La Caisse de dépôt au casino de la crypto

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cgelinas
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26 mai 2022


Le « bas de laine des Québécois » a misé gros sur Celsius, son partenaire controversé qui se retrouve aujourd’hui en eaux troubles.


La tension était palpable. Des clients de Celsius attendaient avec impatience l’arrivée d’Alex Mashinsky, le PDG de l’entreprise, dans une séance de questions-réponses qui avait lieu sur Twitter au soir du 17 mai. Entre-temps, le ton montait entre les participants. Les modérateurs essayaient tant bien que mal de les rappeler à l’ordre.

Le marché de la crypto avait piqué du nez la semaine d’avant et quelque 200 milliards de dollars s’étaient évaporés de l’écosystème en 72 heures.

Comme d’autres investisseurs en crypto, des utilisateurs de Celsius avaient été durement touchés. Certains se plaignaient d’avoir perdu toutes leurs économies après avoir obtenu des prêts sur la plateforme, qui agit en quelque sorte comme une banque en cryptomonnaie.

En moins de deux semaines, selon le site de l’entreprise, les fonds gérés par Celsius pour le compte de ses clients avaient fondu de 6 milliards de dollars, passant de 18 G$ à 12 G$. En octobre 2021, ce montant avait atteint un sommet de 27 G$.

Après une heure, M. Mashinsky est apparu, se joignant à la session depuis une conférence à laquelle il participait à Palm Beach, en Floride. Il a tenté de calmer le jeu et de répondre aux questions des participants agités, mais certains n’étaient pas satisfaits.

Ceci pourrait être ma dernière journée en tant que membre de la communauté Celsius et je ne reviendrai probablement pas, lui a lancé un client de longue date, la voix en colère.

C’est bon! C’est bon! Nous avons des centaines de nouveaux clients chaque jour, lui a répondu M. Mashinsky, d’un ton irrité. Vous ne voulez pas être ici? Pas de problème!

Il y a quelques mois, pourtant, Alex Mashinsky et son équipe avaient toutes les raisons de jubiler.

Le 12 octobre 2021, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui gère les fonds de retraite de plus de 6 millions de Québécois, venait d’annoncer avoir participé à une ronde de financement de 400 M$ chez Celsius, en partenariat avec une firme d’investissement privée américaine.

La CDPQ n’a jamais voulu préciser le montant exact investi et a de nouveau refusé de nous le dévoiler.

Notre enquête montre toutefois que la contribution de la Caisse à cette ronde de financement s’élève à 150 millions de dollars. Selon des documents publiés par Celsius auprès des autorités financières en Grande-Bretagne, la CDPQ a acquis 7328 actions de série B de l'entreprise, au prix de 20 469 $ chacune.

L’annonce du financement d’une entreprise offrant des services financiers dans le controversé monde des cryptomonnaies avait fait sourciller au Canada. Certains observateurs avaient entre autres mentionné le lourd impact environnemental de cette industrie et l’absence quasi totale de réglementation dans cet écosystème.

Néanmoins, l’investisseur institutionnel était fier de cet engagement auprès d’une compagnie qui, selon eux, représenterait l’avenir du monde financier.

La technologie des chaînes de blocs présente un potentiel perturbateur pour plusieurs secteurs de l’économie traditionnelle, déclarait à l’époque Alexandre Synnett, premier vice-président et chef des technologies à la CDPQ, dans un communiqué.

Selon Celsius, l’investissement de la CDPQ était un gros coup. [Ce qui est important], ce n’est pas les 400 M$, c’est la crédibilité qui vient avec les gens qui ont signé les chèques, disait Alex Mashinsky en octobre 2021.

La due diligence [vérifications] de la CDPQ est ce à quoi d’autres gens se fient pour décider si Celsius est une compagnie à qui ils peuvent faire confiance, ajoutait-il quelques mois plus tard en entrevue avec le balado London Real.

Pour de nombreux acteurs du monde de la crypto, l’investissement de la CDPQ a aidé à redorer le blason d’une industrie souvent critiquée pour son attitude cavalière à l'égard de la réglementation financière.

Mais d’autres sont plutôt inquiets de cette confiance : une enquête de Radio-Canada soulève plusieurs questions sur la sécurité de l’investissement et sur certaines pratiques de l’entreprise.

Selon plusieurs experts et observateurs de la cryptosphère, Celsius se livre aux mêmes types de pratiques financières qui ont mené à l’implosion du système financier en 2008.

Notre enquête révèle aussi le fait que Celsius a dans son orbite plusieurs individus qui se retrouvent au cœur de controverses dans le monde de la crypto, dont une personne liée à des sites que les autorités financières canadiennes ont à l'œil.

Et au moment même où une plus grande pression réglementaire et des mises en demeure de plusieurs États ont forcé l’entreprise à sévèrement limiter ses activités aux États-Unis, le ministère des Finances du Canada confirme que des compagnies, qui agissent de façon non réglementée au pays, font illégalement affaire au Canada sous le nez des autorités financières.

