Le Québec «islamophobe»...

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cgelinas
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Le Québec est-il traversé d'un courant d'islamophobie qui le distingue de sociétés analogues? La réponse c'est non.

Les Québécois sont-ils islamophobes?

Le PM François Legault aura commis une faute grave, celle de s’opposer aux tenants du concept «d’islamophobie» comme concept marquant de la relation du Québec avec cette religion.

François Legault aurait pu poser la question plus simplement, plus pertinemment : «le Québec est-il traversé par un courant d’islamophobie plus grave qu’ailleurs?»

Le 29 janvier 2017 demeurera une date noire de notre histoire collective. Un individu a commis un crime haineux, un attentat. Il faut le dénoncer, il ne faut pas banaliser l’acte. Le tueur était animé de la haine de l’autre; d’un «autre» en particulier, le «musulman».

N’ayons pas peur des mots.

Le 4 septembre 2012 est aussi une date noire de notre histoire. Un autre individu a commis un acte haineux, un attentat. Éminemment politique celui-là. Cet attentat s’est produit le soir des élections au Québec, à la suite des résultats. Cet homme était animé par la haine de l’autre; d’un «autre» en particulier, le «Québécois», en particulier, le «nationaliste-indépendantiste».

Si l’arme de cet homme ne s’enraye pas à la porte du Métropolis ce soir-là, selon plusieurs témoignages de gens qui assistaient à la soirée électorale, de policiers, etc., il est fort plausible que la première femme élue première ministre de l’histoire du Québec soit parmi les victimes.

Il s’agit d’un attentat politique, un crime haineux.

N’ayons pas peur des mots.

Les amalgames

À l’évidence, il y a, au Québec et ailleurs, des gens, des groupes, qui militent fort pour que le geste du premier percole à l’ensemble; que l’attentat du 29 janvier 2017 serve à justifier qu’un grave courant d’islamophobie, tel un cancer, gruge le Québec.

Et on appuiera cette thèse d’autres manifestations ou d’actes qui ont visé les musulmans au cours des dernières années. On rappellera le discours anti-musulman de certains groupes d’extrême-droite (certains diront «identitaires», quoique ce terme peut aussi servir à qualifier ceux pour qui «l’identité» ne s’appuie que sur l’identification à une religion).

Ne comptez pas sur moi pour défendre ces gens-là. Les discours extrémistes me rebutent, peu importe lesquels. Aussi, les tenants de théories de grande «islamisation» du Québec me laissent de glace. Pire, je les trouve ridicules. La réalité demeure que l’écrasante majorité de nos concitoyens de confession musulmane sont soit non-pratiquant, ou vivent leu foi dans le respect d’autrui, dans la sphère privée.

Et si l’on appliquait le même raisonnement à partir de l’attentat du 4 septembre 2012?

Il existe bel et bien toute une série d’actes et de discours anti-Québécois; lesquels s’expriment dorénavant de manière de plus en plus décomplexée. On trouvera même des politiciens pour «souffler [sans gène] sur les braises» du ressentiment anti-Québécois. Le tout se traduisant, plus qu’anecdotiquement, par des discours franchement haineux envers les Québécois. Surtout les Québécois nationalistes ou indépendantistes (et oui, il existe aussi une extrême-gauche très agitée, désagréable miroir [et souvent plus violente] de l’extrême-droite dont je parlais plus haut).

Est-ce à dire que les Québécois qui rejettent le nationalisme et les Canadiens en général sont « québécophobe »? Devrait-on instituer une commission sur la «québécophobie systémique»?

La réponse c’est non.

Au cours des 25 dernières années, j’ai eu l’occasion de côtoyer, personnellement, professionnellement, nombre de nos concitoyens québécois et canadiens. J’ai pu discuter rondement, sans gène, de mes convictions indépendantistes sans jamais n’être inquiété.

L’imbécile derrière son clavier qui déjecte sa haine des Québécois n’est pas le reflet de l’entièreté de sa collectivité. Et récemment, quand des politiciens du Canada anglais ont tout fait pour tenter d’animer un sentiment de ressentiment anti-Québec, j’ai été soulagé de constater qu’il y a eu levée de boucliers chez nos voisins afin de dénoncer ces discours méprisants.

Je suis content, aussi, de constater que l’écrasante majorité de mes concitoyens québécois dénoncent, sans nuances, les discours anti-musulmans de quelques imbéciles qui ne reflètent pas l’entièreté de notre collectivité.

Vu de l’Outaouais, où la cohabitation entre francophones et anglophones est acquise, quiconque tenterait de me faire croire que le Québec est traversé d’un courant de «québécophobie» me ferait bien rigoler.

«Islamophobie», thèse politique

Aux tenants de la thèse politique de «l’islamophobie», j’opposerai ce texte lumineux d’une québécoise d’origine tunisienne dont on a beaucoup parlé ces derniers jours. Un texte publié dans Le Devoir du 8 juin 2017 et dont le titre est équivoque : «Le Québec n’est ni raciste ni islamophobe». En voici un extrait :
«En tant que néo-Québécoise d’origine tunisienne, je trouve profondément injuste que le Québec qui m’a accueillie à bras ouverts soit devenu la cible d’accusations de racisme et d’islamophobie. L’intégration à une nouvelle société est évidemment un défi pour tout immigrant, et les chances d’y parvenir ne sont pas les mêmes pour tous. Mais parler de l’islamophobie comme d’un mal qui rongerait le Québec est parfaitement injustifié.

L’islamophobie et le racisme ont tellement envahi le discours qu’ils font même avorter des projets de convergence politique. Ils sont utilisés comme des mots-matraques pour calomnier son adversaire. [...]

Pourquoi le mot «islamophobie», compris dans le sens de «haine du musulman», a-t-il pris tant d’importance? La haine du chrétien, de l’athée ou de l’apostat pourrait tout aussi bien avoir des termes consacrés et bénéficier d’une protection particulière. Il suffit d’évoquer l’atroce assassinat de familles coptes en Égypte pour constater que la haine du chrétien est une triste réalité.

Les musulmans seraient-ils particulièrement touchés par les crimes haineux au Canada? Selon des données de 2013 de Statistique Canada, les juifs seraient trois fois plus touchés que les musulmans, avec 181 crimes contre les juifs, 65 contre les musulmans et 29 contre les catholiques. En dehors de l’horrible attentat de la mosquée de Québec qui soulève encore de nombreuses questions, les chiffres ne révèlent pas une flambée de violence envers les musulmans. D’ailleurs, l’élan de solidarité qui s’est manifesté à la suite de cet attentat représente bien le Québec généreux que je connais.»

Source: Journal de Montréal
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