Ingérence: des militaires chinois dans nos laboratoires

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cgelinas
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11 mars 2023


L’empire du Milieu ne s’intéresse pas qu’à nos élections, il lorgne aussi nos innovations au profit de son armée


La Chine n’influence pas seulement notre système électoral. Elle place son armée au cœur de nos laboratoires de recherche, qui collaborent naïvement ou en toute ignorance avec elle. Notre partenariat avorté avec un fabricant chinois de vaccins en pleine pandémie en est un exemple patent.


« Nous devons nous assurer que nos innovations ne tombent pas entre les mains de l’armée chinoise. Ils ne sont pas nos amis et utiliseront nos innovations contre nous s’ils le jugent nécessaire », prévient Margaret McCuaig-Johnston, experte des relations sino-canadiennes à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa.

Le Canada en a déjà fait les frais. Au cœur de la pandémie quand des vies en dépendaient, la Chine a retenu des échantillons d’un candidat vaccin contre la COVID-19 qui devait être testé ici et produit à Montréal.

Le vaccin Ad5-nCoV avait été développé par la pharmaceutique chinoise CanSino grâce à une innovation canadienne.

Annoncé en grande pompe en mai 2020 par Justin Trudeau, l’accord est tombé à l’eau en quelques semaines sans tambour ni trompette.

La pharmaceutique n’a jamais rien livré en retour au Canada. Elle a plutôt testé et distribué son vaccin en priorité aux militaires chinois et aux alliés de la Chine, dont la Russie.

Technologie d’ici gratuite

Elle l’a fait grâce au Canada puisque la base du vaccin Ad5-nCoV est la lignée cellulaire HEK293SF-3F6, une innovation canadienne.

Le Centre national de recherche du Canada (CNRC), une agence fédérale, en a cédé une licence d’utilisation non exclusive à CanSino complètement gratuitement et sans aucune contrepartie en 2014.

Cette lignée cellulaire est aussitôt tombée entre les mains de l’armée chinoise. CanSino a travaillé avec la major générale Chen Wei, anciennement directrice du secteur biotechnologique à l’Académie militaire des sciences médicales de Chine, pour mettre au point un vaccin contre Ebola en 2017.

« Toute compagnie en Chine doit collaborer avec l’armée. C’est très dangereux. Ça veut dire que les chercheurs militaires peuvent rediriger toute innovation civile au profit de la défense », souligne Mme McCuaig-Johnston.

Fusion militaro-civile

C’est le résultat de la stratégie chinoise de fusion militaro-civile. Élaborée dans les années 90, puis accélérée à l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, elle a pour but de doper les capacités de l’armée chinoise.

Mais en 2014, quand le CNRC a cédé sa technologie à CanSino, « la plupart des agences canadiennes de recherche n’avaient pas les connaissances pour être en mesure de percevoir le risque de ce type de collaboration », indique Benjamin Fung, expert des relations scientifiques sino-canadiennes et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en exploration de données pour la cybersécurité, à l’Université McGill.

En 2020, par contre, le risque était difficile à ignorer, note M. Fung. D’autant plus qu’à ce moment Michael Kovrig et Michael Spavor étaient dans les geôles chinoises, pendant que la directrice financière de Huaweï Meng Wanzhou était détenue au Canada, ajoute Mme Cuaig-Johnston.

Pour elle, il n’y a pas de doute que la Chine a utilisé le développement des vaccins comme une arme pour se venger de la détention de Mme Wanzhou et faire pression sur Ottawa.

ENCORE DE L’ARGENT POUR CANSINO APRÈS LE FIASCO

Peu après l’échec du partenariat avec CanSino à l’été 2020, Ottawa a versé 18,2 millions $ à une compagnie de Vancouver pour qu’elle développe un autre vaccin avec la même compagnie chinoise.

L’annonce a été faite le 17 novembre 2020, moins de trois mois après que le premier ministre Trudeau se soit déclaré « déçu » que l’entente entre CanSino et le Centre national de recherche du Canada ait avorté.

La somme a été versée à Precision NanoSystems, une compagnie de Vancouver, qui s’est associée à CanSino en mai 2020, au moment même où la compagnie chinoise et le CNRC signaient un partenariat.

La somme provenant du Fonds stratégique pour l’innovation devait servir aux essais cliniques d’un autre vaccin contre la COVID-19, cette fois à ANRm.

Pour Benjamin Fung, de l’Université McGill, « ça n’a aucun sens » que le gouvernement ait soutenu ce projet après le fiasco de l’été précédent.

