Notre pain contaminé par les herbicides

Répondre
Avatar du membre
cgelinas
Administrateur
Messages : 7780
Enregistré le : 25 mai 2010, 22:07
Localisation : Lévis, QC
Contact :

Une nouvelle étude de type méta-analyse (synthèse de plusieurs études antérieures) publiée dans la revue scientifique Mutation Research/Reviews in Mutation Research conclut que les personnes les plus exposées au glyphosate courent un risque 41 % plus élevé de développer un cancer nommé lymphome non hodgkinien.

Le glyphosate est l’herbicide total le plus utilisé en agriculture dans le monde. Il est mieux connu sous le nom de Roundup, manufacturé par Bayer-Monsanto.

En août dernier, un jury de la Californie a accordé 289 millions $US (réduit à 72 millions par la suite) à un jardinier professionnel ayant développé un tel lymphome. Des montagnes de documents confidentiels rendus publics au cours du procès (les Monsanto Papers) ont permis de faire la preuve de la « malveillance » de la compagnie, a conclu le jury.

Même s’il a été démontré que le glyphosate favorisait l’apparition de tumeurs chez les souris, le lien direct entre le glyphosate et le cancer chez les humains n’a jamais été établi de façon irréfutable.

Cela dit, la recension de dizaines d’études indépendantes effectuée par le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS l’a amené à déclarer cet herbicide « cancérigène probable ». En conséquence, l’Union européenne a limité à cinq ans le renouvellement de l’homologation du produit.

Quant au gouvernement canadien, il a été le premier pays industrialisé à annoncer le prolongement de son homologation, et ce, jusqu’en 2032, après analyse de plus de 600 études, mais dont la vaste majorité proviennent de l’industrie et n’ont pas été révisées par les pairs.

Partout au pays, y compris au Québec, le produit est utilisé depuis longtemps pour la culture des plants génétiquement modifiés conçus pour lui résister (maïs, soya) réservés à l’alimentation animale, mais aussi de plus en plus pour celle des céréales destinées à la consommation humaine.

Il n’est donc pas surprenant d’apprendre qu’en 2017, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a retrouvé des traces de glyphosate dans le tiers des céréales analysées, dont la nourriture pour bébé. Un échantillonnage qui excluait étonnamment les céréales les plus courantes, comme le blé et l’avoine.

Or, Radio-Canada (qui consacre plusieurs excellentes émissions à la question cette semaine) a appris que 80 % des échantillons de blé et 74 % des échantillons d’avoine analysés dans une nouvelle étude de l’ACIA dont la publication a étrangement été annulée contenaient aussi des traces de glyphosate. Dans une proportion inférieure aux normes, dit-on, lesquelles sont cependant 2000 fois plus permissives ici qu’en Europe.

Une pratique de plus en plus répandue chez les céréaliers mérite d’être dénoncée avec force, à l’instar de l’Italie qui boycotte désormais le blé canadien. Elle consiste à pulvériser du glyphosate à quelques jours seulement de la récolte pour tuer les plants de blé, d’avoine, de pois, de lin ou de lentilles dans le seul but de les faire mûrir instantanément et uniformément, sans avoir à les faire sécher par la suite. Rien à voir avec la mauvaise herbe.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, la plus grande partie des céréales produites au Canada (on parle de 70 % en Saskatchewan) est ainsi aspergée d’herbicide chimique comme s’il s’agissait de vitamines avant d’être transformée en farine ou quelque autre aliment.

Alors que nos gouvernements interdisent l’épandage d’herbicides sur les pelouses, ils les tolèrent sans restriction et sans contrôle pour faciliter le travail des producteurs alors que le produit n’a même jamais reçu d’homologation à cette fin. Serait-on devant le plus grand scandale agroalimentaire de ce siècle ?


Source: Le Devoir
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

Blogues: Montréal | Québec | Lévis | Emploi | Éducation | Placements | Transports
Dons: PayPal | DonorBox Web: Achetez vos noms de domaines au plus bas prix...
Répondre