Des constats qui n’ébranlent pas la confiance de la CDPQ dans Celsius, qu’elle considère comme une jeune société favorable à la réglementation de ce secteur. Le bas de laine des Québécois maintient son idée : l’investissement qu’elle y a fait constitue une occasion intéressante pour ses déposants.

« Unbank yourself »

Sur le site web de Celsius Networks, Alex Mashinsky affirme avoir jeté les premières bases de Celsius sur une serviette de table dans un café à l’été 2017 avec son bras droit, Daniel Leon. Il lance l’entreprise l’année suivante, peu après le premier krach majeur du prix du bitcoin.

L’entrepreneur n’est pas né de la dernière pluie : depuis plus de 20 ans, Alex Mashinsky, qui est d’origine ukrainienne mais qui a grandi en Israël avant de déménager aux États-Unis, enchaîne les projets dans le domaine de la télécommunication. Il se targue d’avoir fondé trois licornes, c’est-à-dire des start-up, ou jeunes entreprises, ayant généré une valeur de plus d’un milliard de dollars. Celsius est, selon lui, son plus grand succès à ce jour.

Celsius dit être l’antithèse des institutions financières traditionnelles. Pourtant, elle offre des services qui s’apparentent tout à fait à ceux d’une banque : dépôts, prêts, comptes d’épargne offrant des taux d’intérêt. Selon les experts que nous avons consultés, la différence est que, plutôt que d’accepter des dépôts en dollars, Celsius, comme d’autres entreprises dans son domaine, œuvre dans le far west de la crypto et opère de façon complètement non réglementée au Canada.

[Les cryptoactifs] ne sont aucunement rattachés à une utilité économique dans le vrai monde, ce qui autrement pourrait tempérer la volatilité de leur prix. Quand la valeur de l’actif est seulement déterminée par le prix auquel les gens pensent pouvoir le vendre à quelqu’un d’autre, ça cause beaucoup de volatilité, analyse Hillary J. Allen, professeur de droit au Washington College of Law et experte en réglementation financière.

En gros : ses clients peuvent déposer chez Celsius des cryptomonnaies, sur lesquelles l’entreprise offre de généreux rendements sous forme de taux d’intérêt pouvant aller jusqu’à près de 19 % par année.

Les clients peuvent aussi lui emprunter des cryptomonnaies ou des dollars américains. Pour ce faire, Celsius agit en quelque sorte comme un prêteur sur gages. Pour emprunter 1000 $ à un taux d’intérêt annuel de 2,95 %, par exemple, un client doit confier à Celsius l’équivalent de 4000 $ en bitcoins. S’il ne rembourse pas son prêt, ou si jamais la valeur des bitcoins qu’il a transférés à Celsius baisse sous un certain seuil, Celsius vend le dépôt et le client perd ses bitcoins.

Dans ses séances de questions-réponses diffusées sur les réseaux sociaux, M. Mashinsky assure qu’il est plus avantageux de placer son argent chez Celsius que de le laisser dans un compte en banque.

Celsius a été fondée en 2017 pour offrir des services équitables et transparents qui ont été abandonnés par les banques : des taux d’intérêt justes, des prêts à faible taux d’intérêt, aucuns frais et des transactions rapides comme l’éclair, est-il écrit sur le site de l’entreprise.

Toutefois, les conditions d’utilisation de Celsius précisent que les placements chez Celsius ne constituent pas l’équivalent d’un dépôt dans une institution bancaire.

« Votre compte Celsius n’est pas un compte en banque, un compte de dépôt, un compte épargne, un compte chèques, ni toute autre forme de compte, et ne devrait pas être décrit comme un service ou un produit bancaire. »

— Une citation de Extrait des conditions d'utilisation sur le site de Celsius

Contrairement aux fonds déposés dans un compte en banque, les cryptoactifs confiés à Celsius ne sont pas assurés. Les transactions en cryptoactifs peuvent être irréversibles et, en conséquence, des pertes dues aux fraudes ou aux transactions accidentelles pourraient ne pas être récupérables, peut-on lire dans les petits caractères des conditions d’utilisation. Un avertissement inquiétant, compte tenu de la fréquence des piratages et des vols importants auprès de sociétés de cryptomonnaie.

En échange de ce risque, on vous offre toutefois des rendements faramineux, allant jusqu’à près de 19 % par année.

D’ailleurs, en décembre, M. Mashinsky a confirmé que Celsius avait perdu des cryptomonnaies lors du piratage d’une autre plateforme de finance en crypto sur laquelle l’entreprise avait placé des fonds. En tout, 120 M$ avaient été volés de cette plateforme. M. Mashinsky n’a pas précisé combien Celsius a perdu lors de ce piratage, mais a assuré que la plateforme de Celsius elle-même n’avait pas été compromise.

L’économiste et auteure britannique Frances Coppola est formelle : à son avis, Celsius devrait être réglementée comme une banque, puisqu’elle effectue des activités qui ressemblent à celles d’une banque.

La meilleure façon de décrire Celsius serait de dire qu’il s’agit d’une cryptobanque, une banque parallèle (shadow bank), affirme l’auteure, qui a longtemps travaillé au sein du système bancaire et qui est désormais une experte reconnue dans le domaine de la crypto.

