Fonderie Horne: «Le maintien des émissions d’arsenic n’est pas acceptable», juge le Dr Boileau

Répondre
Avatar du membre
cgelinas
Administrateur
Messages : 7780
Enregistré le : 25 mai 2010, 22:07
Localisation : Lévis, QC
Contact :

6 juillet 2022


Le niveau d’émissions de polluants à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue, où la Fonderie Horne est pointée du doigt, n’est pas acceptable pour la santé de la population, estime le directeur national de santé publique, Luc Boileau. Les habitants de la ville auraient davantage de risque d’y développer un cancer du poumon.

• À lire aussi: Arsenic à Rouyn-Noranda: le premier ministre n’exclut plus l’option de la fermeture

• À lire aussi: Alors, on la ferme ou on la ferme pas la Fonderie Horne?

«Pour moi, le maintien des émissions d’arsenic au niveau actuel, ce n’est pas tolérable considérant les impacts sur la santé qui sont connus. Ces émissions doivent être réduites pour atteindre des niveaux acceptables», a-t-il soutenu, de passage à Rouyn-Noranda, au cours d’un point de presse.

En juin dernier, Radio-Canada avait révélé que le Dr Horacio Arruda, alors directeur national de santé publique, avait empêché en 2019 la diffusion de données sur le cancer du poumon à Rouyn-Noranda, qui est plus élevé dans la région. Le Dr Arruda aurait alors expliqué agir à titre de «sous-ministre».



La Fonderie Horne pourrait être responsable de cette situation, selon de nombreux professionnels de la santé. Ses émissions d’arsenic dans l’air sont actuellement plafonnées, par un droit acquis, à un niveau de 100 nanogrammes par mètre cube, alors que la norme fixée par le ministère de l’Environnement est plutôt de trois nanogrammes par mètre cube.

«Je pense qu’il y a une différence entre le niveau acceptable et le trois nanogrammes. Le trois nanogrammes, c’est une norme établie par le ministère, à laquelle se greffe un certain risque», a pondéré le Dr Boileau, qui estime que des discussions devront avoir lieu quant au risque jugé acceptable.

Davantage de cancers

Mercredi matin, l’Institut national de la santé publique a finalement publié son rapport sur la situation à Rouyn-Noranda. Si le statu quo persiste, il pourrait y avoir de 13 à 554 cas supplémentaires de cancer du poumon par million d’habitants. Des chiffres qui baisseraient à 6,7 et 288 cas supplémentaires si les émissions dans la ville étaient baissées aux normes québécoises.

Le calcul de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) repose sur un scénario d’exposition 24 heures par jour, sept jours semaines, pendant 70 ans.

«On dépasse largement les risques normalement acceptables et qu’on souhaite éviter quand on est exposé à de tels contaminants. Ce n’est pas parce que ces chiffres représentent des risques plus petits en termes de nombre qu’il faut esquiver l’enjeu que ça représente», a expliqué le Dr Boileau.

La Santé publique effectuera néanmoins davantage d’études au cours des prochaines semaines afin de comprendre «le plus rapidement possible» les causes de la situation actuelle, et si d’autres facteurs peuvent contribuer à ce plus grand risque de souffrir d’un cancer du poumon.

«Au cours des prochaines semaines, et des prochains mois, on va avancer dans ce dossier avec transparence, rigueur et célérité. On ne veut pas allonger le plaisir des études pendant des années pour confirmer des choses», a soutenu le Dr Boileau.

Fermeture possible

Mardi, en mêlée de presse, le premier ministre du Québec, François Legault, a soutenu qu’il n’hésiterait pas à fermer la Fonderie Horne si elle ne pouvait réduire ses émissions à un niveau jugé sécuritaire, ajoutant que des discussions étaient en cours avec l’entreprise.

«Ou ils réduisent les émissions à un niveau qui respecte la santé des citoyens, ou, malheureusement, on devra fermer l’entreprise. Ça sera un des deux. Il n’y aura pas de compromis pour la santé des citoyens», a-t-il martelé.

Le premier ministre avait également indiqué que le gouvernement pourrait octroyer une aide financière pour que l’usine puisse se mettre aux normes, mais que celle-ci devra également «investir des montants importants».

