soins.

Le projet de loi 15 en bref

  • 1180 articles
  • 305 pages
  • 35 lois modifiées
  • 114 mémoires déposés lors des consultations

Création de Santé Québec

L’élément central du projet de loi 15 est la création de Santé Québec, une toute nouvelle société d’État, qui coordonnera le volet opérationnel du Ministère qui, lui, se concentrera sur la définition des grandes orientations et stratégies. Il s’agit d’une recommandation du rapport Clair, qui remonte à plus de 20 ans et qu’aucun gouvernement n’a voulu mettre en place. Santé Québec aura son conseil d’administration, comme Hydro-Québec, et sera dirigé par un PDG qui relèvera du ministre. En séparant les opérations des orientations, Québec veut que le Ministère retrouve son rôle premier de planification pour mieux répondre aux besoins populationnels.

Un employeur unique

Santé Québec deviendra l’unique employeur du réseau pour « diminuer la bureaucratie », ce qui signifie que l’ancienneté syndicale par établissement sera fusionnée pour « offrir une plus grande flexibilité » au personnel. Un travailleur pourra donc changer de région sans perdre son ancienneté. C’est un bouleversement dans le monde syndical : la loi fera passer les 136 tables de négociation actuelles à 4 tables nationales (une par catégorie d’emploi). Les établissements continueront d’être dirigés par un PDG, qui relèvera de Santé Québec. Ce sera la fin des acronymes CISSS et CIUSSS – qu’on remplacera par « Santé Québec – Estrie », par exemple.

Retour des gestionnaires « de proximité »

La nouvelle loi permettra de réembaucher plusieurs centaines de gestionnaires « de proximité » afin que chaque installation – du CLSC à l’hôpital – ait un directeur qui devra rendre des comptes. L’ex-ministre libéral Gaétan Barrette a reconnu qu’il avait aboli trop de cadres intermédiaires dans sa réforme, forçant le départ de près de 1300 gestionnaires en 2015. Le gouvernement Legault a déjà ramené des gestionnaires dans les CHSLD pendant la pandémie. La commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, a recommandé au ministre Dubé d’établir la réelle marge de manœuvre de ces nouveaux gestionnaires s’il veut parler de décentralisation.

Obligations pour les médecins spécialistes

Dans sa réforme, Christian Dubé veut serrer la vis aux médecins spécialistes en liant leur permis de pratique à l’exécution « d’activités médicales particulières », comme pour les omnipraticiens. Ils seront soumis à des obligations de prise en charge et d’offrir une meilleure disponibilité, par exemple. La Fédération des médecins spécialistes du Québec ne s’y oppose pas sur le fond, mais réclame une entente négociée plutôt que cela soit inscrit dans la loi. Un bras de fer se profile, puisque de son côté, le ministre affirme que « la responsabilité populationnelle des médecins » est un « élément clé » du changement de culture qu’il veut opérer.

Les médecins écartés du pouvoir?

Christian Dubé a affronté le printemps dernier un tir groupé des médecins spécialistes, des omnipraticiens et de leur ordre professionnel. Selon eux, les changements apportés à la gouvernance viennent les « écarter » des lieux décisionnels. Au centre de leurs griefs : la diminution du poids des conseils des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) dans l’organisation des soins et la « disparition » de la cogestion médicale. Les deux fédérations et le Collège des médecins demandent au ministre de reculer et de conserver intactes les responsabilités des CMDP – qui ne disposeraient plus d’un accès direct au PDG après la réforme.

La fin des C.A.

Le projet de loi 15 vient sonner la fin des conseils d’administration des CISSS et des CIUSSS pour laisser la place à de nouveaux conseils d’établissement. Après avoir entendu les critiques de Michel Clair, ex-président de la commission d’enquête qui a passé le réseau de la santé au crible en 2000, Christian Dubé a proposé d’amender le texte législatif pour ajouter une plus forte représentation d’élus municipaux à la table. Le maximum sera fixé à quatre personnes « provenant du milieu municipal du territoire desservi », alors que la mouture initiale n’en prévoyait qu’une. Il ajoute aussi deux places pour le personnel.