Mais si ses services s’apparentent à ceux d’une banque, Celsius n’opère pas selon la réglementation encadrant le système financier. Au Canada, par exemple, Celsius n’est pas enregistrée en tant qu’entreprise de services monétaires.

En commission des finances à l’Assemblée nationale, le PDG de l’Autorité des marchés financiers (AMF), Louis Morisset, a affirmé que l’organisme ne pouvait toujours pas confirmer si Celsius avait des clients au Québec, rapportait début mai le Journal de Montréal.

On continue de comprendre d’abord ce qu’ils font, a déclaré M. Morisset, en précisant qu’il est possible que Celsius ne respecte pas la réglementation en vigueur.

Selon ce que nous avons pu constater, Celsius effectue des vérifications poussées de tous ses clients. Ceux-ci doivent montrer une preuve d’identité et de résidence au moment de créer leur compte. L’entreprise accepte des clients habitant au Canada, comme en témoigne le formulaire d’inscription.

Plusieurs utilisateurs canadiens de la plateforme posent des questions ou commentent les services que l’entreprise offre sur les réseaux sociaux. Il existe aussi plusieurs guides sur le web pour expliquer aux Canadiens comment utiliser la plateforme de Celsius.

En réponse à une question à cet effet, un représentant du service à la clientèle de Celsius nous a confirmé en avril que tous les services de Celsius étaient disponibles au Canada. Il n’est pas possible de savoir combien de clients l’entreprise compte au pays.

Selon l’avocate Lori Stein, spécialiste en réglementation de la crypto au Canada, seulement une poignée des nombreuses compagnies de crypto actives au Canada se plient à la réglementation. [Ces entreprises] ont accepté de faire un tas de choses pour fournir des protections aux investisseurs sur leur plateforme, explique-t-elle. Celsius n'est actuellement pas du nombre.

Les autorités canadiennes à la remorque

Peu après que la CDPQ eut placé d’importantes sommes chez Celsius, nos voisins américains ont publié un avis déconseillant fortement aux fonds de retraite d’investir dans les cryptomonnaies ou dans des projets dont la valeur découle des cryptomonnaies.

Dans son avertissement, le département du Travail des États-Unis souligne que certains acteurs de cette industrie mènent des activités en dehors du cadre de la réglementation. Il rappelle que la valeur des cryptomonnaies est extrêmement volatile et repose sur la spéculation, et déplore la quantité de fraudes et d’activités illégales dans cet univers.

Les fonds de retraite responsables d’encadrer de tels investissements ou qui ont permis à de tels investissements de procéder doivent s’attendre à ce que nous les interrogions sur leur habilité à réconcilier leurs actions avec leurs responsabilités de prudence et de loyauté en raison des risques décrits plus haut, conclut la note.

Cinq États, soit l’Alabama, le Kentucky, le New Jersey, le Texas et l’État de New York, ont visé Celsius directement, envoyant à l'entreprise des avertissements l’accusant de pratiques potentiellement illégales.

« [Celsius] finance en partie illégalement ses opérations de prêt, d’échange et d’autres activités commerciales avec la vente de valeurs mobilières non enregistrées sous forme de comptes en cryptomonnaie payant des intérêts. »

— Une citation de Extrait de la sommation de la Commission des valeurs mobilières du Texas, envoyée à Celsius en mai 2021
Il n’est pas certain si cette information a été transmise à la CDPQ avant qu’elle n'investisse dans Celsius, plusieurs mois plus tard. Malgré cet avertissement, Celsius avait continué à offrir ses services aux Texans.

Quand cette information a été rendue publique en septembre 2021, l’entreprise a démenti offrir des services illégaux. Nous sommes déçus que ces actions aient été entreprises et nous sommes fortement en désaccord avec les allégations selon lesquelles Celsius ne respecte pas la loi, a fait savoir un porte-parole à Bloomberg.

Puis, à la mi-avril 2022, Celsius a subitement annoncé ne plus offrir son service Earn – qui propose des rendements-intérêts sur des dépôts en cryptomonnaie – aux citoyens américains. Notre industrie traverse un changement de paradigme. Comme nous l'avons déjà mentionné, nous travaillons avec des régulateurs partout dans le monde. Conformément à des directives réglementaires récentes, il y aura des changements avec la façon dont [nos produits] fonctionneront aux États-Unis, a écrit M. Mashinsky sur son compte Twitter, au moment de l’annonce.

Celsius offre désormais aux Américains l’option de confier leurs cryptomonnaies à l’entreprise, mais sans générer du revenu sur celles-ci.

Au Canada, cependant, les autorités ont peu à dire sur leur surveillance de ce milieu. Pourtant, le ministère fédéral des Finances nous confirme que ce type d’entreprise non enregistrée agit dans l’illégalité.

En janvier 2020, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) ont émis un avertissement selon lequel certaines activités liées aux plateformes d’échanges de cryptoactifs allaient être assujetties à la législation canadienne en matière de valeurs mobilières. L’ACVM n’a pas voulu dire si cela s’appliquait à Celsius.

