Couillard en Arabie Saoudite... les détails

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cgelinas
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PHILIPPE COUILLARD AU PAYS DE L’OR NOIR

Source: La Presse, janvier 2018

Dhahran, une ville de 120 000 habitants située dans l’est de l’Arabie saoudite. D’un côté, le golfe Persique, de l’autre, le désert. Au cœur de la ville, le quartier général de

la richissime compagnie pétrolière Aramco, bijou du gouvernement saoudien.

Véritable État dans l’État, Aramco se barricade derrière une enceinte ultra-sécurisée. De loin, on aperçoit ses hauts murs et ses checkpoints. La guérite principale ressemble à la frontière de Lacolle qui sépare le Québec des États-Unis.

À l’intérieur des murs se trouvent le quartier général d’Aramco, un hôpital ainsi que trois petites villes où logent les employés de la compagnie, dont Dhahran Hills où a vécu le premier ministre Philippe Couillard pendant quatre ans, de 1992 à 1996.

C’est Aramco qui extrait et produit le pétrole qui fait la fortune de l’Arabie saoudite, premier exportateur de brut du monde. L’entreprise appartenait aux Américains. Après en avoir pris partiellement le contrôle en 1972, le gouvernement saoudien l’a étatisée en 1980.

N’entre pas qui veut sur le territoire d’Aramco qui s’étend sur des kilomètres. J’étais avec un agent du ministère de l’Information, dans une auto du gouvernement saoudien, et pourtant, les gardiens de sécurité nous ont refoulés, car je n’avais pas le code à sept chiffres que la responsable des relations publiques d’Aramco, Sarah Palmer, avait oublié de me donner. Je l’ai appelée et tout s’est réglé en quelques minutes. N’empêche, il faut montrer patte blanche avant d’être accepté dans l’univers clos d’Aramco.

L’enclave d’Aramco est tellement grande que le chauffeur s’est perdu. Il a été obligé d’ouvrir son GPS pour repérer l’hôpital où a travaillé Philippe Couillard. Un hôpital moderne, propre, bien équipé.

Philippe Couillard a créé le département de neurochirurgie avec deux médecins jordaniens, Mahmoud Al-Karmi et Ramzi Banda. J’ai parlé aux deux : au téléphone avec le Dr Al-Karmi en février 2015, à l’époque où je croyais naïvement qu’on pouvait obtenir un visa pour l’Arabie saoudite en quelques semaines, et en personne avec le Dr Banda à Aramco.

Les trois hommes ont formé une équipe soudée pendant quatre ans. Le Dr Ramzi Banda a gardé un excellent souvenir de Philippe Couillard.
« Si je diagnostiquais un cancer du cerveau, c’est Philippe Couillard qui opérait. C’était un homme jovial et agréable qui avait du charisme. »

— Le Dr Ramzi Banda
« Nos enfants jouaient ensemble et nos femmes se connaissaient. On se voyait en dehors du travail, on se recevait les uns les autres. »

Les patients étaient des employés d’Aramco et leurs familles. Dans les années 90, le tiers d’entre eux étaient des expatriés. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 10 %.

J’ai réalisé l’entrevue avec le Dr Banda dans son microscopique bureau sans fenêtre. Le chauffeur du gouvernement, l’agent du ministère de l’Information, mon fixer et la responsable des relations publiques d’Aramco s’entassaient dans la pièce, les yeux fixés sur le Dr Banda et moi.

Le Dr Banda a patiemment répondu à mes questions malgré un horaire surchargé.

« Vous êtes bien payé ? lui ai-je demandé vers la fin de l’entrevue.

– L’incitation financière est très lucrative, a-t-il répondu. C’est ce qui nous garde ici.

– Vous êtes neurologue, alors que le Dr Couillard est chirurgien. Il était payé davantage que vous. Combien un chirurgien pouvait-il gagner dans les années 90 ? »

Sarah Palmer, des relations publiques, a bondi. « On ne donne pas de chiffres ! », a-t-elle dit d’un ton ferme.

Fin de la discussion.

Le Dr Banda travaille pour Aramco depuis 1988.

Le Dr Karmi a aussi gardé d’excellents souvenirs. Je l’ai rejoint chez lui, à Amman, en Jordanie. Il a quitté Dhahran à peu près en même temps que Philippe Couillard. « C’était très agréable de travailler avec lui. C’était un excellent neurochirurgien. »

Le petit département créé par le trio a grossi. De trois, il est passé à huit, soit quatre chirurgiens et quatre assistants. L’hôpital est multiethnique : 64 nationalités, parlant une quarantaine de langues, s’y côtoient.

***

Il existe trois villes à l’intérieur des murs d’Aramco, soit Main Camp, Dhahran Hills et Ar-Rabiyah. Entre 15 000 et 20 000 personnes y vivent.

Le Dr Banda et Philippe Couillard habitaient Dhahran Hills. Ils étaient presque voisins, moins d’un kilomètre les séparait.

Philippe Couillard vivait dans une maison à deux étages, typique de cette « gated community » (zone résidentielle fermée). Un mur surmonté de barbelés sépare Dhahran Hills du reste d’Aramco.

Dhahran Hills ressemble à une banlieue tranquille des années 50 ou au quartier aseptisé de la série américaine Desperate Housewives, mais avec des maisons moins tapageuses.

