La Cour suprême prend la cause Mike Ward c. Jérémy Gabriel en délibéré

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cgelinas
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La Cour suprême du Canada s'est penchée lundi sur le droit de l'humoriste Mike Ward de se moquer de Jérémy Gabriel et sur le droit de M. Gabriel à la dignité.

Les neuf juges du plus haut tribunal du pays se sont réunis pour entendre la cause, qu'ils ont prise en délibéré après avoir entendu les arguments des uns et des autres.

Ce tribunal a l'habitude de prendre quelques mois avant de rendre une décision.

L'avocat de M. Ward, Julius Grey, a été le premier à présenter ses arguments.

Il n'existe pas un droit de ne pas être offensé, a déclaré Me Grey, qui a insisté sur le fait que l'humoriste faisait des commentaires sur une vache sacrée et n'attaquait pas l'enfant pour son handicap.
Se moquer ne prive pas quelqu'un d'un service ou d'un droit.

Me Julius Grey, avocat de Mike Ward
Me Grey a fait sursauter au moins deux juges quand il a poussé son argument un peu plus loin.

On pourrait argumenter que Mike Ward a offert l'égalité à Jérémy Gabriel en le traitant de la même manière que les autres vaches sacrées, a avancé Me Grey.

Allons donc!, l'a interrompu le juge Russell Brown. N'allez pas si loin. Nous ne parlons pas de Galilée ou de Salman Rushdie. Ce n'est pas un héros, a poursuivi le juge.

Nous parlons de quelqu'un qui a dit qu'il a tenté de noyer un enfant de 13 ans qui a un handicap physique, a renchéri la juge Sheilah Martin, faisant référence à une des blagues du spectacle de M. Ward.

Beaucoup dans la comédie est de mauvais goût, a souligné Christopher Bredt, avocat de l'Association canadienne des libertés civiles, un des intervenants arguant en faveur de la liberté d'expression.

Lorsqu'elle a pris la parole à son tour, l'avocate de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a assuré qu'il n'est pas ici question de bon ou mauvais goût.

Le dossier ici ne concerne ni la morale ni le bon goût. Il s'agit de discrimination. Discrimination d'un enfant, discrimination d'un enfant handicapé, a déclaré Me Stéphanie Fournier, renvoyant les juges à l'effet des paroles sur la dignité de Jérémy.

L'avocate a rappelé qu'il y a eu des capsules vidéo, diffusées sur Internet, un élément majeur, selon elle, parce ces capsules étaient accessibles aux compagnons d'école de Jérémy Gabriel.

Il s'est fait moquer, il s'est fait intimider à l'école. [...] Il a eu à composer avec la détresse de ses parents, aussi. Donc, c'est énormément de conséquences vécues par Jérémy, a plaidé Me Fournier.

L'avocat de Jérémy Gabriel et de sa mère, qui avaient tous deux le statut d'intervenants, a fait écho aux arguments de la commission.
Dans ce cas-ci, [...] M. Ward [...] est allé trop loin [...]. Il y a eu des répercussions qui ne pouvaient être ignorées.

Me Stéphane Harvey, avocat de Jérémy Gabriel et de sa mère
En novembre 2019, deux des trois juges de la Cour d'appel du Québec ont ordonné à Mike Ward de payer 35 000 $ en dommages punitifs et moraux. La cour a cependant infirmé la décision du Tribunal des droits de la personne d'accorder aussi des dommages de 7000 $ à la mère de M. Gabriel.

L'affaire est suivie avec beaucoup d'intérêt au Québec, le plus haut tribunal du pays devant déterminer si la liberté d'expression protège autant le discours artistique que le discours politique. Les juges de la Cour suprême ont aussi à décider si se moquer de caractéristiques personnelles équivaut à de la discrimination.

Atteint du syndrome de Treacher Collins, une maladie congénitale caractérisée par des déformations du crâne et du visage, Jérémy Gabriel avait acquis une certaine notoriété lorsqu'il a chanté, en 2006, à l'âge de 9 ans, pour le pape Benoît XVI.

Dans un de ses numéros, Mike Ward avait choisi de se moquer de plusieurs personnalités connues, l'une d'elles étant Jérémy Gabriel. L'humoriste a alors raillé les caractéristiques physiques de celui à qui il s'oppose aujourd'hui en justice.

Deux parties en cause et huit intervenants entendus

Les deux parties en cause devant la Cour suprême du Canada sont M. Ward et la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

À part M. Gabriel et sa mère, il y a six autres intervenants dans cette cause, dont l'Association des professionnels de l'industrie de l'humour, l'Association canadienne des libertés civiles et la Ligue pour les droits de la personne de B'nai Brith Canada.

Le milieu est inquiet. [...] Un effet de frilosité va nécessairement amener de l'autocensure, s'est désolé Me Walid Hijazi au nom des professionnels de l'industrie de l'humour.



Source: Radio-Canada



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Voici une sélection de commentaires qui faisaient suite à l'article, ci-haut, dans le site de Radio-Canada.


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René Giguère

J'avoue que j'ai ri parfois des farces plates de Mike Ward et de son humour caustique, mais depuis l'affaire de Jeremy, je le trouve moins drôle et je pense qu'il commence à réaliser qu'il n'aurait peut-être pas du aller aussi loin..

Il a carrément manqué de jugement et il a dépassé les bornes de l'humour, de la décence et de la liberté d'expression des centaines de fois en répétant la même erreur.