L’évolution rapide de ce secteur d’activité force les régulateurs de marchés financiers à travers le monde à réévaluer constamment l’application de l’encadrement en place à ces produits émergents. Les activités menées par les entreprises effectuant des prêts de cryptoactifs, incluant Celsius, en font partie et nos membres participent activement à des travaux, afin de déterminer si de telles activités rencontrent les exigences réglementaires existantes, a-t-on fait savoir par courriel en réponse à nos questions.

L’ACVM n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue, notant que pour protéger l’intégrité du processus d’enquête, nos membres ne peuvent confirmer ou émettre de commentaires sur tout sujet qui pourrait potentiellement faire l’objet d’une enquête.

Selon l’avocate Lori Stein, les entreprises offrant les mêmes services que Celsius sont assujetties à la réglementation déjà en place. Sans commenter le cas précis de Celsius, elle affirme qu’une entreprise qui offrirait de tels services sans être inscrite auprès des autorités financières irait à l’encontre de cette réglementation.

Pour des plateformes crypto qui offrent des prêts et des comptes dépôt, l’opinion de l’ACVM est que ce type de produits est réglementé en tant que valeurs mobilières, sauf si elles sont offertes par une institution financière réglementée, explique-t-elle.

Une entreprise qui offre ces services au Canada sans être enregistrée et réglementée s’expose à une restitution de profits, des amendes, des pénalités, et l’entreprise et ses représentants peuvent être bannis de participer aux marchés financiers, ajoute-t-elle.

Si une plateforme n’est même pas enregistrée en tant qu’entreprise de services monétaires et qu’elle offre ces services aux Canadiens, elle est complètement non réglementée et c’est probablement dangereux pour les Canadiens d’y faire confiance pour échanger ou déposer leurs cryptoactifs, juge Mme Stein.

L’ACVM a fait suivre nos demandes à l’AMF, qui n’a pas voulu commenter ce dossier.

Mais le ministère fédéral des Finances, qui a exprimé sa volonté d'encadrer la crypto dans son dernier budget, a pourtant confirmé que les entreprises effectuant des opérations en monnaies virtuelles qui exercent leurs activités sans être inscrites auprès du Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE) agissent de façon illégale et s’exposent à des sanctions administratives pécuniaires et à d’autres mesures d’application.

Face à ces enjeux, une porte-parole de la Caisse écrit que Celsius travaille à rendre ses activités conformes aux exigences des régulateurs dans les juridictions où elle opère, principalement aux États-Unis. Elle ajoute que la compagnie est favorable à la réglementation du secteur, et que la Caisse compte utiliser son engagement actionnarial pour maintenir une influence positive en ce sens.

Dans un courriel acheminé par l'intermédiaire d'une relationniste, Alex Mashinsky a soutenu que Celsius est un perturbateur dans une industrie émergente et que la société collabore avec les autorités afin de rendre l’entreprise conforme aux exigences des régulateurs dans les juridictions où nous opérons. L’entrepreneur n’a pas précisé avec quels régulateurs il collaborait.

Des liens douteux

Dans une entrevue publiée en décembre 2021, Alex Mashinsky félicite ses employés qui ont aidé la CDPQ à mener son enquête sur les finances de Celsius avant l’investissement. Tout le crédit revient à mon équipe, qui a pu fournir [à la CDPQ] tout ce qui a été demandé : Roni [Cohen-]Pavon et plusieurs autres employés qui ont passé des jours et des nuits à s’assurer que nous pouvions répondre à toutes leurs questions et les aider à vérifier toutes nos données, dit-il.

Deux semaines plus tard, soit le 15 décembre 2021, un article du Times of Israel révélait que Roni Cohen-Pavon, à l’époque directeur du financement de Celsius, avait fondé en mai 2021 une autre entreprise en partenariat avec un homme reconnu coupable de blanchiment d'argent. En 2012, l’Israélien Eliran Oved avait été inculpé à la suite d'une série d’arrestations en lien avec un site de jeu illégal qui réalisait des chiffres d'affaires de plusieurs centaines de millions de dollars.

M. Oved a purgé un an de prison.

Le Times of Israel faisait remarquer que le nom de M. Oved apparaissait dans des bases de données en Israël censées permettre aux institutions financières d'effectuer des recherches sur des partenaires d’affaires potentiels pour évaluer le risque de blanchiment d’argent.

Questionnée par le Times of Israel à ce sujet, Celsius a soutenu qu'elle n’avait enfreint aucune loi et que la société n’était pas tenue de partager les affaires parallèles de Cohen-Pavon avec les autorités.

M. Cohen-Pavon, qui est aujourd’hui directeur financier de Celsius, n’a pas répondu à nos questions qui lui ont été acheminées par courriel. Il avait déclaré au Times of Israel que l’entreprise qu’il avait fondée avec Eliran Oved n’avait jamais mené d’activités commerciales et que celle-ci n’avait aucun lien avec son rôle chez Celsius.

Un autre dirigeant de Celsius est sur la sellette : en novembre, peu de temps après que la CDPQ eut investi dans Celsius, Yaron Shalem, alors directeur financier de l’entreprise, a été arrêté en Israël.

