Rona: une démolition pas si tranquille

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cgelinas
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Excellent billet de Mathieu Bock-Côté dans le Journal de Montréal

La nouvelle est tombée comme un coup de masse. RONA sera vendue à des intérêts américains. Lowe’s en prendra le contrôle. Ce fleuron québécois passera donc dans des mains étrangères.

Ce n’est pas si surprenant. Nous avons l’habitude de voir nos grandes entreprises nous quitter, comme si, à partir d’un certain stade de développement, elles devenaient trop grosses pour le Québec.

Évitons les euphémismes: il s’agit d’une terrible nouvelle, quoi qu’en pense Dominique Anglade, une femme de qualité, pourtant, qui y voit une transaction «bénéfique» pour le Québec.

Il y a des limites à prendre les gens pour des imbéciles, mais de toute évidence, Dominique Anglade ne les connaît toujours pas.

À moins que les élites libérales s’amusent tout simplement à transgresser les exigences élémentaires de la décence.

Mondialisation

On voit tout de suite les raisonneurs au service du capitalisme nous expliquer que cette transaction s’explique par les mouvements complexes du capitalisme.

Avec la mondialisation, la propriété nationale des entreprises importerait de moins en moins. Tout serait soumis à de grands flux qui échapperaient aux contrôles des peuples et des nations.

Il ne faudrait pas être nostalgique ou sentimental: si les actionnaires d’une entreprise trouvent profitable sa vente à l’étranger, il faudrait même applaudir.

Telle serait la logique des marchés, qui ont toujours raison.

On prend pourtant conscience, un peu partout dans le monde, des limites du capitalisme qui, pour bien fonctionner, doit être dompté et encadré. On redécouvre même la nécessité pour chaque peuple de contrôler son destin.

Mais pas au Québec.

On a l’impression de revenir plus de 50 ans en arrière, avant cette grande poussée d’émancipation nationale que fut la Révolution tranquille.

Parmi ses grands objectifs, il y avait quand même une reprise en main de leur économie par les Québécois.

Dépossession économique

Est-ce que nous comprenons qu’à vendre ainsi les grandes entreprises québécoises, nous redeviendrons une économie de locataires, où les grands centres de décision nous seront étrangers?

On pourrait aussi parler d’une économie de succursales, comme si nous n’étions plus qu’une série de consommateurs déculturés sans pouvoir économique collectif.

Mais évidemment, pour vouloir défendre une économie nationale, encore faut-il savoir que nous sommes une nation.

Encore faut-il que nos élites économiques ne soient pas étrangères, pour ne pas dire hostiles, à toute forme de nationalisme et ne s’enorgueillissent pas d’oublier leur patrie dès qu’il est possible de faire quelques sous en rejoignant l’empire américain.

Encore faut-il que l’État joue son rôle et ne se condamne pas à l’impuissance en renonçant à utiliser ses leviers économiques.

Le Québec subit en ce moment une forme de démolition de moins en moins tranquille.

Cette vente est un symptôme de notre ratatinement collectif, de notre régression provinciale.

Nulle possibilité, toutefois, que le peuple réagisse ou s’indigne de cette braderie. Il est sous anesthésie et ne veut pas qu’on le dérange.

Les libéraux nous gouvernent dans une impunité collectivement humiliante.
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

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