L’État promoteur des paradis fiscaux

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cgelinas
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Les paradis fiscaux, ça devrait être criminel

«Paradis fiscaux: une somme colossale de 353 milliards de dollars a quitté le Canada en 2018.»

353 milliards acheminés dans les paradis fiscaux par les compagnies et les riches canadiens afin d’éluder l’impôt sur le revenu à payer. Ça, c’est pour la seule année 2018 et pour un seul pays. Qu’on se le dise: les paradis fiscaux, ça devrait être criminel, car ça tue et ça maintient dans l’indigence des millions de personnes dans le monde. Ça empêche aussi l’instauration et le financement des services publics.

Je le répète: avec le moindrement de volonté politique, les gouvernements pourraient facilement mettre fin à l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux. Comme dans le cas de la protection de l’environnement, nos élus subjugués parlent beaucoup et mettent en place plein de consultations et de comités qui ne sont que du vent et qui ne changent absolument rien. Et nos politiciens de venir nous dire: «Ottawa admet son impuissance à saisir de l’argent à l’étranger».

Ce n’est pas qu’il est impuissant, mais c’est plutôt qu’il ne veut pas.

La solution de certains penseurs «lucides»

Pour réduire à zéro l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, le Canada n’a qu’à devenir lui-même un paradis fiscal en abolissant l’impôt sur le revenu afin de le remplacer par des taxes de vente à la consommation, par la privatisation de nombreux services publics et par la tarification de ceux qui restent.

Abolir l’impôt sur le revenu et lui préférer les taxes de vente (TPS et TVQ), même sur les aliments, c’est ce que suggèrent le patronat depuis toujours ainsi que Maxime Bernier, le chef du Parti populaire du Canada, Martin Coiteux, l’ex-premier ministre libéral, qui aimait varger dans nos programmes sociaux afin de les moderniser et qui s’est trouvé une belle petite niche à titre d’économiste en chef à la Caisse de dépôt et placement du Québec et des universitaires émérites, l’économiste Pierre Fortin et le fiscaliste Luc Godbout. Pour Martin Coiteux, adopter de telles politiques fiscales, c’est révolutionnaire et c’est équitable alors que c’est tout à fait le contraire, comme il l’avait écrit dans son opinion du 3 février 2012 : «À quand la révolution? Ni le président Obama ni les républicains n’envisagent une réforme fiscale (ramener l’impôt sur les profits à zéro) pour une imposition plus équitable.»

Interdire l’usage des paradis fiscaux par le public

«Facture salée pour le port de Québec. Le coût du projet d’expansion atteint 775 millions de dollars.»

Dans cet article, on apprend que les gestionnaires du port sont maintenant heureux d’annoncer le partenariat avec deux exploiteurs étrangers privés. Après les aéroports, on privatise en coude nos ports.

Les patrons du Port de Québec sont fiers d’avoir déniché deux firmes expertes en gestion portuaire, soit Hutchison Ports, une multinationale enregistrée dans le paradis fiscal des îles Vierges britanniques et l’autre CK Hutchison Holdings Limited, qui s’apparente à un fonds spéculatif, incorporé aux îles Caïmans. C’est ainsi que nos organismes publics et l’État banalisent le recours aux paradis fiscaux. Si le public le fait, le privé peut le faire aussi.

Même si l’agrandissement du port de Québec menace la survie d’un poisson (bar rayé) en voie de disparition: «La CAQ se porte à la défense du projet Beauport 2020».

Et comme pour l’usine de liquéfaction du gaz naturel, GNL Québec et la construction d’un port méthanier au Saguenay, qui mettraient en péril l’habitat naturel du béluga et émettraient beaucoup de gaz à effet de serre, les chambres de commerce sont toujours favorables à ces investissements structurants et signifiants: «Beauport 2020. Un projet porteur pour le Québec». Porteur pour qui au juste?

Beaucoup s’emballent pour ce qu’a fait à ce jour la CAQ, même le visible et audible dramaturge Dominic Champagne, mais pas moi. Nommez-moi juste une mesure de la CAQ qui a déplu au patronat? Discutable maternelle quatre ans; moderniser des chauffeurs de taxi au bénéfice de Uber; réduction de la taxe scolaire au profit des nantis; pas touche du tout aux salaires des médecins et aux prix faramineux des médicaments; appui à la multinationale américaine Alcoa dans son combat héroïque contre ses employés; endossement de la décision de Velan de flusher 200 emplois au Québec afin de les délocaliser pour l’Inde et son «cheap labor»; etc. Un peu plus et François Legault va subventionner davantage Alcoa, afin de l’aider à sous-traiter ses employés et Velan, afin de l’aider à financer sa délocalisation en Inde. À cet effet, la CAQ est sur la même longueur d’onde que le patronat qui demande ça depuis longtemps : «Les délocalisations ne sont pas à craindre, estime la Chambre de commerce de Montréal» (Le Devoir, 7 avril 2006). Même que le patronat demande au gouvernement de subventionner les emplois exportés ailleurs où la main-d’œuvre ne coûte pas cher.

La Caisse de dépôt aussi

«La Caisse de dépôt a plus que doublé ses investissements en cinq ans. Le Québec n’est pas un ange avec les paradis fiscaux» (Le Journal de Montréal, 7 mai 2019). Ça ne date pas d’hier que la Caisse fait abondamment usage des paradis fiscaux comme le démontre le titre de cet article du Soleil datant du 9 mars 2002 : «La Caisse de dépôt admet utiliser des paradis fiscaux pour maximiser ses gains». Maximiser ses profits et aussi: «La Caisse au Luxembourg pour payer moins d’impôts».

Et comme rien n’est à son épreuve, le président de notre institution publique s’exclame: «Paradis fiscaux. Sabia défend les investissements de la Caisse». Loin de s’en cacher, il les défend. C’est fort!

Il faudrait sensibiliser Michel Sabia, cet ex-PDG de Bell Canada, aux méfaits globaux des paradis fiscaux sur les États qui sont alors amputés de milliards de dollars qu’ils pourraient investir dans les services publics, qui en ont grand besoin, et sur les individus de la classe moyenne qui doivent payer en impôts ce que la classe supérieure devrait payer, mais qu’elle ne le paie pas.

Oui la Caisse de dépôt bénéficie financièrement de la présence dans les paradis fiscaux, mais c’est plus que contrebalancé par ce que l’État et les individus ordinaires perdent au change. En plus, les paradis fiscaux c’est criminel dans les faits. Nos politiciens devraient interdire à l’État, aux organismes publics et à ses sociétés d’État de faire affaire dans les paradis fiscaux ou d’accorder de lucratifs contrats à des firmes qui brassent de la grosse business dans ces endroits, comme le cabinet d’experts-comptables KPMG : «Paradis fiscaux. KPMG cache des clients».


Source: Journal de Québec
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

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