Son arrestation faisait partie d’un important coup de filet dans le monde de la crypto dans ce pays. Au total, 10 personnes ont été arrêtées et accusées de divers crimes financiers liés aux cryptomonnaies. Toutes ont plaidé non coupables.

Celsius a rapidement annoncé la suspension de Yaron Shalem et, selon son profil LinkedIn, il a quitté la compagnie en décembre 2021.

Nous avons présenté ces éléments à la CDPQ, qui a refusé de nous accorder une entrevue. Dans un courriel, une porte-parole n’a pas répondu à nos questions précises sur ces individus, se contentant de nous dire que tous les investissements de la Caisse font l'objet d'un processus d'analyse rigoureux afin de prendre des décisions avisées dans l'intérêt de nos déposants.

De son côté, Alex Mashinsky nous a écrit que la politique de l’entreprise ne permettait pas de discuter de détails spécifiques concernant les employés ou les administrateurs de Celsius.

La filiale australienne

L’organigramme complexe de l’équipe de Celsius touche jusqu'à l'Australie, où un de ses représentants est lié depuis des années à des sites web proposant des stratagèmes d'investissements qui ont connu des démêlés avec les autorités financières dans ce pays et en Grande-Bretagne.

Dans des documents du registraire d'entreprises australien, un dénommé Brendan Gunn apparaît comme directeur de Celsius Australia, une société dont Celsius Network est l’unique actionnaire.

M. Gunn est aussi le directeur d’une entreprise nommée Ozifin Tech PTY, qui a connu des démêlés avec les autorités australiennes : en 2020, Ozifin Tech a été condamnée à payer 20 M$ A (18,8 M$ CA) d’amende pour avoir agi de façon déraisonnable en offrant des investissements en produits dérivés aux consommateurs australiens.

La cour a ordonné la liquidation de l’entreprise pour qu’elle puisse rembourser les investisseurs qu’elle a floués. Le régulateur financier de l’Australie, l’Australia Securities and Investments Commission, a décrit le modèle d’affaires de cette entreprise comme de l’exploitation de consommateurs vulnérables et dit que celle-ci avait un comportement systémique scandaleux.

M. Gunn est également le directeur d’une entreprise australienne nommée Geomarkets PTY Ltd. Celle-ci a enregistré le site web de la mouture australienne d’un site d’investissement nommé FXVC.

FXVC a été accusé par la Financial Conduct Authority, l’organisme de réglementation financière de la Grande-Bretagne, de faire des promotions financières trompeuses et d’utiliser des techniques de vente à haute pression, et sommé de cesser ses activités dans ce pays. L’entreprise a porté cette décision en appel.

Une enquête approfondie de Radio-Canada, avec l’aide de Ron Guilmette, un chercheur indépendant américain expert en cybersécurité et détection d’arnaque, indique que M. Gunn est également impliqué dans des sites web avec Linkin Media, une autre entreprise appartenant à la femme d’Eliran Oved. Linkin Media est actuellement accusée d’arnaque en Israël, dans une poursuite au civil qui nomme Eliran Oved, son épouse ainsi que plusieurs sites web.

Le nom de Brendan Gunn, ou d’entreprises dont il est le directeur, apparaît aux côtés de Linkin Media dans l’enregistrement de trois sites web, maintenant inactifs, qui proposaient des investissements en ligne en Australie.

Le chercheur Ron Guilmette a aussi pu identifier une grappe de sites web gravitant autour de Linkin Media et de Brendan Gunn. Certains ont été enregistrés par M. Gunn ou ses entreprises, d’autres par Linkin Media, et d’autres ont été enregistrés de façon anonyme. Toutefois, selon l’analyse de M. Guilmette, ces sites sont vraisemblablement gérés par les mêmes personnes.

Ces noms de domaine contiennent des caractéristiques techniques semblables, ce qui nous permet d’avoir un bon degré de confiance que c’est le cas, ajoute le chercheur. Il n’est toutefois pas certain, en consultant ces sites, qu’ils sont liés.

Une cinquantaine de ces sites utilisent le même serveur de courriels, selon l’outil d’analyse DomainTools. C’est le cas du site de la mouture australienne de FXVC mentionné plus haut, mais aussi d’une poignée de sites web, dont Brighter Trade et GFC Investment, nommés dans la poursuite en Israël contre Eliran Oved et Linkin Media.

D’autres sites que M. Guilmette reconnaît comme liés à cette grappe sont apparus dans des avertissements des autorités financières canadiennes.

C’est le cas d'InfinityCapitalG, qui figure sur une liste publiée par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario pour avertir la population d’activités potentiellement nocives et d’entreprises qui posent un risque aux investisseurs.

Un autre de ces sites s’appelle Trade the Bit. La Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique a diffusé un avertissement à propos de ce site et souligné que celui-ci n’est pas autorisé à proposer des investissements aux habitants de la province. L’avertissement recommande aux investisseurs potentiels de faire preuve de grande prudence.

