Steven Guilbeault ne ferme pas la porte aux forages pétroliers dans les «refuges marins»

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15 mai 2023


Le ministre fédéral de l’Environnement Steven Guilbeault ne ferme pas la porte aux forages pétroliers dans les « refuges marins » créés pour protéger la biodiversité.

Le gouvernement Trudeau a d’ailleurs approuvé la mise aux enchères de 14 permis qui empiètent sur le plus important refuge de la côte est. Les groupes environnementaux dénoncent toutefois cette porte ouverte à l’industrie, alors qu’Ottawa débute l’élaboration de sa « stratégie 2030 » pour la biodiversité.

Au moment où le ministre Guilbeault annonçait lundi à Montréal le début des « consultations » en vue du plan canadien découlant des engagements pris lors de la récente conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15), la pétrolière BP a déjà entamé le premier forage exploratoire dans le plus important refuge marin établi au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador.


Faudrait-il fermer la porte à ce genre de projet dans le cadre de la future stratégie, qui doit permettre de protéger 30 % des écosystèmes marins d’ici la fin de la décennie ? « L’exploitation des ressources naturelles est de compétence provinciale », a d’abord répondu le ministre Steven Guilbeault. « Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas travailler avec les provinces pour établir des zones où il n’y aura pas d’activités industrielles », a-t-il ajouté, sans plus de détails.

Le forage de BP, qui avait fait l’objet d’une évaluation environnementale fédérale, a reçu l’autorisation finale le 5 mai dernier de la part de l’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers. Cet organisme, qui est administré par des représentants provinciaux et du gouvernement canadien, a aussi lancé récemment un appel d’offres pour de nouveaux permis d’exploration pétrolière. Pas moins de 14 de ces permis, totalisant 22 757 km2, empiètent en partie ou en totalité sur le refuge marin de 55 000 km2 où BP vient de lancer son forage.


Le ministre Guilbeault assure toutefois que le gouvernement fédéral se conforme aux règles internationales en matière de protection des milieux naturels et des espèces qui en dépendent. « En terme d’élaboration des aires protégées et de l’atteinte de nos objectifs, nous suivons les lignes directrices de l’Union internationale pour la conservation de la nature, qui prévoient différentes catégories de protection. C’est ce qui guide l’action de notre gouvernement », a-t-il fait valoir lundi, en réponse à une question du Devoir.

Les refuges marins sont considérés comme « autres mesures de conservation efficaces par zone » (AMCE), selon les règles de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Dans un rapport produit en 2019 par le « Groupe de travail » sur les AMCE de la Commission mondiale des aires protégées de l’UICN, on souligne que « les activités industrielles et le développement d’infrastructures portant préjudice à l’environnement ne devraient pas se produire dans les AMCE ».

Critiques

« L’exclusion d’activités industrielles dans les refuges marins est un strict minimum pour respecter les standards internationaux de l’UICN », estime d’ailleurs le directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Québec (SNAP), Alain Branchaud. « En étirant l’élastique du compromis, Ottawa mine sa crédibilité, entretient le cynisme ambiant et ne remplit pas sa mission de protection de la biodiversité », ajoute-t-il.

« Autoriser des forages pétroliers, de surcroît dans un refuge marin, est insensé et démontre que ce gouvernement favorise l’industrie pétrolière aux dépens de la lutte climatique et de la protection de la biodiversité », a ajouté le responsable de la campagne climat et énergie chez Greenpeace, Patrick Bonin.

Même son de cloche du côté d’Anne-Céline Guyon, chargée de projet et experte climat chez Nature Québec. « Je crois qu’il faut faire preuve de cohérence, et là, clairement, on manque de cohérence. On doit fermer la porte aux forages pétroliers. Nous sommes en crise climatique et en crise de la biodiversité. Il n’y a plus de place pour de nouvelles infrastructures et de nouveaux forages », a-t-elle fait valoir, en marge du point de presse du ministre Guilbeault sur les consultations en vue de l’élaboration du plan de protection de la biodiversité.

Dans la foulée des engagements pris lors de la COP15, le gouvernement Trudeau promet en effet de mettre en oeuvre une « stratégie nationale » qui a notamment pour objectif de protéger 30 % des milieux naturels terrestres et marins du Canada d’ici 2030. Les refuges marins, qui sont ouverts à la recherche d’énergies fossiles, font partie des mesures pour atteindre cet objectif.

« La nature ne peut plus attendre. C’est maintenant qu’il faut agir », a fait valoir Steven Guilbeault lors de son point de presse lundi matin, le 15 mai 2023. « Le gouvernement du Canada s’est engagé à tenir compte de la nature dans toutes les décisions que nous prenons chaque jour », a-t-il également souligné.



Source: MSN / Le Devoir



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Claude Gélinas, Éditeur
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