« Génocide » dans les pensionnats: le Vatican devait savoir, croit un expert

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cgelinas
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30 juillet 2022


Les plus hautes autorités de l'Église catholique devaient savoir que la mission des pensionnats pour Autochtones au Canada s'apparentait à un génocide.

[Éditeur: oui, en effet et il faut se demander si les réserves autochtones d'aujourd'hui ne visent pas un peu le même objectif, d'une certaine manière.]

C'est du moins ce qu'estime Jean-François Roussel, professeur à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal, qui soutient que le pape est informé des œuvres missionnaires».

C’est coordonné à partir de la maison mère à Rome», explique-t-il. Selon M. Roussel, les papes qui se sont succédé devaient être informés» de ce qui se passait dans ces établissements.

Lors d’un point de presse à bord de l’avion qui le ramenait au Vatican, le pape François a admis que les peuples autochtones ont subi un « génocide » dans les pensionnats. C'était la première fois que le souverain pontife utilisait ce mot pour décrire les actions des membres de l’Église catholique dans les pensionnats pour Autochtones.

Des journalistes lui ont demandé pourquoi il n’avait pas mentionné le mot génocide» alors qu’il était en sol canadien. Je n’ai pas prononcé le mot parce que cela ne m’est pas venu à l’esprit, mais j’ai décrit un génocide», a-t-il répondu.

Il a ajouté qu’il a présenté des excuses, demandé pardon pour ce processus qui est un génocide. Je l’ai condamné».

[Éditeur: c'est timide vu l'ampleur de l'imposture, contre les autochtones de l'époque qui ont souffert d'être arrachés à leur famille et ensuite, dans certains cas, victimisés dans un contexte insidieux et pervers.]

Un pas de plus

Le pape François a déjà abordé les abus sexuels commis par les membres de l’Église contre les Autochtones, mais sa déclaration sur le génocide est un pas de plus, croit l'analyste Alain Crevier. Il est rare qu’un chef d’État débarque dans un pays et dise: "Chez vous, il y a eu un génocide"», a-t-il souligné.

Le rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada avait déjà souligné que ce que les Autochtones ont subi dans les pensionnats constituait un génocide culturel.

C’est important non seulement sur le plan de la guérison mais aussi sur le plan juridique», lance la sénatrice Michelle Audette.

Quand on enlève des enfants, quand on change leur culture ou leur état d’esprit, leurs traditions, changer une culture entière, c’est un génocide, et c’est ça qui est arrivé à notre peuple», rappelle le chef de la communauté innue d’Ekuanitshit, Jean-Charles Piétacho.

Il ajoute qu’il reçoit les excuses» du pape et qu'il le remercie pour son courage et sa persévérance [...] d’avoir rempli une promesse qu’il nous avait faite».

On s’est réveillés ce matin en entendant des propos que tout le monde attendait, que le pape déclare que ce qui s’est passé, c’est un génocide», tranche pour sa part l’ancien chef de la nation huronne-wendate, Konrad Sioui.

Quand je regarde ce que "génocide" veut dire, arracher des enfants des pères, des mères, de leur milieu [...], ne pas parler leur langue [...], c’est tenter de détruire une race, et le génocide et bel et bien là», commente M. Sioui.

[Éditeur: quand on y pense, la DPJ d'aujourd'hui pourrait probablement se qualifier comme auteur d'un génocide moderne, avec sa doctrine de destruction des familles du Québec.]

Il croit que le pape devait le dire. Et il estime qu’il l’a dit devant le monde entier. On ne peut pas trouver de mot meilleur que ça», pense M. Sioui.

« Ça nous prend des terres »

Certaines voix dénoncent cependant le fait que, durant son séjour, le pape François ne s’est pas excusé au nom de l’Église en tant qu’institution. C'est le cas du chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, qui estime que ce sera aux Autochtones eux-mêmes de déterminer ce que valent les excuses papales.

L’Église a utilisé l’éducation pour détruire», tranche de son côté l’ancien député fédéral Robert Falcon-Ouellette. Il pense qu’elle doit maintenant créer des ressources éducatives pour permettre aux Autochtones de bâtir leur avenir».

Pour la militante autochtone Krysta Alexson, la mention du terme génocide» par le pape est un bon début», mais il faut aller encore plus loin. Ça nous prend des terres», insiste-t-elle, de même que des compensations financières. Le pape François a déjà dit qu’il a donné l’accès aux documents [des archives]» sur les pensionnats pour Autochtones en possession de l’Église. Maintenant, il faut des terres et un chèque», pense-t-elle.

Appel à la fin de la doctrine de la découverte»

Plusieurs voix demandent aussi au souverain pontife de réfuter la « doctrine de la découverte » et de renoncer aux bulles papales». Il y a 500 ans, le pape Alexandre XI avait édicté quatre bulles qui confirmaient la mainmise espagnole sur les Amériques en échange de la christianisation des Autochtones.

Ces ordonnances contribuent à façonner les arguments politiques et juridiques qui formeront ce que l'on appelle la "doctrine de la découverte", qui sert à justifier la colonisation des Amériques au XVIe siècle», est-il écrit dans le rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

Dans son rapport, la Commission explique comment cette doctrine a amené à penser que les territoires colonisés étaient déserts, malgré la présence des peuples autochtones.

Les impérialistes peuvent soutenir que la présence de peuples autochtones n'a aucun effet sur l'argument de la terra nullius puisque les Autochtones occupent simplement le territoire sans le posséder», ont indiqué les commissaires dans leur rapport.

En réaction aux critiques des dirigeants autochtones envers cette doctrine, les organisateurs de la visite du pape au Canada ont noté que cette doctrine n’avait aucune autorité morale et légale» dans l’Église. Selon eux, le pape François a aussi condamné les idées qui peuvent être associées à cette doctrine, notamment l’assimilation.

Pour la cheffe de l’Assemblée des Premières Nations, RoseAnne Archibald, cette condamnation n'est pas une récusation formelle. Elle exige donc que le pape s’engage dans cette voie.

J'ai toujours défendu le besoin d'une nouvelle bulle papale qui parlerait des mérites des peuples autochtones et de leurs cultures. Des choses doivent être corrigées dans cette société, qui tire ses racines de la doctrine de la découverte», affirme Mme Archibald.



Source: MSN / Radio-Canada



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Claude Gélinas, Éditeur
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