Une journée sans solde, pas de primes

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cgelinas
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Les infirmières ayant répondu à l’appel du premier ministre devront rembourser en totalité leurs primes si elles prennent une seule journée sans solde au cours de l’année, révèle le guide d’application transmis au réseau mardi. Elles verront aussi leurs primes coupées au prorata des absences pour maladie ou maternité, notamment.

Le guide d’application des primes pour « l’attraction et la rétention des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires » du ministère de la Santé est limpide. « Seules les journées sans solde font perdre l’admissibilité [aux montants forfaitaires]. Une seule journée sans solde suffit à provoquer cet effet », y est-il écrit.

« Une seule journée vient annuler les 15 000 $ », se désole Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins (SPS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. « Il y a beaucoup de pratiques dans les établissements où les employeurs, pour discipliner les employés qui ne font pas de TSO [heures supplémentaires obligatoires], mettent des absences non autorisées. Et c’est considéré comme du sans solde. »

Dans son guide, Québec précise aussi que les professionnels qui changeraient d’établissement durant leur contrat, même s’ils restent dans le réseau de la santé, auraient à rembourser les sommes perçues. Le document sert de guide d’interprétation pour les contrats, d’une durée d’un an, que le gouvernement souhaite conclure avec des travailleurs de la santé. Ceux-ci ont jusqu’au 15 décembre pour signaler leur intérêt.

Depuis l’annonce de mesures incitatives destinées aux infirmières à la fin septembre, les syndicats et les travailleurs de la santé attendaient les détails entourant l’octroi des primes de 12 000 $ à 18 000 $ visant à garder les infirmières dans le système public et à en convaincre 4300 autres d’y revenir.

« Quand il a annoncé ça, ça avait l’air tellement beau, mais avec le temps qui passait, on voyait que les modalités n’arrivaient pas et on commençait à douter », raconte l’infirmier Hugo Le, qui travaille au CISSS des Laurentides et qui est représentant syndical pour la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).

Maintenant qu’il a vu le guide, il compare l’approche du gouvernement à la populaire série Squid Game, dans laquelle des concurrents rivalisent pour gagner un gros montant d’argent, au péril de leur vie. « C’est trop facile d’être éliminé de la course aux 15 000 $. On va y laisser notre peau, mais avec rien [à la fin] », illustre-t-il en entrevue au Devoir. « Les gens sont en colère. La section “prorata”, ce n’est pas si pire, mais la section “remboursement”, ça, ça ne passe pas », ajoute-t-il.

En parallèle avec les pénalités associées aux congés sans solde, le guide fournit des exemples d’absences qui auront pour effet d’amputer les primes au prorata des journées de travail manquées. Le ministère donne l’exemple d’unepersonne admissible à une prime de 18 000 $ qui s’absenterait pour un mois de vacances, trois mois de maladie et six mois de « libération syndicale interne ». À la fin de l’année, cette personne aurait à rembourser 3500 $ en raison de ses absences. Seules ses vacances et ses heures travaillées seraient ainsi prises en compte dans le calcul de sa prime.

« Pas de sens »

« Tombez pas malades, parce que vous allez perdre votre prime », lance Mélanie Gignac, présidente du SPS de Montérégie-Ouest. « Quelqu’un qui a un accident ou qui part [pour aller travailler dans un autre établissement], ça y est : il n’a plus respecté son entente et il faut qu’il rembourse. Ça n’a pas de sens », ajoute son collègue de Chaudière-Appalaches, Laurier Ouellet.

Le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, reconnaît que les absences pour maladie, maternité et rendez-vous de suivi de grossesse auront des effets sur les primes. À la FIQ, la vice-présidente du secteur sociopolitique, solidarité et condition féminine, Françoise Ramel, ajoute que les congés liés à l’assurance salaire, à la SAAQ et à la CNESST modifieront eux aussi les montants forfaitaires. « Qui peut accepter ça ? demande-t-elle. Vous signez un truc comme quoi pendant un an, il ne vous arrivera rien. » Mme Ramel voit dans l’approche de Québec « une atteinte à nos droits ». Comme plusieurs autres représentants syndicaux, elle dénonce l’approche du gouvernement Legault, qui propose des contrats qui vont « balayer la nouvelle convention collective ».

Elle dit aussi craindre que les mesures incitatives sèment la « bisbille » au sein du personnel soignant. Elle donne l’exemple des primes — de 2000 $ par quatre semaines à temps complet — que doit recevoir le personnel de jour qui acceptera des quarts de soir ou de nuit. « Les autres qui travaillent de soir depuis des années : pourquoi ils n’ont pas cette prime ? demande-t-elle. Vous imaginez l’iniquité entre les gens ? »

Les représentants syndicaux ont aussi dénoncé la prime équivalant à 14 % du salaire des cadres qui sera octroyée à ceux-ci au prorata du temps travaillé. « Elle est beaucoup moins restrictive », souligne Denis Cloutier. « C’est direct sur leurs payes. Et ça équivaut à beaucoup plus que 14 000 $ » étant donné la rémunération des cadres, a ajouté Laurier Ouellet.




Source: MSN / Le Devoir




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© Martin Bureau Agence France-Presse Des primes de 12 000$ à 18 000$ visant à garder les infirmières dans le système public et à en convaincre 4300 autres d’y revenir ont été annoncées par Québec fin septembre 2021.
© Martin Bureau Agence France-Presse Des primes de 12 000$ à 18 000$ visant à garder les infirmières dans le système public et à en convaincre 4300 autres d’y revenir ont été annoncées par Québec fin septembre 2021.
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Claude Gélinas, Éditeur
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