De nombreuses plaintes visant ces deux sites pullulent sur le web. Des utilisateurs mécontents affirment avoir perdu de l’argent après avoir utilisé leurs services.

Si la tête vous tourne à la lecture de toutes ces informations, M. Guilmette explique qu’à son avis, c’est précisément le but. Avec une multitude de sites sans lien apparent, il devient difficile, à la fois pour le commun des mortels mais aussi pour les autorités chargées de réglementer ce domaine, de bien saisir ce qui se passe, juge-t-il.

Ils utilisent une multiplicité de sites pour que, si jamais un de ceux-ci se fait pointer du doigt pour avoir arnaqué des gens et apparaît sur une liste noire de sites à éviter, ils en ont encore plusieurs et peuvent continuer à opérer, explique M. Guilmette. C’est une tactique qu’on voit chaque jour avec des acteurs malveillants sur le web.

Rien n’indique que Celsius soit au courant des sites liés à M. Gunn ni que ceux-ci soient affiliés à l’entreprise.

Nous avons contacté M. Gunn pour lui présenter ces allégations. Après avoir demandé quelques jours additionnels afin de mieux répondre à nos questions, il a cessé de communiquer avec nous. Celsius n’a pas donné suite à nos questions à ce sujet. Eliran Oved n’a pas répondu à des questions qui lui ont été envoyées.

Un modèle d'affaires incertain

L’auteure Frances Coppola dit qu’elle n’arrive pas à comprendre le modèle d’affaires de Celsius. C’est que l’entreprise offre à ses clients des taux d’intérêt mirobolants sur leurs dépôts qui peuvent aller jusqu’à près de 19 % annuellement. En revanche, elle leur permet d’emprunter à des taux aussi bas que 2,21 %.

Mme Coppola explique que c’est exactement le contraire du modèle d’affaires des banques traditionnelles, qui offrent de bas taux d’intérêt sur les placements, mais exigent des taux d’intérêt élevés sur les prêts, empochant ainsi la différence.

Comment, exactement, gagnez-vous de l’argent? C’est ce que je demanderais à Celsius. Où trouvez-vous votre argent? Parce que je ne vois pas comment ils font du profit, explique Mme Coppola. Ça ressemble à de la poudre aux yeux. Et il y a de bonnes chances qu’il s’agisse de la poudre aux yeux.

Nous avons posé la question à Celsius et à M. Mashinsky, mais ils n’y ont pas donné suite.

Dans un billet de blogue publié en août 2020, la directrice financière de Celsius, Harumi Urata-Thompson, détaille le fonctionnement de l’entreprise. Le billet se trouve toujours sur le web, mais n’est plus visible sur le blogue de Celsius sur le réseau social Medium. Mme Urata-Thompson a quitté l’entreprise en novembre 2021 et n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

Dans le billet, celle-ci explique que les dépôts en cryptomonnaies de ses clients ne restent pas forcément entre les mains de Celsius. L’entreprise prend ces cryptomonnaies et les prête à des institutions approuvées, sans les nommer, un concept financier appelé la réhypothécation. Mme Urata-Thompson ajoute que, parfois, ces institutions approuvées peuvent emprunter chez Celsius sans offrir de garantie.

C’est une pratique qui fait bondir Frances Coppola, qu’elle juge risquée.

« Celsius effectue le même genre d’activités que les banques parallèles faisaient avant le krach financier [de 2008]. Ils font des choses comme la réhypothécation. »

— Une citation de Frances Coppola, auteure et économiste

Un système financier parallèle, et non réglementé

Hilary J. Allen, professeure de droit au Washington College of Law, s'inquiète de la montée d’un système financier parallèle propulsé par la crypto. Dans un papier publié au début de février, l’experte en réglementation financière décrit comment certains acteurs dans le monde de la crypto reproduisent à l’heure actuelle toutes sortes de comportements risqués qui ont mené à l’effondrement du système bancaire il y a 14 ans. Par exemple, la création de produits financiers de plus en plus exotiques et opaques, et la vente d’un rêve d’indépendance financière.

Mme Allen soutient que le système bancaire traditionnel comporte son lot de problèmes et comprend pourquoi l’idée qu’on puisse rebâtir un nouveau système à l’aide de la crypto est séduisante.

J’ai beaucoup de sympathie pour le mécontentement que bien des gens ressentent. C’est juste que j’ai observé assez de crises financières pour savoir que ce n’est pas avec la crypto qu’on va réparer le système financier, affirme-t-elle.

Mme Allen s’inquiète du fait que des acteurs institutionnels, tels des fonds de pension, investissent dans le monde de la crypto. Selon elle, cela expose le système financier traditionnel à l’écosystème extrêmement volatil et instable de la crypto.

Nous devons séparer le système financier et la crypto pour nous assurer qu’une implosion du marché de la crypto – et ce n’est pas une question de "si", mais bien une question de "quand" – peut être contenue, disait-elle à la mi-mars, quelques mois avant le krach du mois de mai. Il faut que les effets de l’implosion soient contenus dans l’écosystème de la crypto et de ses investisseurs pour éviter qu’elle n’affecte des gens qui n’ont jamais investi en crypto, juge-t-elle.