Des pressions

Depuis que la situation à Rouyn-Noranda est devenue publique, plusieurs professionnels de la santé pressent le gouvernement d’agir.

Dimanche passé, une cinquantaine de médecins avaient signé une lettre ouverte réclamant une action gouvernementale. Le Collège des médecins et l’Association québécoise des médecins pour l’environnement y ont par la suite tous deux donné leur appui.

Mardi, c’était au tour de l’Ordre des chimistes du Québec d’intervenir dans le débat, estimant que le gouvernement et Glencore avaient «des comptes à rendre» aux résidents de Rouyn-Noranda.

LA FONDERIE HORNE DIT VOULOIR S’AMÉLIORER

Par communiqué, la Fonderie Horne, qui appartient à Glencore, s’est engagée à réduire «davantage» ses émissions atmosphériques.

L’entreprise a fait valoir sa position mercredi après-midi, après le point de presse de la Santé publique.

«Nous ne l’avons pas suffisamment communiqué jusqu’ici, mais sachez-le : nous avons un plan concret pour réduire davantage nos émissions et sommes déterminés à améliorer la situation», a déclaré Claude Bélanger, chef des opérations de cuivre en Amérique du nord de Glencore.

Quatre actions concrètes sont en cours, selon ses dires. L’entreprise aménagerait notamment une «zone de transition» entre la Fonderie et le quartier Notre-Dame pour réduire l’exposition des citoyens, ferait l’amélioration et l’ajout de dépoussiéreurs, déploierait des projets qui permettront la «capture optimale» des gaz et poussières, et travaillerait à la captation des émissions provenant de certains évents de toit du réacteur.



Source: Journal de Québec



-- -- --
Fichiers joints
PHOTO OLIVIER BOURQUE
PHOTO OLIVIER BOURQUE
fonderie-horn.jpg (127.69 Kio) Vu 1651 fois
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

Blogues: Montréal | Québec | Lévis | Emploi | Éducation | Placements | Transports
Dons: PayPal | DonorBox Web: Achetez vos noms de domaines au plus bas prix...
Avatar du membre
cgelinas
Administrateur
Messages : 7780
Enregistré le : 25 mai 2010, 22:07
Localisation : Lévis, QC
Contact :

6 juillet 2022


Le ministre Benoit Charette a reconnu mercredi matin que les émissions actuelles d’arsenic en provenance de la fonderie Horne sont inacceptables.

Il soutient néanmoins que ce n’est pas la faute du gouvernement Legault, mais plutôt du gouvernement précédent.

«Les émissions actuelles, elles sont inacceptables et elles doivent être baissées», a lancé le ministre de l’Environnement, sans toutefois préciser ce que serait une norme acceptable dans les circonstances.

S’il estime qu’il faudra éventuellement que les émissions «se rapprochent» de la norme provinciale de trois nanogrammes par mètre cube, il n’exclut pas que la norme demeure plus souple à Rouyn-Noranda.

«On a évoqué la possibilité de 30 nanogrammes, mais c’est la Santé publique qui va aider le MELCCQ à établir quelle sera la norme qui va atténuer les risques sur la santé», a-t-il dit.

Actuellement, les émissions de la fonderie Horne sont plafonnées, par droit acquis, à un niveau de 100 nanogrammes par mètre cube.

M. Charette a également rappelé que le gouvernement évalue toutes les possibilités, dont celle de fermer l’usine, mais il a souligné qu’une fermeture immédiatement représenterait un risque pour la santé publique.

«Ce sont des centaines de familles, voire des milliers de personnes qui, directement ou indirectement, vivent de cette entreprise-là, a-t-il expliqué. La fermer du jour au lendemain, du point de vue de la santé publique, il y a un impact important, et c’est aussi considéré.»

Attestation

Alors que les partis d'opposition accusent le gouvernement de n’avoir rien fait dans les dernières années pour améliorer la qualité de l’air à Rouyn-Noranda, le ministre de l’Environnement estime au contraire que le gouvernement Legault est le premier à «accorder l’importance qu’elle requiert» à cette situation, évoquant entre autres «la mise en place d’un comité interministériel qui permet de faire des suivis».

