Laissons-les s’amuser!

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Laissons-les s’amuser!

Article rédigé par Martine L'espérance
Dimanche, mars 2nd, 2008

Copie d'un article d'opinion écrit par Paul Cappon, Président-directeur général, Conseil canadien sur l’apprentissage

Les parents d’aujourd’hui sont bombardés de messages sur ce qui est essentiel à la bonne éducation des enfants : moins de télévision, plus de lecture, 5 à 10 portions de fruits et légumes par jour, activité physique régulière, mise en garde contre les dangers de la rue.

Il n’est pas surprenant que de plus en plus de familles inscrivent leurs enfants, même ceux d’âge préscolaire, à des leçons organisées et des activités structurées et supervisées. Selon Statistique Canada, la proportion d’enfants de quatre et cinq ans ayant suivi des leçons organisées telles que gymnastique ou arts martiaux est passée de 23 % en 1999 à 30 % en 2003. Jusqu’à 41 % des enfants de ce groupe d’âges se sont livrés à des activités sportives encadrées, comparativement à 36 % en 1999.

En plus de résoudre certains problèmes de garderie, bien réalisées, ces activités stimulent les enfants, les alimentent bien, améliorent leur forme physique et assurent leur sécurité. Mais toute cette supervision et planification ne laisse plus place à une activité que de plus en plus de chercheurs estiment cruciale pour le sain développement des enfants : le jeu non structuré, spontané.

Selon un rapport récent du Conseil canadien sur l’apprentissage fondé sur les recherches objectives actuelles, le jeu joue un rôle important dans le développement de l’enfant. Il favorise l’acquisition des aptitudes intellectuelles, sociales, physiques et émotionnelles nécessaires pour réussir à l’école et dans la vie. Par exemple, l’empilage de blocs et le mélange de sable et d’eau stimulent le raisonnement mathématique et scientifique de même que la résolution cognitive des problèmes.

Le jeu turbulent, comme plaquer son frère, développe l’autodiscipline sociale et émotive, facteur peut-être particulièrement important dans le développement social des garçons. Le jeu imaginatif, comme la création d’un fort à l’aide de chaises de jardin et de serviettes, favorise la créativité et la souplesse.

Les jeux de simulation, particulièrement entre amis, encouragent à communiquer, converser, partager et résoudre des problèmes sociaux. L’experte en relations de travail a probablement commencé à aiguiser son flair pour la persuasion, la négociation, le compromis et la collaboration au cours des chamailleries avec les enfants du voisinage.

Les enfants apprennent en jouant. Ils combinent leurs idées, impressions et sentiments avec leurs expériences et opinions. Ils forment des idées à propos de leur monde et les partagent. Avec leurs pairs, ils créent une culture et une société. Bref, si vous tenez à ce que vos enfants soient avantagés dès le départ dans la vie, laissez-les jouer.

Donc, doit-on se dépêcher d’engager quelqu’un pour donner à nos enfants cet avantage précoce? Voici l’attrape : ce sont les enfants qui doivent inventer ces jeux et en prendre l’initiative; ils ne peuvent être enseignés. Le jeu autonome aide ces derniers à se sentir compétents et sûrs d’eux. En grimpant dans l’arbre le plus haut du parc, l’enfant met non seulement à l’épreuve sa force physique, mais également son courage. L’apprentissage, toutefois, est un sous-produit du jeu et non son objectif.

De plus en plus, la technologie, la circulation et l’urbanisation limitent l’espace de jeu de nos enfants, tout comme les préoccupations parentales de sécurité et de responsabilité limitent les occasions de jeu spontané, non structuré.

Pour de nombreuses raisons, les générations antérieures réussissaient beaucoup mieux à donner aux enfants l’espace et le temps nécessaires pour comprendre qu’ils pouvaient surmonter « l’ennui » par eux-mêmes. Nous avons tendance à l’oublier en tant que société et la recherche nous rappelle qu’il en vaut la peine de le redécouvrir.

Alors, que peuvent faire les parents pour encourager le jeu des enfants?

Préparez le terrain. Protégez le temps dont les enfants ont besoin pour explorer, découvrir et manipuler leur environnement. Les jeunes ont besoin de longues périodes ininterrompues d’au moins 45 minutes à une heure de jeu libre. Trouvez des programmes qui offrent ces longues périodes de jeu libre. Donnez-leur les matériaux qui les encouragent à créer leur propre univers, comme une pile de boîtes de carton vide, un coffre de vêtements pour se déguiser, quelques balles ou un carré de sable et un seau d’eau.

Jouez avec eux, surtout s’ils s’attaquent à quelque chose de nouveau, s’ils s’énervent ou s’apprêtent à abandonner parce qu’ils ne réussissent pas tout à fait à maîtriser une technique. Suivez-les dans la glissoire ou affublez-vous du chapeau de magicien.

Laissez-les courir les risques qui conviennent à leur âge : c’est ainsi qu’ils réussiront. Assurez-vous que tous les membres de la famille ou du groupe participent et ont la chance de jouer, selon leurs conditions. Reconnaissez que le désordre, les bousculades et les folies sont un élément essentiel du tout.

Envoyez-les dehors. Les paysages naturels offrent de riches expériences multi-sensorielles et favorisent les jeux turbulents, énergiques et physiques. Les terrains accidentés et raboteux développent la force, l’équilibre et la coordination. Les difficultés physiques et les chances de courir des risques sont plus fréquentes à l’extérieur. Laissez-les utiliser leur environnement pour construire, manipuler et créer à leurs propres fins.

Nous devons appuyer nos éducateurs de la petite enfance, qui superviseront inévitablement nos enfants pendant de nombreuses heures, à se sentir à l’aise de laisser ces derniers créer leur propre style de jeu. Il est important de créer un équilibre entre l’apprentissage dirigé et le jeu spontané.

Le jeu de l’enfant ne doit pas être au service des buts de l’adulte. Nous devons reconnaître l’importance du jeu et le droit de nos enfants à participer à des jeux issus de leur propre imagination. Nous pourrions peut-être également tirer une leçon des livres de nos enfants : le jeu ne devrait pas être un travail, après tout.
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

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