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Feu vert au projet de mine à Saint-Michel-des-Saints

Posté : 22 février 2021, 16:02
par cgelinas
Les travaux de la mine de graphite Nouveau Monde, située tout près de la municipalité de Saint-Michel-des-Saints, dans Lanaudière, pourront finalement aller de l'avant. C'est Québec qui l'a confirmé dans un décret publié mercredi dans la Gazette officielle.

Le projet minier Matawinie, piloté par l'entreprise Nouveau Monde Graphite, deviendra ainsi le plus grand projet du genre en Occident, avec une surface à ciel ouvert pouvant atteindre jusqu'à 2,7 kilomètres de long.

Si cette annonce réjouit la direction de la Municipalité, certains opposants dénoncent la trop grande hâte avec laquelle le gouvernement Legault a rendu sa décision, avant d'avoir en main toutes les études environnementales pourtant demandées par le Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE) dans son rapport rendu en juin dernier.

Ils craignent entre autres que les résidus acides résultant de l'extraction du minerai ne contaminent le site minier et ne se déversent dans ses zones de villégiature avoisinantes, dont le parc touristique du Mont-Tremblant et le parc régional du Lac Taureau.

Des études toujours en cours

Ugo Lapointe, qui dirige la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine, se dit à la fois déçu et étonné de la vitesse à laquelle le gouvernement a rendu sa décision. Il y a toujours des études manquantes sur les risques quant à la pollution de l'eau et à la gestion des déchets acides, dit-il.

On ne comprend pas, renchérit M. Lapointe. Avant la sortie du rapport, des groupes citoyens avaient pourtant rencontré le ministre Fitzgibbon [alors ministre responsable de la région de Lanaudière] qui avait promis que toutes les recommandations du BAPE allaient être respectées.

Du côté de Nouveau Monde, on se défend d'avoir voulu procéder trop rapidement. Le BAPE a fait ses recommandations, il a demandé certaines études que nous avons approfondies, dit Sophie Paquet, chargée des communications pour la minière.

Nous nous sommes livrés à d'autres exercices [environnementaux] avec le ministère et 30 autres organismes. On a même fourni de la documentation additionnelle, ajoute-t-elle.

Mme Paquet précise que Nouveau Monde a développé une nouvelle méthode pour gérer les résidus acides issus de l'extraction du graphite, qui lui permet de désulphariser une partie de la roche extraite.

Même si cette méthode n'a pas été testée ailleurs dans le monde, Sophie Paquet assure que les tests en laboratoire sont concluants et que la minière a combiné plusieurs méthodes éprouvées en développant sa solution.

Mais Ugo Lapointe n'en démord pas. En ce moment, on donne le feu vert et on dit : "Allez-y, et on ajustera en cours de route", dit-il, décrivant un processus qu'il juge à l'envers. Une fois que la pâte à dents est sortie du tube, on ne peut plus la remettre dedans, illustre-t-il.

Le tourisme en jeu

Je ne peux pas croire qu'en 2021, on puisse penser qu'installer une mine comme celle-là dans un secteur qui a le plus grand potentiel de développement récréotouristique au nord de Montréal, ce soit une bonne idée, s'étonne Gilles Cartier, de l'Association pour la protection du Lac Taureau.
On vient de poser une bombe à retardement dans notre région.

Gilles Cartier, Association pour la protection du Lac Taureau
Pour sa part, le directeur général de la Municipalité de Saint-Michel-des-Saints, Sébastien Gariépy, se réjouit de ce que le projet minier aille de l'avant. Il y voit, justement, une façon de diversifier l'économie de la région.

Le tourisme, c'est le moteur de notre économie, mais je suis content d'ajouter une nouvelle roue, dit-il, en vantant les retombées économiques du projet. S'il se dit lui aussi préoccupé par son impact environnemental, il certifie que tout est en place pour prévenir d'éventuels incidents.

En ce qui a trait au tourisme, M. Gariépy soutient que le projet minier a le potentiel d'attirer encore plus de visiteurs dans sa région. Je m'imagine tout à fait quelqu'un partir de Montréal pour venir voir nos paysages, s'arrêter au centre-ville pour prendre un café, et se dire : ''Tiens, je vais aller voir la mine'', dit-il.

Le graphite fortement demandé

Le graphite est particulièrement convoité ces dernières années, puisqu'il constitue un composant essentiel à la fabrication des batteries au lithium-ion, qui propulsent les voitures électriques.

