Pénurie de main-d’œuvre: une fumisterie

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La cabale de la pénurie de main-d’œuvre

La pénurie de main-d’œuvre est une grosse farce entretenue et alimentée par le patronat afin que le gouvernement finance la venue massive de migrants permanents et de travailleurs étrangers temporaires afin de faire baisser encore plus la rémunération des employés ordinaires.

Le cycle infernal de la montée des inégalités économiques et de la profitabilité des agents économiques continue de plus belle avec la complicité des élus. Selon la théorie chérie des capitalistes, si la demande de travailleurs excède l’offre, alors les salaires sont censés augmenter.

Mais pour les ouvriers au bas de l’échelle, pénurie de travailleurs rime dans leur cas avec salaires inférieurs en raison de la venue de gens de l’étranger.

Quand les pétrolières et d’autres, sous de faux prétextes, augmentent leurs prix à cause supposément d’un excédent de la demande sur l’offre, ils disent alors qu’ils s’en remettent simplement à la loi « naturelle » du marché ainsi qu’à l’offre et la demande. Mais leur loi « naturelle » ne fonctionne pas pour les ouvriers ordinaires. Afin de soulager financièrement les contribuables et de réduire les coûts de la santé publique, ce sont des médecins étrangers qu’il faudrait faire venir au Québec en priorité. Et pour briser le cartel des pharmaceutiques, il faudrait créer Pharma-Québec, tel que le suggèrent Amir Khadir et Québec Solidaire.

Et puis s’il y a pénurie de main d’œuvre, pourquoi les gouvernements versent-ils encore des milliards de dollars en subventions, puisées dans nos poches à des transnationales riches sous prétexte de vouloir créer des emplois? Il me semble que si c’est vrai qu’il y a pénurie de travailleurs, l’État n’a plus besoin de subventionner la création d’emplois qui vient déséquilibrer le marché de l’emploi.

Dites-moi, pourquoi alors subventionner les éoliennes privées, massivement étrangères, pour stimuler l’emploi en régions alors qu’en même temps ces mêmes régions et le patronat demandent aux gouvernements de faire venir toujours plus de travailleurs étrangers afin de pallier au manque d’ouvriers? Pourquoi continuer à subventionner les secteurs du commerce électronique et du multimédia, dans lesquels l’État paie pour environ 40 % des salaires des employés?

eu importe ce qui se produit, le patronat en sort toujours gagnant et les plus petits toujours perdants, grâce aux immenses moyens qu’il déploie pour « lobbyer » les élus et pour endoctriner les individus en se payant des experts, des universitaires et des journalistes-animateurs qui feront la job en produisant des études, des analyses et des chroniques bidons dans les médias de toutes sortes.

Parlant de propagande alarmiste

Tiens, tiens, le gros bureau d’experts-comptables Price Waterhouse affirme dans sa dernière publication : « La pénurie de main-d’œuvre qui affecte le Québec » (Le Devoir, 14 juin 2018). La solution passe donc non pas par une hausse des salaires, mais par la venue de « cheap labor » de l’étranger. Ah bon, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) qui, suite à une étude très sérieuse et plus qu’objective, nous dit que : « Record de postes vacants au Québec » (Le Devoir, 6 juin 2018). Dans quels domaines y’a-t-il des vacants? Ça vient énervant à la longue.

Tous les jours, certains organismes d’information et des élus répètent toujours la même chanson patronale.

Parlant de faire-valoir, pourquoi ne pas organiser un gros colloque universitaire aux HEC-Montréal, un organisme de haut savoir qui a de fidèles accointances avec le patronat? Quelle formidable originalité! Ledit colloque porte sur la pénurie de vous savez quoi et il conclut, oh surprise, que : « La rareté de main-d’œuvre forcera-t-elle le virage de la productivité tant espéré? » (Le Devoir, 29 mai 2018). Bravo au quotidien d’avoir suivi de près cette rencontre de bollés qui veulent notre bien. « Virage de la productivité tant espéré » qu’il est dit, mais comment? C’est simple, en « invitant » le travailleur à faire plus d’heures pour le même salaire. Le caquiste Simon Jolin-Barrette va trouver ça bon lui qui suggère, comme Lucien Bouchard, aux Québécois de travailler 60 heures par semaine.

Voyons donc, gang d’hurluberlus, il ne faut surtout pas suggérer d’augmenter les salaires pour accroître la productivité. Et pourtant, c’est drôle comment les dirigeants d’entreprises peuvent avoir différentes « théories » pour différentes personnes.

Par exemple, pour les patrons, ils nous disent que c’est pour augmenter leur « productivité » s’ils les inondent de millions de dollars additionnels sous forme d’options d’achat d’actions chaque année. Très beau sens critique des HEC : on postule à priori qu’il y a pénurie de main-d’œuvre.