Moins de comités d’usagers

Autre élément de la réforme : la création d’un comité national des usagers. Or, la proposition ne fait pas l’unanimité chez les groupes représentant des usagers du réseau. Il est prévu qu’un comité des usagers soit institué pour chaque établissement de santé, alors qu’actuellement, plusieurs hôpitaux et CLSC disposent de leur propre comité. Le Conseil pour la protection des malades craint que la réforme se traduise par l’abolition de plusieurs dizaines de comités, ce qui viendrait « diminuer la présence de citoyens et, donc, de la démocratie ». M. Dubé envisage d’apporter des ajustements à cet aspect de sa réforme.


Ce qu'en pensent les oppositions

Le ministre de la Santé nous propose un projet de loi qui passe complètement à côté de la priorité numéro un en santé: le personnel, qu’il ne fait absolument rien pour attirer, pour garder. Il nous propose une réforme de structure.

André Fortin, critique du Parti libéral du Québec en matière de santé
Agence Santé Québec pourra donner des contrats à qui ils veulent, privé, public, c’est la porte ouverte, c’est le fantasme des Jean Charest et des Gaétan Barrette qui se réalise sous un projet de loi qui prétend faire de l’efficacité en santé.

Vincent Marissal, critique de Québec solidaire en matière de santé
Il peut y avoir là une façon pour le ministre de se désengager en disant: ‟Ce n’est plus moi qui éteins les feux, c’est Santé Québec”. Il va falloir travailler au projet de loi pour s’assurer que le ministre demeure imputable.

Joël Arseneau, critique du Parti québécois en matière de santé


Source: La Presse / Relayé par Christian Dubé, lui-même


Note importante:

Ne pas confondre ce projet de loi 15 du 29 mars 2023 avec le précédent projet de loi 15 de 2022 qui a mis fin à la primauté parentale et qui a modifié la protection de la jeunesse, au Québec.


C'est à se demander si Christian Dubé n'a pas un peu fait exprès de lancer un tout nouveau projet de loi avec le même numéro que le précédent PL-15 qui a supprimé la primauté parentale et qui était (et est encore) immensément impopulaire, voire inadmissible.

Si c'était le cas, ce serait un coup de maître de la part de Christian Dubé et des CAQuistes qui vont pouvoir ainsi confondre les gens, dans leurs recherches, pour les prochaines décennies, tant les 2 projets de loi ont eu lieu de manière rapprochée.

Les 2 projets de loi sont différents, naturellement. Mais ils ont la même cible de la santé publique, ont le même parti politique comme auteur (Christian Dubé pour celui-ci et Lionel Carmant pour le précédent) et sont publiées, coup-sur-coup, à environ 1 ans d'intervalle.

À chacun d'y lire ce qu'il veut, comme toujours.



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Christian "aux ordres de l'OMS" Dubé a un "projet".

C'est le projet de loi 15.

Celui de mars 2023.

Quel est l'objectif d'ensemble de ce PL dont peu de Québécois discutent, en ce moment?

Et bien, il s'agirait de scinder le ministère de la Santé actuel pour en faire émerger une société d’État appelée "Santé Québec", semblable à HQ, la SAAQ ou la SAQ. Est-ce que ça vous tente?

Ce n'est pas anodin, loin de là.

Christian Dubé a promis de "shaker" les colonnes du temple avec son NOUVEAU PL-15... à ne pas confondre avec le précédent PL-15 où son collègue caquiste Lionel Carmant a fait supprimer la primauté parentale.

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Ça ressemble, en autant que je puisse le voir et le comprendre, à un gros alignement structurel vers beaucoup plus de privé, en santé, au Québec.

Il s'agirait de créer une toute nouvelle société d’État appelée "Santé Québec".

Concrètement, Santé Québec aura son conseil d’administration (CA), comme Hydro-Québec et sera dirigé par un PDG qui relèvera du ministre. Comme avec Michael Sabia à Hydro-Québec. Un roi-et-maître tout-puissant pour décider de tout ce qui a trait aux "opérations". Pratique pour le ministre, non? Il pourra se laver les mains des problématiques ayant trait aux "opérations", se concentrant exclusivement sur les "orientations".

