Robots tueurs: à San Francisco, la police peut désormais tuer par robots télécommandés

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cgelinas
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Non, les robots tueurs ne sont pas approuvés!

Ce qui suit est pour fins de référence historique du premier moment où avait été accepté mais ça a été renversé.


Repris le 9.janvier.2023 -- histoire relayée depuis l'original daté du 6 décembre 2022


San Francisco vient d’approuver une technologie qui permettrait aux policiers d’utiliser la force létale par télécommande. Cela vous semble familier?


La police de San Francisco peut désormais utiliser des robots pour tuer des gens.

Par un vote à 8 contre 3 du Conseil des superviseurs de la ville, la nouvelle politique accorde au SFPD [San Francisco Police Department, NdT] le pouvoir d’utiliser la force létale via des robots télécommandés. Selon le département de la police, il serait désormais en mesure de déployer des robots équipés de charges explosives « pour entrer en contact, neutraliser ou désorienter un suspect violent, armé ou dangereux » lorsque des vies sont en jeu, a déclaré Allison Maxie, porte-parole du SFPD, dans un communiqué.

Ces nouveaux pouvoirs sont censés être limités aux situations d’urgence, « lorsque le risque de perte de vie pour les membres du public ou les agents est imminent et l’emporte sur toute autre option de force à la disposition du SFPD. »

N’y comptez pas.

Il y a de réelles raisons de croire que l’utilisation de ces « robots tueurs » va s’étendre. Pourquoi ? La réponse réside dans de simples considérations économiques et dans la militarisation croissante de nos forces de l’ordre nationales.

Premièrement, considérez les contraintes supposées auxquelles est confronté le SFPD. Alors que la déclaration ci-dessus suggère un ensemble très étroit de circonstances dans lesquelles la technologie peut être utilisée, elle est en fait remarquablement large. Considérez le langage utilisé juste avant la phrase ci-dessus, « [les robots] ne seront pas utilisés en dehors de la formation et des simulations, des appréhensions criminelles, des incidents critiques, des circonstances d’urgence, de l’exécution d’un mandat ou pendant les évaluations de dispositifs suspects. »

Au lieu de limiter le nombre de scénarios dans lesquels ces technologies peuvent être déployées, ces vastes catégories – « appréhensions criminelles », « exécution d’un mandat », etc. – signifient que la technologie robotique peut être utilisée dans une myriade de cas, et non dans quelques cas seulement. Comme l’a fait remarquer Matthew Guariglia, de l’Electronic Frontier Foundation, cette formulation donne à la police la possibilité d’utiliser des robots lors de toutes les arrestations et lors de rassemblements publics tels que des manifestations. Ce risque était évident lors des manifestations de George Floyd, où la police a utilisé des drones pour surveiller les protestations, des armes soniques pour contrôler les manifestants et des démonstrations de force pour intimider les manifestants.

Outre ces contraintes peu contraignantes, la politique actuelle ne fournit aucun détail sur la manière dont les décisions seront effectivement prises quant au déploiement de la technologie robotique ou à l’utilisation de la force létale, si ce n’est que le chef de la police doit donner l’ordre et doit d’abord envisager des alternatives. Il n’y a aucun détail sur les freins et contremesures qui seront mis en place pour garantir la responsabilité.

Certains de ces problèmes potentiels liés aux robots tueurs sont apparus clairement au cours du débat qui a précédé le vote sur la décision.

Les partisans de cette décision insistent sur le fait qu’elle peut contribuer à sauver des vies. Lors du débat précédant son adoption, le chef de police adjoint a suggéré que les robots tueurs auraient été utiles pour aider la police lors de la fusillade au Nevada à Mandalay Bay en 2017. Mais là encore, nous constatons un manque total de planification ou de règles de planification. Comment ces robots seraient-ils déployés dans un tel scénario ? Comment la police éviterait-elle de blesser des passants innocents dans une situation où il y a de la foule, des otages, etc. Contrairement à une ligne directrice claire pour l’utilisation, déclarer que la technologie ne peut être utilisée que dans le cas de « menaces imminentes » est extrêmement difficile à discuter dans l’abstrait, et encore moins pendant une situation policière réelle.

Certains diront que les inquiétudes concernant la sur-utilisation ou l’utilisation inappropriée sont exagérées. Mais c’est méconnaître l’histoire de l’utilisation de la technologie par la police.

Prenons, par exemple, l’évolution et l’utilisation des équipes SWAT [Special Weapons And Tactics, Tactiques et armes spéciales, NdT]. Ces unités de police, qui font appel à une formation et à des outils militaires spécialisés, ont été créées en promettant qu’elles ne seraient utilisées que dans des situations très rares – lorsque des menaces et des urgences extrêmes ne pouvaient être gérées par la police traditionnelle.

Dans la pratique, l’utilisation d’une unité SWAT s’est massivement étendue au fil du temps. De nombreux éléments indiquent que les unités SWAT sont fréquemment déployées dans des cas où il n’y a pas de situation d’urgence avec une menace imminente pour la vie. Aujourd’hui, les équipes SWAT sont déployées pour un large éventail d’activités, y compris l’exécution de mandats d’arrêt pour drogue et la réponse à des menaces de suicide. Au lieu de désamorcer la situation, elles laissent souvent derrière elles une traînée de sang et de biens détruits.

La réalité est que les services de police se comportent comme n’importe quelle autre unité gouvernementale. Ils sont incités à accroître la portée de leurs activités en augmentant leurs budgets et en développant leurs forces. Comme le montre clairement le cas des SWAT, cette même logique s’applique à la militarisation de la police – y compris la militarisation impliquant l’intégration de technologies d’armes de pointe. En raison de l’absence de responsabilité directe, il y a une incitation à agir d’abord et à poser des questions ensuite.

En outre, le débat sur l’utilisation de robots tueurs est la dernière manifestation en date de préoccupations plus larges concernant la militarisation des services de police nationaux. Il est peu probable que ce débat prenne fin de sitôt. Comme nous l’avons fait valoir ailleurs, les activités militaires à l’étranger reviennent souvent au pays et finissent dans les mains des services de police nationaux pour être utilisées contre la population. Compte tenu des tendances en matière de guerre robotique, il y a lieu de croire que nous verrons de plus en plus de cas d’utilisation de ces technologies au niveau national.

Si San Francisco a choisi d’utiliser ces armes, leur expansion n’est pas inévitable. En octobre 2002, la police d’Oakland, en Californie, a demandé l’autorisation d’utiliser un robot capable de tirer des munitions de fusil de chasse, mais le service a fait marche arrière après que le public se soit opposé à ce projet. La pression du public, comme nous l’avons vu ces deux dernières années, est un frein essentiel à l’expansion de la portée des activités de la police. Si la police peut utiliser la technologie pour protéger la personne et les biens des citoyens, elle peut également utiliser ces mêmes technologies pour porter atteinte aux libertés protégées par la Constitution. Cela suggère que la barre pour l’adoption de ces nouvelles méthodes devrait être extrêmement haute, la charge incombant aux partisans de ces politiques.



Source: Les Crises / Responsible Statecraft, Christopher J. Coyne, Abigail R. Hall, le 6 décembre 2022



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