Deux autres titres récents : « La rareté de main-d’œuvre frappe de plus en plus durement les PME manufacturières québécoises » et « Le Québec atteint le plein emploi. Le problème de la pénurie de main-d’œuvre s’en trouve exacerbé » (Le Devoir, 8 mai et 30 janvier 2018). Trop c’est comme pas assez, la coupe est pleine!

Un exemple de solution à ladite pénurie

Vous voulez un exemple de solution proposée par certaines entreprises à la prétendue pénurie de main-d’œuvre? Oui, selon la légende, il faut absolument faire venir des travailleurs étrangers (Guatemala), mais il ne faut surtout pas légiférer pour augmenter le salaire minimum, surtout pas pour ceux qui proviennent de l’étranger. Et face à l’imaginaire pénurie, les entreprises demandent plus de subventions de l’État pour qu’elles puissent les aider à payer un peu mieux leurs employés. Et après on vient nous « entretenir » des vertus du privé; de l’économie de marché; de la mondialisation; du moins d’État; etc., toutes des initiatives heureuses qui enrichiront tous les travailleurs : « Salaire minimum. Les producteurs de fraises menacés » et « Stratégie sur la main d’œuvre. Des mesures (plus de subventions) à prévoir dans le prochain budget (du Québec) » (Le Journal de Montréal, 26 juin et 25 novembre 2017).

Où sont les manques?

À vrai dire, il y a des pénuries de main-d’œuvre dans les jobs nettement sous-payées comme dans « Gros manque dans les usines de viande » (Le Journal de Montréal, 28 novembre 2017). Augmentez vos salaires les amis et vous allez voir la pénurie va s’estomper! Ah ben : « Les garages à court d’employés saisonniers. La pénurie de main-d’œuvre perturbe (que c’est triste) l’installation de pneus d’hiver » (Le Journal de Montréal, 20 novembre 2017). Allez, payez donc votre monde comme il se doit!

« Une pénurie d’employés lourde de conséquences (vraiment dramatique) pour des restaurateurs » et « La région de Québec (le royaume de l’automobile) en manque de mécaniciens dans les garages » (Radio-Canada, 19 septembre 2017 et le Journal de Montréal, 6 octobre 2017).

À un faux problème, le PLQ aide le patronat

Comment alors résoudre le pseudo-problème de la pénurie de main-d’œuvre sans augmenter le salaire des travailleurs ordinaires? Le PLQ a encore la solution qui plait au patronat : « Québec mise sur l’immigration pour son déficit de main d’œuvre » (Le Devoir, 16 septembre 2017). En terminant, puis-je dire bravo au professeur retraité de l’Université du Québec à Trois-Rivières, spécialiste de la PME, monsieur Pierre-André Julien, pour son opinion publiée dans Le Devoir du 7 septembre 2017 et intitulée : « Le mythe de la pénurie de main-d’œuvre ». Je vous invite à le lire.


Source: Journal de Montréal
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Ce n’est pas la première fois qu’on nous rappelle la supposée pénurie de main-d’oeuvre causée par le vieillissement de la population. On en discutait déjà à la fin des années 2000, en même temps que la disparition de centaines de PME, encore ici à cause de ce vieillissement du côté de leurs dirigeants. Et pourtant, cette dernière catastrophe annoncée n’est pas plus présente qu’elle l’était il y a dix ou vingt ans, si l’on exclut la vente de plusieurs grandes entreprises québécoises avec l’assentiment du gouvernement Couillard.

Dans le cas de la main-d’oeuvre, plusieurs journalistes en rajoutent en rappelant qu’il suffit de regarder les affiches « On embauche » sur le devant les usines rencontrées le long des autoroutes pour se convaincre de cette pénurie. Mais s’ils interrogeaient vraiment les dirigeants de ces usines, ils comprendraient que cette stratégie n’est pas nouvelle puisqu’elle ne fait que s’ajouter aux autres moyens traditionnels et s’explique par le désir d’avoir une liste d’employés répondant exactement à leurs besoins lorsque les ventes augmenteront.

Preuve en est la nouvelle d’il y a deux semaines touchant le bond remarquable des investissements à Montréal dans la nouvelle économie, bond qui s’expliquerait en particulier par la grande qualité de la main-d’oeuvre au Québec et, indirectement, par leur disponibilité.

