L'histoire ne pardonnera pas qu'autant de fleurs aient été piétinées

Répondre
Avatar du membre
cgelinas
Administrateur
Messages : 7781
Enregistré le : 25 mai 2010, 22:07
Localisation : Lévis, QC
Contact :

Un jour, alors que j'étais occupé à faire autre chose, un groupe d'individus s'est invité dans mon jardin.

Ils voulaient, ensemble, piétiner une fleur dont j'ai la garde.

Une fleur tellement belle et pure qui rayonne de toute sa force malgré son évidente fragilité.

Le terreau de cette fleur est fertile et la simple présence de cette fleur sème une magie fabuleuse dans tout mon jardin et bien au-delà.

Cette fleur est d'une telle beauté, visible et invisible que les mots n'arrivent pas à lui rendre justice.

Enfin bref, ces individus dans mon jardin tentaient d'atteindre à l'intégrité de cette fleur dont j'ai la garde.

Ensemble, ils ouvraient la bouche pour répandre un venin de peur, en agitant les bras et en rappelant continuellement des titres professionnels pompeux qui étaient censés faire taire quiconque ne pensait pas comme eux.

Dans ce groupe sombre, on retrouvait l'homme avec un ovale bleu sur un sarrau blanc, l'homme-à-costume, masquouillé, qui exigeait qu'on lui obéisse car il rappelait sans cesse vouloir "sauver des fleurs" et les hommes qui relayaient docilement son narratif anti-fleurs non-piétinées.

Il y avait d'autres individus qui hochaient de la tête, en portant fièrement leur fixture soumissive bien au-dessus de leur nez. Ils appuyaient les épandeurs de venin et réclâmaient que chaque fleur soit piétinée, deux ou trois ou quatre fois plutôt qu'une ce qui faisait sourire l'homme avec un ovale bleu sur son sarreau.

J'ai demandé à ces individus de quitter mon jardin et de ne plus y revenir.

Le groupe a reculé d'un pas pour immédiatement avancer à nouveau, jour après jour.

L'épandeur de venin à veston-cravate a unilatéralement décrété que ma fleur ne pourrait plus respirer librement, devrait se soumettre à des tests et s'éloigner de toutes les autres fleurs. Tout ça pour leur protection alors que ma fleur arbore une santé impeccable.

Le martelage du narratif qui faisait plaisir à l'homme au sarrau blanc avec un ovale bleu était assourdissant. Ni moi, ni ma fleur, si précieuse, unique et infiniment merveilleuse, n'étions capables de s'occuper paisiblement de nos vies. Il fallait s'occuper de "sauver des fleurs" en ruinant sans cesse un peu plus nos propres vies.

D'autres jardiniers ont accepté de laisser le groupe piétiner leurs fleurs. C'était pour aller au centre-jardin ou pour avoir le droit d'acheter des pelles-de-jardin. Pour d'autres, c'était pour aller visiter d'autres jardins, à l'étranger.

Lorsque leur fleur piétinée souffrait, ces jardiniers reprenaient le narratif que l'homme en sarrau blanc avec l'ovale bleu avait murmuré à l'oreille d'un homme nerveux qui travaillait dans un édifice gris avec un "H" en guise de logo, à savoir qu'une fleur qui souffre après avoir été piétinée n'est JAMAIS lié au piétinement qui, lui, c'est bien connu, a "sauvé des fleurs".

Pire, les jardiniers qui se plaignaient que leur fleur souffrait suite au piétinement se faisaient pointer du doigt par les autres jardiniers qui dansaient avec les piétineurs pour célébrer les vertus du piétinement des fleurs. Mieux encore, davantage de piétinement était exigé et encore à ce jour, il n'existe que le piétinement de fleurs pour "sauver des fleurs" et gare au jardinier qui oserait contredire cette Sainte doctrine que même le Pape des jardiniers-soumis à une prison psychologique a béni. Pour ce Pape, il n'y a de salut que par le consentement au piétinement des fleurs.