Ill se fera probablement rappeler à l'ordre par la Cour Suprême car jusqu'à date il ne semble pas l'avoir compris comme tous ceux et celles qui l'approuvent et espèrent qu'il sortira gagnant de cette triste sage qui n'en finit plus de finir..

Si jamais la Cour Suprême dans un moment d'égarement le déclare innocent et ouvre la voie à toutes les aberrations et les insalubrités au nom de la liberté d'expression en humour, j'y perdrai mon latin car j'en serais fort surpris, mais j'aurai eu la satisfaction d'exprimer ce que j'en pense..


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Roland Boucher

"...On pourrait argumenter que Mike Ward a offert l'égalité à Jérémy Gabriel en le traitant de la même manière que les autres vaches sacrées", a avancé Me Grey...". Voilà un argument qui a, pour le moins, surpris: Un concept de méchanceté distribuée de façon "équitable" parmi les victimes et pour lequel on nous invite à être reconnaissant. Le juge n'a pas apprécié et a rabroué Me Grey. Je crois qu'on a probablement forcé la note et que la coupe de cristal est maintenant craquée. Ce pourrait bien être un signe avant-coureur de l'échec du plaidoyer.


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Gregory Mercier

Et bientôt poursuites et recours collectif des blondes, des roux, des chauves, des coupes Longueuil, des Belges, des Newfies, des petits, des grands, des cul-de-jatte, des vieux à marchette, des jeunes à casquette à l'envers, des végétariens, des oreilles décollées, des bobos du Plateau... Nous sommes tous moqués à un moment ou un autre de notre existence, et c'est parfois blessant. Faut-il pour autant faire intervenir la Justice pour légiférer nos sensibilités et susceptibilités? J'espère que ... » Lire la suite


Réponse à ce message par Marie-Chantal Tremblay

@Gregory Mercier

Vous parlez des difficultés du vivre en société parfois, ce n'est pas du tout la même ampleur qu'un humoriste qui a répété 230 fois sa prestation dénigrante sur Jérémy devant un auditoire. Il était un jeune de 13 ans qui subissait déjà beaucoup de discrimination en raison de son handicap dans son milieu scolaire et social. Ward a multiplié sans scrupule les attaques qu'il a dû subir au quotidien, il se demandait même "pourquoi il n'était pas encore mort, qu'il n'était pas tuable", c'est grave et loin d'être drôle, les conséquences auraient pu être plus dramatiques.


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François Léveillé

Il y a des propos xénophobes qu'on accepte pas envers les gens d'autres origines ethniques, d'autres couleurs ou d'autres religions. Pourquoi ça serait plus acceptable envers des gens qui ont des handicaps ou des conditions médicales ? On appelle ça du capacitisme...


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Claude Lévesque

De l'humour ???

Faire de l'humour en discriminant en enfant de 13 ans...

Faut le faire...

Je regrette, les humoristes tels que Ward, qui ne sont pas capables de dire 2 mots sans sacrer ou sans blasphémer, on en retrouve beaucoup trop au Québec.


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André Leclerc

Le droit de mourir dans la dignité a été reconnu il y déjà quelques années maintenant. Le droit de vivre dans la dignité est lui aussi reconnu. Me Grey semble l'avoir oublié dans l'enveloppe des ses honoraires.

Le droit de vivre dans la dignité est lui aussi reconnu. Mais il semble que l’on passe d’un extrême à l’autre sans discernement, sans capacité de jugement. Il faudrait accepter n’importe quelle forme d’humour alors que des professeurs sont condamnés sans procès même lorsqu’ils utilisent un vocabulaire juste dans un contexte pédagogique prévisible et clairement expliqué.

L’humour trash n’est pas l’équivalent de l’humour noir ou l’humour absurde que pratiquaient Yvon Deschamps, RBO ou les Cyniques par exemple. Deschamps n’y allait pas non plus de main morte quand, avec la complicité de sa « victime », il pouvait nous passer le message de l’absurdité de nos préjugés. Il utilisait l’absurde afin de nous confronter à nos travers comme beaucoup d’auteurs l’avaient fait avant lui.

L’humour trash et gratuit n’a aucun respect pour la dignité humaine et ne s’adresse même pas aux idées. Le but est sans doute de provoquer en faisant le plus mal possible, en visant surtout les différences. Permettez-moi de penser que ça n’a rien à voir avec la liberté d’expression ni une forme quelconque d’art moderne inspiré des médias sociaux. Banaliser un agissement qui, avec les « produits dérivés » dans les radios du même calibre, se répète à des centaines d’occasions a des conséquences sur la personne qui subit le rejet et sur l’auditoire qui gobent des « jokes faciles » qui ne sont pas vraiment des « jokes ».

C’est la définition même du harcèlement qui est tellement condamné en milieu de travail ou dans une série de tweets. Alors pourquoi tolérer ce même comportement lorsqu’il s’agit d’humour?


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Cookie Praxt

« C’est pas parce qu’on rit que c’est drôle »

Surtout d’un enfant. Gratuit, paresseux, méchant.

On ne peut pas tout dire en prétextant que «Rhââahh! C’t’une joke!» et en rajouter une couche de déni insensible en accusant l’autre de manquer d’humour.

Mike Ward cherche à se rendre interessant, d’abord avec des moqueries médiocres, puis en soufflant sur une pseudo-controverse. Ça vole bas.

M. Ward, adulte, aura les capacités et l’occasion de s’en défendre, s’il le souhaite.



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Claude Gélinas, Éditeur
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