Québec veut couper 14% du salaire des infirmières au Centre antipoison

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cgelinas
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16 janvier 2023


La direction médicale du centre, qui couvre tout le Québec, craint un exode du personnel et une perte d'expertise pour répondre adéquatement à la population.


Les 25 infirmières du Centre antipoison du Québec pourraient perdre jusqu'à 14 % de leur salaire dès le 31 mars prochain. Le ministère de la Santé demande à leur employeur, le CIUSSS de la Capitale-Nationale, de cesser de leur verser une prime de soins critiques, jugée non conforme.

Selon le gouvernement, la prime contreviendrait aux règles encadrant les échelles salariales du personnel infirmier au Québec. Ces conditions doivent être respectées par principe d'équité envers les syndiqués, indique-t-on par courriel au ministère de la Santé et des Services sociaux.

La prime de soins de critiques n'est prévue aux conventions collectives que pour certains services bien précis tels que l'urgence, l'unité des grands brûlés ou l'unité des soins intensifs.

Mais ce n'est pas le cas du Centre antipoison du Québec. Malgré tout, le CIUSSS de la Capitale-Nationale continuait de verser cette bonification salariale, notamment pour s'assurer de maintenir le personnel en poste.

Expertise fragile

Selon la Dre Maude St-Onge, directrice médicale au Centre antipoison, cette prime est justifiée et continuera de l'être en raison, notamment, du statut hautement spécialisé des infirmières sous sa gouverne.

Une infirmière standard, si je peux dire, n'a pas de formation en toxicologie dans son cursus de formation. Ça prend vraiment une formation spécialisée en toxicologie quand l'infirmière entre en poste, explique-t-elle en entrevue à Radio-Canada.

Ces apprentissages se font directement en milieu de travail et peuvent s'étirer sur plusieurs mois, voire plus d'une année.

Les infirmières y reçoivent de précieuses informations sur divers médicaments, champignons, plantes et autres substances. C'est une formation de longue haleine, mais en plus l'expérience joue pour beaucoup. Dans ce contexte, la rétention de personnel est particulièrement critique pour le Centre antipoison, ajoute la Dre St-Onge.

La principale crainte de la médecin est d'ailleurs d'assister à un exode au sein de son équipe si le gouvernement ne fait pas marche arrière. On ne peut pas se permettre de perdre des infirmières facilement, souligne-t-elle. C'est le cas partout dans le système de santé, mais quand en plus ça demande une surspécialité, c'est certain que le mal est un peu plus profond.

« Depuis l'annonce de la perte de la prime, [...] on a déjà eu un départ, et il y a des menaces de départ. »

— Une citation de La Dre Maude St-Onge, directrice médicale, Centre antipoison du Québec

Des soins compromis

Non syndiquée, la Dre St-Onge dit défendre cette position pour assurer le bon fonctionnement du Centre antipoison du Québec, dont la mission est provinciale.

Ma responsabilité, c'est de m'assurer de la qualité des soins. Et la qualité des soins est reliée à la qualité du personnel [et de leur formation]. Si le roulement de personnel augmente ou si on perd nos infirmières qualifiées, ça va avoir un impact direct, prévient-elle.

Selon la Dre St-Onge elle-même, le CIUSSS et le Syndicat des professionnelles en soins de la Capitale-Nationale ont tous tenté, depuis la fin de l'été, de convaincre Québec de maintenir la prime, sans succès. Il y a eu plusieurs démarches pour essayer de renverser la vapeur et actuellement on n'a pas de réponse. Le 31 mars, ça arrive vite. Il est minuit moins une.

Statut national?

Selon la Dre Maude St-Onge, la prime devrait non seulement être maintenue, mais elle devrait aussi être accompagnée d'une reconnaissance officielle du gouvernement envers le Centre antipoison du Québec.

Bien qu'il soit sous l'égide du CIUSSS de la Capitale-Nationale, ses employés répondent aux appels pour l'ensemble de la province. Les infirmières reçoivent non seulement les demandes d'assistance du grand public, mais aussi celles des professionnels de la santé.

« Ultimement, ce qu'on aimerait, c'est que le statut du Centre antipoison soit reconnu comme particulier, unique et d'envergure provinciale. »

— Une citation de La Dre Maude St-Onge

En 2021, pas moins de 50 945 dossiers ont été traités par les infirmières ou l'équipe de médecins toxicologues du Centre antipoison, selon des données fournies par la direction. Du nombre, 13 999 étaient des cas d'assistance en milieu de soins.

Parmi les 36 218 cas du grand public, seuls 3960 ont été envoyés vers un centre hospitalier. L'objectif premier des centres antipoison c'est d'essayer d'offrir un support à la maison le plus possible. Un des plus beaux succès qu'on a, c'est ça, c'est de diminuer les consultations aux urgences, vante la Dre Ste-Onge.

Parmi ses critères de rendement, le Centre antipoison du Québec doit répondre à 80 % des appels en moins de 30 secondes.

Certaines interventions nécessitent en effet une intervention immédiate. Dans certains cas, poursuit la Dre St-Onge, des infirmières peuvent être appelées à assister le personnel hospitalier dans des situations de vie ou de mort lorsqu'une toxine est impliquée.

Le syndicat dénonce

Sans surprise, le Syndicat des professionnelles en soins de la Capitale-Nationale s'indigne de la décision du gouvernement. Les gens ont très mal réagi, affirme sa présidente, Caroline Gravel. C'est un manque de reconnaissance de l'expertise qu'ils ont bâtie à travers le temps.

Selon Mme Gravel, les primes versées aux infirmières représentent environ 230 000 $ annuellement pour l'ensemble du personnel touché. Elle y voit une économie de bouts de chandelle pour le gouvernement du Québec.

Selon le syndicat, 32 000 visites dans les urgences sont évitées annuellement par le Centre antipoison, ce qu'il évalue à 10 millions de dollars.

« Le ministre [Christian] Dubé répète qu'il veut que le réseau de la santé devienne un employeur de choix. Couper le salaire de ses employés de 14 %, ce n'est certainement pas être un employeur de choix. »

— Une citation de Caroline Gravel, présidente, Syndicat des professionnelles en soins de la Capitale-Nationale

Tout comme la Dre Maude St-Onge, Caroline Gravel souligne la bonne foi du CIUSSS de la Capitale-Nationale dans ce dossier précis. Le CIUSSS reconnaît l'expertise de ces infirmières et infirmiers là.

Elle exige maintenant un retour en arrière du ministère. C'est vraiment une technicalité administrative. On se bute vraiment à une fermeture. [...] Je pense qu'ils ne pèsent pas bien le poids que ça aurait, s'il y a un exode, sur les urgences du Québec.



Source: Radio-Canada



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Le Centre antipoison du Québec repose en grande partie sur le travail de 25 infirmières ayant reçu une formation spécialisée à l'embauche. -- PHOTO: RADIO-CANADA / HANS DAVID CAMPBELL
Le Centre antipoison du Québec repose en grande partie sur le travail de 25 infirmières ayant reçu une formation spécialisée à l'embauche. -- PHOTO: RADIO-CANADA / HANS DAVID CAMPBELL
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La Dre Maude St-Onge craint une perte d'expertise si des infirmières abandonnent leurs postes pour éviter une baisse salariale. -- PHOTO: RADIO-CANADA
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Des erreurs de posologie, par exemple, ou l'ingestion par erreur de médicaments font partie des appels courants au Centre antipoison du Québec. -- PHOTO: CBC
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Claude Gélinas, Éditeur
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