Ça a commencé par le piétinement des fleurs de 12 à 17 ans, puis les 5 à 11 ans, puis les 6 mois à 5 ans et finalement, même les fleurs naissantes vont être ciblées spécifiquement pour être piétinées mais légèrement moins brutalement que les fleurs plus vieilles. Les nouveaux jardiniers qui vénèrent l'homme avec un sarrau blanc avec un ovale bleu sont soulagés que leur fleur aussi puisse être piétinée, dès qu'elle sort du sol.

Au fond, ils ne pourraient plus visiter de jardins avec leur fleur de l'autre côté d'une ligne imaginaire si celle-ci n'avait pas été précédemment et adéquatement piétinée.

Alors voilà où j'en suis à continuer de protéger ma fleur, dans mon jardin.

Mon ex-co-jardinière (une excellente jardinière, par ailleurs) a voulu bien faire et a emmené ma fleur au pied des exécutants-piétineurs fidèles à l'homme en sarrau blanc avec un ovale bleu dessus afin qu'elle soit adéquatement piétinée, au piétinodrome local. Du coup, je tente aujourd'hui de protéger ma fleur de piétinements supplémentaires que l'armée de piétineurs reviennent continuellement à la charge pour infliger, sans égard pour l'excellente santé de ma fleur.

Il y a heureusement d'autres jardiniers qui comprennent l'importance de ne pas piétiner les fleurs.

Ça indispose le groupe des épandeurs de venin mais ça ne change rien au fait que piétiner les fleurs ne les aide pas, qu'importe l'insistence des rappels piétinistes qui prétendent le contraire.

Au point qu'on entend des jardiniers pro-piétinisme expliquer que la santé passe par le piétinement des fleurs, aussi jeunes que possible et aussi souvent que nécessaire.

Je tente de discuter de piétinement avec ces jardiniers mais leur tolérance pour toute opinion contraire est minuscule et si j'insiste, je me fais frapper par le ridicule, les moqueries et la censure. Pire, je n'ai même plus le droit d'occuper un emploi dans les jardins où j'ai toujours été apprécié, avant le début des décrets pro-lutte à quelque chose qui ne tue que très, très rarement les jeunes fleurs. Et surtout pas celles en santé, comme celle que je continue de tenter de protéger.

Ma fleur a un nom, une personnalité, des rêves et d'infinies sensibilités.

Mais je n'ai pas le droit de les mentionner pour tenter de convaincre l'armée de piétineurs de me laisser m'occuper de mon jardin parce qu'en plus d'avoir le contrôle sur la majorité des jardins, ils veulent le contrôle sur le mien, aussi.

D'ailleurs, plusieurs autres jardiniers dans ma famille ne comprennent pas comment j'ai pu refuser d'être moi-même piétiné.

Mon coeur de jardinier ne s'essouffle pas de faire briller la vérité car même si je n'ai pas jardiné partout dans ce vaste monde, je sais reconnaître l'ombre et les venins, quand ils s'imposent dans mon jardin.

Je sais que je ne suis pas seul et ça me ajoute à mon espoir.

Mes fleurs --car j'en ai deux, en fait-- illuminent bien plus que mon jardin. Elles illuminent ma vie et me font cultiver des variants infinis d'amour.

Et pour rien au monde, je ne voudrais que ces variants d'amour soient piétinés, une fois de plus, pas plus que je voudrais que les autres fleurs, majestueuses et génératrices d'amour, elles aussi, soient piétinées.

D'ailleurs, je ressens que c'est l'amour qui va permettre à de nombreux jardino-piétinistes de se sortir, eux-mêmes du narratif de pro-piétinisme pour retrouver leur connexion avec les bienfaits d'être une fleur, tout simplement... sans être piétinée.


Je vous livre ce texte avec un amour, infini.

Merci d'être là, avec moi... avec nous.



Source: Ma publication, dans Substack



-- -- --
Fichiers joints
je-t-aime-petite-fleur.jpg
je-t-aime-petite-fleur.jpg (57.65 Kio) Vu 244 fois
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

Blogues: Montréal | Québec | Lévis | Emploi | Éducation | Placements | Transports
Dons: PayPal | DonorBox Web: Achetez vos noms de domaines au plus bas prix...
Répondre