La réforme Drainville concentre les pouvoirs en éducation entre les mains du ministre

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cgelinas
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5 mai 2023


Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, veut pouvoir casser les décisions des centres de services scolaires (CSS), nommer et destituer leurs directeurs généraux, en plus d’avoir son mot à dire sur la formation continue des enseignants.

« L’objectif, ce n’est pas d’avoir plus de pouvoirs. L’objectif, c’est d’avoir plus de cohérence », a-t-il martelé jeudi après le dépôt du projet de loi 23, qui présente sa réforme du réseau de l’éducation.

Le texte législatif propose que le ministre de l’Éducation puisse nommer les directeurs généraux des CSS, mais également « annuler une décision » pour « prendre celle qui, à son avis, aurait dû être prise en premier lieu ».

Les directeurs généraux, nommés pour cinq ans, auraient à respecter des ententes « de gestion et d’imputabilité » en vertu du projet de loi présenté. « Comme ça, on se donne les coudées franches pour une prise de décision qui est plus cohérente, qui est plus efficace et surtout qui est plus imputable envers les Québécois », a déclaré M. Drainville.

« C’est beaucoup plus de pouvoirs pour le ministre, à son 16e étage, au Complexe G. […] Ce projet de loi ne répond pas aux besoins du terrain », a souligné la députée libérale Marwah Rizqy.

« Qu’est-ce que ça veut dire pour les élèves ? On ne le sait pas. Qu’est-ce que ça veut dire pour le pouvoir du ministre ? On le sait », a aussi affirmé Pascal Bérubé, du Parti québécois.

Une mesure d’exception

M. Drainville s’est défendu de manquer de confiance envers les directeurs généraux. « Aujourd’hui, je renommerais la vaste majorité des 72 [directeurs généraux] », a-t-il dit.

La possibilité d’annuler des décisions prises dans les CSS est une mesure « d’exception », a assuré M. Drainville. « Le jour où je le ferai, j’en serai imputable et je vais devoir avoir de bonnes raisons pour justifier le recours à ce pouvoir-là », a-t-il indiqué.

À l’heure actuelle, la nomination des directeurs généraux relève des conseils d’administration dans les CSS, tandis que les présidents des commissions scolaires anglophones sont choisis par les commissaires élus.

La proposition du ministre « va changer la dynamique de travail » et « il peut y avoir des questions sur la sécurité d’emploi », a déclaré au Devoir Lucien Maltais, de l’Association des directions générales scolaires du Québec.

La réforme Drainville donne aussi un droit de regard au ministre de l’Éducation sur la formation continue des enseignants.

« Je pourrais effectivement demander, sur les 30 heures [de formation continue obligatoire annuellement], qu’il y ait 5 heures qui soient consacrées au français », a expliqué M. Drainville. Il a ajouté que le ministre n’aurait toutefois pas la tâche de déterminer « le contenu des formations ».

En réaction, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a rappelé que l’ex-ministre de l’Éducation Jean-François Roberge « avait martelé qu’il revenait aux enseignantes de choisir leur formation continue ». « Lâchez-nous avec la formation continue ! » a aussi lancé la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), en reprenant une formule consacrée par le ministre Drainville pour marquer son appui au troisième lien autoroutier.

Le texte législatif présenté à l’Assemblée nationale propose que le ministre puisse « procéder à l’évaluation des besoins des élèves en lien avec leur réussite éducative ». Il prévoit aussi un meilleur accès aux données dans le réseau de l’éducation.

Le ministre Drainville a dit souhaiter, « par exemple, être capable d’aller chercher les résultats des bulletins de la première étape avant Noël » pour ensuite identifier les écoles, « ou les classes, même », où les résultats scolaires sont sous la moyenne.

Vers un Institut national d’excellence

Comme attendu, Bernard Drainville a consigné son intention de créer un Institut national d’excellence en éducation. Cette nouvelle instance serait dotée d’un conseil d’administration composé de neuf membres, dont quatre issus du domaine de l’éducation.


La création de l’Institut aurait pour effet de modifier la mission et le nom du Conseil supérieur de l’éducation (CSE), créé dans la foulée du rapport Parent. Celui-ci deviendrait le Conseil de l’enseignement supérieur, et sa mission serait circonscrite aux questions « relatives à l’enseignement supérieur ».

« Quand on n’aime pas le message, on tue le messager », a déclaré la députée solidaire Ruba Ghazal. Le CSE a notamment conclu que le Québec avait un système scolaire à trois vitesses, « le plus inéquitable au pays ». Il s’agit d’une vision à laquelle M. Drainville dit « ne pas adhérer ».

La présidente-directrice générale de la Fédération des centres de services scolaires du Québec, Caroline Dupré, a de son côté accueilli « très positivement » la volonté de créer un institut. « La synergie entre le milieu universitaire et l’Institut national, pour moi, c’est un gage de succès quant à l’impact que ça aura sur la salle de classe », a-t-elle affirmé.

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec a quant à elle dit s’opposer à la création d’un institut où « la performance et la rentabilité sont les leitmotivs ». « Il serait plus porteur et moins coûteux de miser sur les organisations qui existent déjà », a aussi indiqué la CSQ.



Source: MSN / Le Devoir



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Le projet de loi déposé par Bernard Drainville vise notamment à accorder plus de pouvoirs au ministre de l’Éducation afin qu’il puisse désigner les directeurs généraux de chaque centre de services scolaire. -- © Jacques Boissinot La Presse canadienne
Le projet de loi déposé par Bernard Drainville vise notamment à accorder plus de pouvoirs au ministre de l’Éducation afin qu’il puisse désigner les directeurs généraux de chaque centre de services scolaire. -- © Jacques Boissinot La Presse canadienne
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Claude Gélinas, Éditeur
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