Precision NanoSystems, qui a depuis été rachetée en juin 2021 par la multinationale américaine Danaher Corporation, n’a pas répondu aux questions du Journal.

Pour M. Fung, cet investissement est un exemple que le nouveau règlement annoncé le mois dernier par le ministre de l’Innovation, François Philippe Champagne, sur le financement de la recherche est insuffisant.

[Éditeur: attention de ne pas se mettre à canaliser des fonds publics dans des projets qui pourraient ÉVENTUELLEMENT passer sous le contrôle étranger.]

Le ministre a annoncé que toute « demande de subvention de recherche dans un domaine sensible sera refusée si l’un des chercheurs travaillant sur le projet » est affilié à un « acteur étatique étranger qui représente un risque pour notre sécurité nationale ».

Pas les seuls

Mais les fonds de recherche fédéraux ne sont pas les seuls à financer les sciences au pays, souligne M. Fung, qui recommande des règles bien plus strictes.

Selon lui, le registre fédéral des agents étrangers qu’étudie présentement Ottawa devrait non seulement ceux qui font du lobbying politique, mais aussi les agents étrangers du secteur des sciences et des technologies, afin que le milieu de la recherche sache à quoi s’en tenir quand il envisage un partenariat avec des chercheurs étrangers.

INGÉRENCE ÉLECTORALE

Le gouvernement Trudeau est secoué par de graves allégations d’ingérence chinoise. Des politiciens libéraux pour la plupart, mais aussi conservateurs, auraient bénéficié sans le savoir du soutien d’agents chinois afin d’être élus, tandis que d’autres auraient perdu leur siège parce qu’ils étaient jugés hostiles à Pékin. Les partis d’opposition réclament tous une commission d’enquête publique.

2009

CanSino Biologics est fondé à Tianjin, en Chine, par des chercheurs sino-canadiens qui ont étudié et travaillé au Canada, Xuefeng Yu et Tao Zhu. Ils font partie du programme de recrutement « 1000 talents » qui cible des scientifiques et des entrepreneurs chinois à l’étranger pour les ramener en Chine afin qu’ils servent l’économie et l’armée du pays.

2014

Le CNRC cède une licence non exclusive d’utilisation de la lignée cellulaire HEK293SF-3F6 à CanSino. La même année, l’organisme est victime d’une cyberattaque chinoise. À ce jour, le CNRC refuse de fournir des détails sur cette cyberintrusion et la réponse du gouvernement, car il est question de « sécurité nationale », indique au Journal une porte-parole de l’organisme.

2017

CanSino développe un vaccin contre Ebola avec la lignée cellulaire HEK293SF-3F6. Parmi les chercheurs qui ont participé au développement : la major générale Chen Wei de l’armée chinoise.

Mai 2020

Justin Trudeau, le CNRC et CanSino annoncent qu’ils accéléreront la biotransformation et le développement clinique au Canada d’un candidat vaccin contre la COVID-19, Ad5-nCoV. Les semences vaccinales dédiées aux tests humains doivent être expédiées depuis la Chine le 27 mai. Le même jour, Meng Wanzhou, de Huawei, perd son appel en cour pour obtenir sa libération. Le colis de CanSino est bloqué à la douane chinoise.

Juin 2020

Le 19, Michael Kovrik et Michael Spavor en prison en Chine depuis plus de 500 jours sont accusés d’espionnage. Le 26, le CNRC est informé que le colis de CanSino est toujours bloqué.

Août 2020

Le CNRC annonce qu’il tire un trait sur son entente avec CanSino qui teste alors son vaccin en Russie et au Pakistan, notamment, plutôt qu’ici. Mais ni le CNRC ni le premier ministre ne fournissent d’explications. M. Trudeau se contente de se dire « déçu ».



Source: Journal de Montréal



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PHOTO D’ARCHIVES TIRÉE DE TWITTER CNRC / ADAM SCOTTI -- Le premier ministre Justin Trudeau était dans les installations du CNRC à Montréal en août 2020. C’est là qu’on prévoyait produire des doses de vaccins chinois.
PHOTO D’ARCHIVES TIRÉE DE TWITTER CNRC / ADAM SCOTTI -- Le premier ministre Justin Trudeau était dans les installations du CNRC à Montréal en août 2020. C’est là qu’on prévoyait produire des doses de vaccins chinois.
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Claude Gélinas, Éditeur
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