En positionnant "Santé Québec" comme une société d'État, c'est comme trouver une poule aux oeufs d'or, pour la CAQ, parce que ça ouvre d'immenses possibilités pour rendre les services en santé facturables.

Un peu comme le modèle d'Hydro-Québec où les Québécois ont payé (et paient encore) pour les infrastructures tout en payant, quand même, leur électricité, mois après mois.

Christian Dubé ne le dit pas comme ça, évidemment mais selon ce que j'en comprends, "Santé Québec" n'empêcherait pas, non-plus, ce genre d'aménagement pro-facturation pour "certains services", en vue de "mieux répondre aux besoins populationnels".

Et avec un retour annoncé des gestionnaires "de proximité", ça tomberait pile-poil pour le plan des villes 15 minutes où des roitelets-locaux auraient des pouvoirs énormes, tout en demeurant obligatoirement soumis au pouvoir de leur propre hiérarchie (s'ils désirent conserver leur emploi et le pouvoir qui vient avec).

Il se peut que ça prenne de nombreuses années avant d'en arriver là. Évidemment. Et il est impossible de prédire l'avenir.

Donc, pour la bonne mesure, il importe de mentionner qu'il est possible de faire une lecture inverse de ce projet de loi 15, en assumant qu'il y ait moins de dédoublements, moins de paperasse et une séparation plus claire entre les opérations et les orientations.

En soi, avec une gouverne bienveillante, ça pourrait effectivement être intéressant. Mais est-ce que la CAQ nous a habitué à une telle gestion, surtout au cours des 3 dernières années, depuis le début de l'agenda covido-mondialiste?

Poser la question, c'est y répondre. Et c'est pourquoi j'ai des inquiétudes quant aux orientations législatives que tente d'amener Christian Dubé, de la CAQ.

D'ailleurs, nul besoin de rappeler que la CAQ est majoritaire à l'Assemblée nationale ce qui signifie que le PL-15 va être adopté et que l'opposition ne sert strictement à rien, à part donner une vague impression de pseudo-démocratie.

Aussi, avec le PL-15 dans sa forme actuelle, les médecins (et leurs CMDP, dans les hôpitaux) seront en quelque sorte écartés du pouvoir. Ça laissera bien plus de place à Tedros Adhanom Ghebreyesus de l'OMS qui pourra imposer ce qu'il veut aux Québécois, depuis la Suisse, avec la pleine complicité de la CAQ. La même complicité que pendant la crise-COVID, débuté officiellement (avec les décrets unilatéraux de la CAQ), en mars 2020.

Ça tombe bien, l'OMS tente une prise de contrôle mondial via l'angle sanitaire et plus particulièrement, les fenêtres d'opportunité potentiellement manufacturées des prétendues pandémies (réelles ou promues pour apparaître réelles).

Le projet de loi 15 étant toujours à l'étude, il va falloir rester attentifs aux modifications mais déjà, sur le fond, le fait de scinder les opérations actuelles du ministère de la Santé en deux grands groupes, soit les opérations et les orientations devrait engendrer des réflexions chez tous les Québécois.

Pourquoi?

Parce que les jeux de responsabilités pourraient être profondément modifiés et l'imputabilité d'un PDG d'Hydro-Québec qui n'est pas élu n'est absolument pas le même que celui d'un député-ministre.

Et juste ça, c'est énorme.



Source: Ma publication, dans Substack


Les photos proviennent de la séance du 8 juin 2023.


Extrait facile à partager, comme ici, dans VK, Twitter et Facebook...

Et si le ministère de la Santé du Québec était réorganisé pour que les "opérations" soient sous l'égide d'une nouvelle société d'État... un peu comme Hydro-Québec mais pour la santé?

https://open.substack.com/pub/claudegel ... e-profonde

Ça sent la montée du privé...


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Saisie d’écran prise lors de l’étude détaillée du projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, le 8 juin 2023.
Saisie d’écran prise lors de l’étude détaillée du projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, le 8 juin 2023.
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