Comme le contrat entre le gouvernement et Glencore – l’entreprise qui possède la fonderie Horne – arrive à échéance dans les prochains mois, Benoit Charette juge en outre que «le timing est excellent».

«Ce sera l’occasion pour nous d’arriver avec une attestation beaucoup plus sévère, beaucoup plus ambitieuse», a-t-il fait valoir.

Si le gouvernement Legault n’en a pas fait plus dans les dernières années pour améliorer la situation, c’est parce qu’il avait les mains liées par le gouvernement précédent, a prétendu le ministre.

«Les gouvernements précédents n’avaient pas pris la question suffisamment au sérieux. Les exigences n’étaient pas assez élevées, ce qui va changer avec la prochaine période d’attestation.»

Sur la question de savoir si le gouvernement aurait pu adopter certaines mesures malgré le contrat qui avait été signé, le ministre a été intraitable.

«C’est dans la loi, c’est une révision aux cinq ans. C’est le gouvernement précédent qui a établi les normes entre 2017 et 2022», a-t-il soufflé.

Annexe

Lorsqu’on lui a demandé s’il avait pris connaissance de l’annexe contenant des données préliminaires indiquant un taux de cancer anormalement élevé, qui avait été retirée d’un rapport à la demande de l’ex-directeur national de santé publique Horacio Arruda, Benoit Charette n’a pas été en mesure de donner de réponse précise.

«Honnêtement, pour ce qui est de cette annexe-là [...] il faut voir avec la Santé publique. Moi je n’ai pas eu écho de cette demande de retrait ou de ce retrait», a-t-il dit.

Il a ensuite assuré que ces données ne lui ont pas été cachées, avant d’admettre quelques secondes plus tard qu’il n’avait «pas vu» l’annexe. «L’annexe en question, pour ma part, je ne l’avais pas vue. Je devine que la Santé publique préférait avoir l’ensemble des éléments de réponse avant de faire circuler ce document.»

Davantage de cas de cancer

Mercredi matin, l’Institut national de santé publique (INSPQ) a finalement publié son rapport sur la situation à Rouyn-Noranda. Si le statu quo persiste, il pourrait y avoir 13 à 554 cas supplémentaires de cancer du poumon par million d’habitants.

Cette proportion se situerait entre 6,7 et 288 cas supplémentaires si les émissions d’arsenic dans la ville étaient rabaissées au niveau de la norme québécoise, qui est de trois nanogrammes par mètre cube.

Le calcul de l’INSPQ repose sur un scénario d’exposition 24 heures par jour, sept jours par semaine, pendant 70 ans.

«On dépasse largement les risques normalement acceptables et qu’on souhaite éviter quand on est exposé à de tels contaminants. Ce n’est pas parce que ces chiffres représentent des risques plus petits en termes de nombre qu’il faut esquiver l’enjeu que ça représente», a expliqué le Dr Boileau.

La Santé publique effectuera néanmoins davantage d’études au cours des prochaines semaines afin de comprendre «le plus rapidement possible» les causes de la situation actuelle, et si d’autres facteurs peuvent contribuer à ce plus grand risque de souffrir d’un cancer du poumon.

Les explications du Dr Boileau n’ont pas satisfait la députée solidaire de Rouyn-Noranda, Émilise Lessard-Therrien, qui a qualifié la conférence de presse «d’exercice de santé publique».

«Aucun plan d’action concret n’a été présenté pour réduire rapidement les émissions d’arsenic dans l’air de Rouyn-Noranda. Pire, le Dr Boileau a refusé de prendre position clairement pour que la Fonderie soit soumise à la norme de trois nanogrammes appliquée partout ailleurs au Québec, alors que c’est précisément son mandat de faire des recommandations pour protéger la santé des gens», a-t-elle déploré dans un communiqué de presse.



Source: Journal de Québec



-- -- --
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

Blogues: Montréal | Québec | Lévis | Emploi | Éducation | Placements | Transports
Dons: PayPal | DonorBox Web: Achetez vos noms de domaines au plus bas prix...
Répondre