Des solutions

Il reste que certains emplois, du moins à court terme, ont presque toujours été difficiles à pourvoir. Mais il existe plusieurs solutions à cela. La première, comme nous l’avons constaté à l’Institut de recherche sur les PME en intervenant auprès de centaines d’entreprises manufacturières québécoises, montre qu’en moyenne les équipements sont utilisés à moins de 35 % du temps disponible. Il suffirait que les dirigeants d’entreprise agissent pour accroître considérablement cette utilisation avec le même nombre d’employés, par exemple en réaménageant le travail de ces derniers ou en diminuant le temps requis pour passer d’une production à l’autre. Mais le plus important serait de recourir aux idées des employés, organisées dans ce qu’on appelle des équipes semi-autonomes, pour faire plus facilement et plus efficacement le travail. Certaines entreprises octroient plus de 10 000 $ par année à ces équipes pour investir dans ces améliorations continues sans avoir besoin d’en référer à la direction.

La seconde solution, liée à la première, requiert plus de formation et d’information. Puisqu’il a été démontré que plus les employés reçoivent de la formation et savent d’avance ce qui vient, plus ils commencent à penser à comment intégrer les nouveaux équipements aux anciens de façon à faire encore mieux avec le tout. Les meilleures entreprises dépensent plus de 5 % de la masse salariale en formation continue, soit cinq fois plus que la moyenne.

La troisième solution est d’offrir de meilleures conditions de travail. Pour rappel, la moyenne des salaires en valeur réelle dans les quinze dernières années n’a à peu près pas augmenté. Cette politique permettrait aussi de rapatrier des centaines d’employés partis dans l’Ouest canadien, étant donné le ralentissement économique là-bas. Nos études expliquent aussi que les meilleures stratégies pour attirer et retenir une bonne main-d’oeuvre sont, d’abord, l’implication des employés dans le développement de leur entreprise et, ensuite, de meilleures conditions de travail.

La quatrième solution est la flexibilité dans les tâches, par exemple avec une partie du travail pouvant être réalisé à la maison ou encore le temps partiel. On sait qu’un bon nombre de travailleurs âgés accepteraient de revenir au travail si on leur offrait ce temps partiel.

La cinquième solution à laquelle certaines entreprises recourent pour pourvoir des emplois très spécialisés est l’immigration, notamment en passant par les Maisons du Québec à l’étranger ou en regroupant cette recherche, par exemple avec le Groupement des chefs d’entreprise du Québec, qui a des antennes en France et en Belgique.

Forte demande américaine

Il faut aussi se rappeler qu’une bonne partie de ces besoins en main-d’oeuvre est liée à une forte demande américaine à cause d’un dollar faible, demande qui, par définition, exerce une pression sur la monnaie, faisant monter sa valeur, ce qui devrait permettre un meilleur équilibre sur le marché du travail. De même, il faut être prudent avec toute projection démographique de plus de cinq ans, qui se réalise rarement.

Du moins, cette supposée crise et la vigueur de l’économie remettent à nouveau en question le supposé retard économique du Québec à cause de notre langue et de nos valeurs. Elle démontre à nouveau que toute économie repose sur l’imagination, sur la compréhension de sa complexité et sur une volonté collective stimulant la confiance, non seulement chez les entrepreneurs, mais aussi dans toute la société.


Source: Le Devoir
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"Les employeurs aiment bien se plaindre. On entend les chambres de commerce ou le conseil du patronat dire qu'il manque de main d'oeuvre.

En fait, ils veulent dire qu'il manque de main d'oeuvre à bon marché, docile, bilingue pour n'importe quelle fonction, surqualifiée et qu'ils ne veulent pas former non plus.

Pas surprenant non plus qu'ils plaident pour hausser le nombre d'immigrants admis."

— Éric Vallée
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Les meilleures stratégies pour attirer et retenir une bonne main-d’oeuvre sont, d’abord, l’implication des employés dans le développement de leur entreprise et, ensuite, de meilleures conditions de travail.
Malheureusement, c'est une leçon que nos entreprises nord-américaines n'ont pas comprise encore.

Notre système de management hiérarchique écarte les travailleurs des décisions qui pourront améliorer l'essor de l'entreprise.

En Europe, on constate que chaque conseil d'entreprise doit inclure quelques employés pour entreprendre conjointement les décisions entrepreneuriales qui s'imposent.

C'est le bon sens avec des effets avantageux pour l'entreprise.

— Nadia Alexan
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Parfaitement d'accord avec cet article du Professeur Léopold Lauzon, dans sa chronique du Journal de Montréal.

Nous assistons à une opération du patronat pour dévaloriser la force de travail locale en important de la concurrence étrangère.

Dans le lot, il y a du "talent" étranger aussi, cela va sans dire mais règle générale, on importe une concurrence supplémentaire pour des emplois en nombre limités.

L'importation massive de main d'œuvre s'ajoute à l'automatisation et à la robotisation, sans oublier les usages ciblés des principes d'intelligence artificielle.

Tous ces développements ont un impact sur le nombre et la qualité des opportunités destinées à nos travailleurs.

Autrement dit, il faut rivaliser de créativité pour demeurer pertinents, en tant que travailleurs, dans un monde du travail en constante mutation.
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