Pour ce faire, le graphite doit toutefois subir une seconde transformation. C'est pour cette raison que Nouveau Monde a prévu la construction d'une usine à cet effet, à Bécancour.

Sophie Paquet assure que cet engouement est bien présent et que le carnet de commandes de Nouveau Monde se remplit rapidement.

Gilles Cartier, de l'Association pour la protection du Lac Taureau, se montre sceptique quant à l'avenir du minerai.

On voit déjà que les grandes compagnies, comme Tesla, développent de nouvelles technologies plus efficaces pour leurs batteries, et qu'elles expérimentent avec l'hydrogène, entre autres. Le graphite, ce n'est pas viable à long terme, estime-t-il.




Source: Radio-Canada




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Québec autorise la plus grande mine de graphite du continent, collée sur le Parc national du Mont-Tremblant

Posté : 22 février 2021, 16:17
par cgelinas
Montréal/Saint-Michel-des-Saints, 10 février 2021 – Une coalition d’élus, de citoyens et d’organismes regroupés sous la bannière de « Pour que le Québec ait meilleure mine! » dénonce la décision de Québec d’autoriser une méga mine à ciel ouvert en zone touristique, collée sur le Parc national du Mont-Tremblant et le Parc régional du Lac Taureau. Ils réagissent au décret d’autorisation de la mine de Nouveau Monde Graphite publié ce matin par Québec.

« Après l’analyse du décret, nous constatons que Québec a décidé de fermer les yeux sur plusieurs études manquantes concernant les risques de pollution de l’eau, la gestion de déchets acides et à l’impact de cette mine dans ce milieu hautement valorisé pour le tourisme », affirme Ugo Lapointe, porte-parole de la coalition et coordonnateur à MiningWatch Canada.

Le projet vise l’excavation d’une fosse à ciel ouvert de près de 2.7 km de longueur et génèrera plus de 107 millions de tonnes de déchets miniers, dont des millions de tonnes de résidus acides qui devront être entreposés à perpétuité dans le bassin versant du Parc régional du Lac Taureau. Nouveau Monde Graphite vise notamment à fournir le marché des voitures électriques.

Avis non suivis, promesses du ministre Fitzgibbon brisées

Daniel Tokatélof de l’Association de protection du Lac Taureau : « Québec n’a pas répondu aux avis du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) d’exiger toutes les études manquantes avant d’autoriser le projet. C’est extrêmement décevant et inquiétant pour la suite des choses. »

La coalition constate notamment que le décret ne fait aucune mention de l’absence d’acceptabilité sociale et de la division sociale localement, ni de l’opposition de la Nation Atikamekw de Manawan, qui revendique pourtant des droits ancestraux sur ce territoire. Le BAPE avait également recommandé à Québec d’agir sur ce front.

Le décret demande à la minière de déposer les études manquantes à une date ultérieure. Mme May Dagher de la Coalition des opposants à un projet minier en Haute Matawinie : « Cette décision est d’autant plus consternante que le ministre de l’économie, M. Fitzigibbon, nous avais promis dans le blanc des yeux que Québec suivrait tous les avis du BAPE avant d’autoriser un tel projet ».

Méga fosse, dynamitages, résidus acides : un précédent en zone touristique

« La décision de Québec d’autoriser une mine d’une telle envergure dans une zone touristique surprend des dizaines d’associations de lacs, de municipalités et de citoyens qui se mobilisent actuellement dans les régions des Laurentides, de Lanaudière et de l’Outaouais face à un boom de projets miniers de graphite », affirme Louis St-Hilaire du Regroupement pour la protection des lacs de la Petite Nation.

Denis Fillion, pro-maire de la petite municipalité de Grenville-sur-la-Rouge qui a subi une poursuite de 96 millions de la minière Canada Carbon en 2018, abonde dans le même sens : « Québec doit revoir la Loi sur les mines et les territoires incompatibles aux activités minières pour mieux baliser cette industrie ».

En octobre dernier, de nombreux organismes et des élus ont co-signé une lettre ouverte afin que Québec mettre œuvre les « 3 principes pour que la transition ait meilleure mine ». M. Lapointe : « Si Québec prétend vouloir alimenter de façon responsable le marché des véhicules électriques avec ses ressources minérales, il est urgent de revoir ses lois afin de ne pas sacrifier des lacs, des collectivités et des territoires hautement valorisés pour le tourisme et d’autres économies locales ».




Source: Québec meilleure mine

La nouvelle est aussi rapportée ici, dans Majeur.




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