Le système financier a toujours utilisé la complexité comme un paravent. Dans les années qui ont mené au krach de 2008, ils disaient aux régulateurs : "Oh, c’est seulement parce que vous ne comprenez pas ce qu’on fait". Et maintenant, on entend la même chose de la part de la communauté crypto. C’est une stratégie, ajoute Hillary J. Allen.

« Honnêtement, aujourd’hui, je me dis que [l’effondrement de la crypto] doit arriver plus tôt que tard, malheureusement. Plus le cirque dure, plus [la crypto] va s’incruster dans l’économie. En ce moment, la meilleure chose qui pourrait arriver est que ça explose. »

— Une citation de Hillary J. Allen, professeure de droit au Washington College of Law

Dans la semaine du 8 mai, le marché de la crypto a subi de vives turbulences. L’implosion du Luna, une cryptomonnaie populaire, a provoqué une perte de près de 200 G$ dans l’ensemble de l’écosystème de la crypto. Celsius offrait à ses clients des taux d’intérêt allant jusqu’à 7,94 % sur des dépôts en Luna. Selon son site, un peu plus de 3 % de ses clients avaient placé des Luna auprès de Celsius.

Au cours du mois de mars 2022, Celsius a diffusé sur Twitter une promotion pour encourager des utilisateurs à placer leurs Luna sur la plateforme. L’entreprise proposait jusqu’à 600 $ en bonis pour les utilisateurs qui mettraient l’équivalent de 20 000 $ en Luna dans leur compte Celsius.

Sur Twitter et dans un groupe Telegram non officiel créé par des clients de Celsius, plusieurs personnes affirmaient avoir perdu leurs investissements placés auprès de l’entreprise. La valeur de leurs dépôts avait tellement baissé que Celsius avait liquidé leurs avoirs, selon eux.

Il y a quelque chose qui cloche, je me sens comme si on m’avait volé mon argent, a écrit l’un d’entre eux.

Comment est-ce que le Luna s’est retrouvé sur la plateforme de Celsius? C’était bien connu qu’il y avait de sérieux problèmes avec cette cryptomonnaie. Celsius était censé protéger ses clients [...], mais ils ont failli à leur responsabilité avec le Luna, a écrit un autre.

Celsius n’a pas répondu à nos questions à cet effet.

Radio-Canada a relancé la CDPQ pour avoir sa réaction concernant le krach. Dans un courriel, son porte-parole a souligné que la CDPQ possédait un portefeuille de 420 G$ constitué d’une diversité d’actifs aux niveaux de risque variés.

En tant qu’investisseur à long terme, nos thèses d’investissement se construisent sur des convictions de création de valeur sur le long terme et non pas en fonction des fluctuations du moment, écrit-elle.

Des millions pour une cryptomonnaie en chute libre?

Au mois de mars 2018, Celsius a lancé une campagne de financement en créant sa propre cryptomonnaie, le CEL. En vendant cette cryptomonnaie à un prix oscillant autour de 0,30 $, Celsius a pu se financer à hauteur de 50 M$. Au moment du lancement, 27 % des CEL ont été retenus par Celsius, et 19 % ont été alloués aux membres de l’équipe de direction.

Celsius encourage ses clients à effectuer des transactions à l’aide de CEL. Les clients qui acceptent des paiements en CEL obtiennent des taux bonis sur leurs dépôts et bénéficient ainsi d’un meilleur rendement. Par exemple, une personne qui dépose 1 bitcoin dans son compte Celsius peut générer des revenus de 5 % par année, mais ce taux atteint 6,55 % si elle accepte des paiements en CEL.

Depuis l’annonce de l’investissement de la CDPQ, le cours du CEL a dégringolé, passant de 5,68 $ le jour de l’annonce à moins de 1 $ aujourd’hui, à la suite des turbulences dans le marché de la crypto dans la semaine du 8 mai.

Selon le site de Celsius, M. Mashinsky est le plus important détenteur de CEL, avec plus de 48 millions de jetons à son nom.

M. Mashinsky arbore presque inévitablement en public un t-shirt portant l’inscription HODL, un slogan populaire dans la communauté crypto. L’idée est que les détenteurs de cryptomonnaies doivent conserver leurs jetons même lorsque le prix baisse, en prévision d’une éventuelle remontée de la valeur. M. Mashinsky suggère régulièrement aux clients de Celsius de HODL (conserver) leurs cryptomonnaies et le site de Celsius diffuse un palmarès des 500 plus importants HODLers.

Une version archivée de ce palmarès indique que le nombre de CEL en la possession de M. Mashinsky a diminué de 9,3 millions entre le mois de mars 2021 et le mois de mars 2022.

Étant donné la volatilité des marchés en cryptomonnaies, il est difficile d’estimer combien d’argent cela représente sans connaître la valeur du CEL au moment de chaque transaction, mais cela permet de croire que M. Mashinsky aurait pu empocher l’équivalent de 18,6 M$ à 74 M$ s’il a vendu ses CEL au prix du marché en dollars américains au cours de la dernière année.