Les employés paient un loyer. Le montant, a précisé Sarah Palmer, est « très en deçà du prix du marché ».

Les rues ont été construites dans le même moule. Elles forment des boucles ou des croissants parsemés de maisons identiques : toit en tuiles, pelouses au gazon coupé au millimètre près, jolies cours arrière, palmiers, figuiers, bougainvilliers. Et le calme. On entend une mouche voler. Dhahran Hills est propre, propre, propre.

L’été, la température frôle les 50 degrés.

La ville est bien équipée : des parcs, des terrains de golf, de baseball, de soccer, quatre piscines extérieures, des restaurants, des cinémas, un théâtre, une caserne de pompiers, un bureau de poste et des écoles qui enseignent le programme américain.

Dhahran Hills offre une vie tricotée serré où tout le monde, ou presque, se connaît. « C’est un espace fermé, explique le Dr Banda. Les gens font beaucoup d’activités ensemble. »

Le mode de vie est calqué sur celui de l’Occident. Les femmes, par exemple, ont le droit de conduire. Pour résumer : à l’extérieur d’Aramco, le voile ; à l’intérieur, les shorts et le costume de bain. Même si l’alcool est prohibé en Arabie saoudite, les étrangers peuvent s’en procurer à Bahreïn, le pays voisin situé à moins d’une heure de route de Dhahran.

***

D’octobre 2009 à septembre 2012, Philippe Couillard a été membre d’un comité consultatif d’experts créé par le ministre saoudien de la Santé, Abdullah Al-Rabeeah.

Le comité se réunissait deux fois par année. À chaque réunion, M. Couillard passait deux ou trois jours en Arabie saoudite, toutes dépenses payées, hôtel, billets d’avion, repas, sorties. Il ne recevait pas de salaire.

J’ai rencontré Abdullah Al-Rabeeah, un homme très, très occupé, à Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite. Je lui ai demandé combien de temps il pouvait me consacrer. Une quinzaine de minutes, a-t-il répondu. L’entrevue a duré 21 minutes.

On a vite expédié le bavardage sur la température pour entrer dans le vif du sujet.

Abdullah Al-Rabeeah a été ministre de la Santé de 2009 à 2014. Il a rapidement créé un comité d’experts formé de quatre Saoudiens et sept étrangers, presque tous médecins. Parmi eux, Philippe Couillard. À l’époque, le ministre Al-Rabeeah s’était lancé dans une vaste réforme et il avait besoin de conseils. Philippe Couillard a été ministre de la Santé du Québec d’avril 2003 à juin 2008 et il a travaillé pendant quatre ans en Arabie saoudite, ce qui en faisait un candidat idéal.

« Il était très, très actif, a affirmé Al-Rabeeah. C’est un homme sincère, honnête et fiable. »

Les autres membres du comité venaient des États-Unis, de l’Allemagne, de l’Australie, du Royaume-Uni et de la France. M. Couillard n’était pas le seul Canadien, a précisé M. Al-Rabeeah. Le président du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada en faisait aussi partie.

Dès qu’il a su que M. Couillard avait été élu premier ministre du Québec en avril 2014, M. Al-Rabeeah lui a envoyé un courriel pour le féliciter. M. Couillard lui a répondu. Les deux hommes sont amis et restent en contact.
« Je l’appellerais [Philippe Couillard] sans hésiter une seconde si j’avais besoin d’aide ou d’un conseil. »

— Abdullah Al-Rabeeah, ex-ministre saoudien de la Santé
M. Al-Rabeeah connaît bien le Canada. Il a passé sept ans à Edmonton et Halifax pour terminer ses études en médecine.

En 2014, M. Al-Rabeeah a perdu son ministère pour des raisons obscures. Selon l’agence de presse Reuters, il aurait été limogé par le roi Abdullah à cause de sa mauvaise gestion de la crise du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, une maladie virale provoquée par un virus.

Depuis 2015, M. Al-Rabeeah dirige un organisme créé par le roi, le Humanitarian Aid and Relief Centre, présent dans 37 pays et 4 continents. Il est aussi conseiller à la cour royale.

ARAMCO EN BREF

1933 : création de l’entreprise qui entame sa première opération de prospection.

L’entreprise appartient d’abord aux Américains (Aramco pour Arabian American Oil Company).

1972 : le gouvernement saoudien prend 25 % des parts, 60 % l’année suivante, puis 100 % en 1980.

2014 : chute du prix du baril de pétrole qui a perdu 65 % de sa valeur en deux ans.

2016 : Aramco envisage de vendre 5 % de ses parts en Bourse en 2018. Recettes prévues : 100 milliards.

L’Arabie saoudite est le premier exportateur de pétrole brut au monde. En 2016, Aramco a produit en moyenne 10,5 millions de barils de pétrole brut par jour, soit environ un baril sur huit dans le monde.

Aramco emploie 51 653 Saoudiens et 10 254 expatriés provenant de 77 pays, dont le Canada, la Chine, le Royaume-Uni et les États-Unis.

Son quartier général est à Dhahran, dans l’est de l’Arabie saoudite.

L’Asie est son principal marché.

Sources : prixdubaril.com, Aramco, lepoint.fr
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Claude Gélinas, Éditeur
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