Alex Mashinsky n’a pas répondu à nos questions contenant les détails de ces allégations.

Lors de la houleuse séance de questions-réponses du 17 mai, un client de Celsius demandait à M. Mashinsky d’expliquer pourquoi le cours du CEL avait autant baissé pendant le krach de la semaine d’avant. Le prix du CEL avait baissé de 50 % en quelques heures seulement, ce qui avait fait en sorte que des utilisateurs qui avaient obtenu des prêts chez Celsius en plaçant leurs CEL en garantie ont vu leurs avoirs rapidement liquidés.

Ces chiffres ne veulent rien dire, lui a répondu M. Mashinsky.

Ils sont importants pour les gens qui se sont fait liquider. Ils sont importants pour moi, lui a répondu le client.

M. Mashinsky a ensuite expliqué que Celsius ne peut pas contrôler le prix de la cryptomonnaie que l'entreprise a elle-même créée.

Maintenant, est-ce que des gens ont mal? Bien sûr, certaines personnes ont mal. Mais qui a plus mal que tout le monde? Dites-le-moi!, a demandé M. Mashinsky.

Les gens qui ont été liquidés, a répondu le client.

Vraiment? Vraiment? Mes CEL ont perdu des centaines de millions de dollars en valeur, a rétorqué M. Mashinsky. J’ai perdu plus que tous les gens qui ont été liquidés réunis.



Source: Radio-Canada



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Voici le commentaire de Misery la FéedesNouvelles...

Vous trouvez ça normal que la Caisse de dépôt & placement du Québec (CDPQ) investisse l'argent des fonds de retraite de 6 millions de Québécois dans une "entreprise" aussi louche que
CELSIUS...? 😬

Détail digne de mention... 👇

Mashinsky ~ le pdg de CELSIUS est d'origine ukrainienne & a grandi en Israël... 👀

Ceux dont les fonds de retraite sont gérés par la CDPQ vont faire un criss de saut un bon matin... 👀

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Le 19 août 2022, ⚜ Benoit Martin ⚜ 🚜🧑‍🌾🌽🐂🐷🐔🇳🇱 a tweeté...

Anatomie d'un échec financier. Comme le dit tonton Legros: «ça va bien aller» 🌈🦄


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17 août 2022


Alors que la plateforme Celsius est en faillite, nous apprenons que son PDG Alex Mashinsky aurait pris la main sur les activités de trading, au mois de janvier. Dans le même temps, un document juridique révèle une perte de 2,84 milliards de dollars dans le bilan des cryptomonnaies sous gestion.


Alex Mashinsky dirigeait la stratégie de trading de Celsius avant la faillite
Selon une enquête du Finantial Times, Alex Mashinsky, le PDG de Celsius, avait pris la main sur les opérations de trading de la société plusieurs mois avant la faillite. Les faits remonteraient au mois de janvier quand Alex Mashinsky craignait que la Réserve Fédérale américaine (FED) n’abaisse ses taux directeurs.

Il aurait estimé qu’une telle décision aurait eu un impact négatif sur le marché et a donc vendu de grandes quantités de bitcoins en dépit des avis de ses traders.

Celsius possédait 22 milliards de dollars de cryptomonnaies sous gestion à ce moment-là. Le lendemain, la société aurait racheté ces mêmes BTC, mais cette fois à perte. En janvier, Celsius a ainsi enregistré une perte de 50 millions de dollars, bien que tout ne soit pas nécessairement attribuable à son PDG.

Toutefois, selon les avocats de Celsius, la faillite de la société ne serait pourtant pas à attribuer à la mauvaise gestion d’Alex Mashinsky, mais plutôt aux conditions défavorables que traverse le marché crypto.


Une liquidité sur le point de s’assécher

Dimanche dernier, le cabinet d’avocats Kirkland & Ellis a publié un document faisant état des finances de Celsius au 29 juillet dernier. D’après un tableau prévisionnel, la trésorerie de la société, portant à 137 millions de dollars, devrait se retrouver en négatif de près de 34 millions dès le mois d’octobre 2021.

Pire encore, le tableau des actifs et des passifs de l’entreprise donne toute la mesure de la situation. Par exemple, alors que Celsius doit 104 962 BTC à ses clients, elle n’en possède que 14 578, ce qui laisse un trou dans les comptes de 2,15 milliards de dollars au 29 juillet.

Au total, le solde de tous ces actifs et passifs représente une perte de 2,84 milliards de dollars et rien ne garantit que les clients de la plateforme puissent les revoir un jour.


Le document revient également sur les revenus de minages. Avec 58 000 machines déployées, 432,3 bitcoins ont été extraits et 128,61 ont été vendus avant le 13 juillet. Cela pourrait donc représenter un revenu approximatif de 2,6 millions de dollars, ce qui ne pourra pas combler les pertes.

Ainsi, cette affaire est loin de se terminer et laisse, encore et toujours, les clients de Celsius dans l’incertitude.



Source: Cryptoast / Financial Times / Documents juridiques



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Figure 2: Actifs et passifs de Celsius au 29 juillet
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