Pays imaginaire au Québec: prenez garde à ce faux roi qui vend des citoyennetés bidon
Posté : 13 août 2023, 22:16
1er aout 2023
Le Québécois aurait convaincu une centaine de personnes à payer pour rejoindre son projet
Les autorités mettent en garde le public contre un Québécois qui prétend faussement avoir créé un pays reconnu par le Canada, lui qui a convaincu une centaine de personnes de payer pour obtenir la citoyenneté dans son État bidon.
«On a entendu parler un peu du soi-disant État du Tayos. J’ai tout de suite pensé à la mouvance des citoyens souverains. [...] Ce que je dis souvent, c’est que si c’est trop beau pour être vrai, c’est probablement faux», prévient Michael Kropveld, fondateur et directeur général d'Info-Secte.
Jean-Denis Boudreault, 43 ans, a créé de toute pièce «l’État souverain du Tayos» durant la pandémie. Ce pays fictif, toujours en «construction», sera principalement situé près du lac McCracken en Abitibi-Témiscamingue ou encore sur l'île d'Anticosti, selon le site internet du projet.
Son objectif? «Offrir un nouvel espoir à ceux qui veulent encore que la vérité et la lumière brillent», peut-on lire sur la même page web du pays fictif, dont la case postale se trouve à Sainte-Agathe-des-Monts dans les Laurentides.
«Excellente nouvelle! Le Canada a officiellement reconnu l'État de Tayos en droit! La Cour fédérale du Canada est entrée en relation contractuelle avec la personnalité juridique de Tayos», écrivait à tort sur les réseaux sociaux M. Boudreault en mars dernier pour convaincre ses adeptes.
Complètement faux
Le Journal a donc contacté le gouvernement pour savoir s’il avait bel et bien reconnu l’État du Tayos.
«L'individu en question ne représente pas un gouvernement légitime. Ses affirmations sont sans fondement», confirme Kevin McCaughey, du Bureau du conseil privé du Canada.
Jean-Denis Boudreault n’a d’ailleurs pas enregistré son organisation au registre des entreprises du Québec (REQ). Le Québécois s’est aussi créé une autre identité. Il se fait désormais passer pour «Majesté le Roi Regis Lucius I» dans le royaume de Tayos.
«Si vous souhaitez canaliser votre propre énergie et aider à restaurer l’empire de la lumière, alors rejoignez votre Roi! L’État de Tayos a besoin de vous», précise-t-il sur son blogue.
20$ pour un faux passeport de Tayos
Pour 100$, un «Tayen» peut obtenir tous ces papiers bidon: un permis de conduire, un passeport, des plaques d’immatriculation, des cartes d’immatriculation pour un véhicule et un certificat de citoyenneté.
Les futurs citoyens doivent aussi partager plusieurs informations personnelles avec Jean-Denis Boudreault pour obtenir ces documents, soit leur adresse, leur date de naissance, une copie de leur signature et même leur Numéro d'Identification du Véhicule (NIV).
L’homme se vante d’ailleurs sur la plateforme Telegram, là où il partage les détails de son projet, d’avoir déjà convaincu des gens de s'y joindre.
«Je ne compte plus en ce moment, mais on est bien au-dessus de 100, et ça continue...», écrit-il sur le réseau social.
La Sûreté du Québec (SQ) indique avoir pris connaissance de mouvements similaires à celui de l’État du Tayos dans la province. «De manière générale, on invite les gens à être vigilants et à vérifier la légitimité des groupes comme ceux-là avec qui ils font affaire», précise Ève Brochu-Joubert, porte-parole de la SQ.
Anciennement dans la cryptomonnaie
Selon nos vérifications, Jean-Denis Boudreault était auparavant à la tête d’une entreprise de monnaie virtuelle nommée «Neuralium Inc.» à Brossard.
Le Journal a tenté de contacter le Québécois qui œuvrait auparavant dans la cryptomonnaie, mais celui-ci a prétexté ne pas travailler dans l’État souverain du Tayos.
LES DEMANDES «FRIVOLES» DU FAUX ROI REJETÉES EN COUR
Des juges ont rejeté à plusieurs reprises les demandes «frivoles» faites en cour par le Québécois qui tente de créer un faux pays pour amasser de l’argent en vendant des citoyennetés bidon en ligne.
Jean-Denis Boudreault, alias le roi autoproclamé de l’État du Tayos, a tenté de faire reconnaître à plusieurs reprises des jugements émis par un tribunal fictif qu’il a inventé dans son pays imaginaire. Il s’est même rendu en février 2023 devant la Cour du Québec pour invalider une décision rendue contre lui au civil.
«Jean-Denis Boudreault qui se dit constituer sur le plan juridique un État souverain demande une procédure constituée d’un charabia incompréhensible et irrationnel», note d’abord le juge Gilles Lareau, dans son procès-verbal.
Sans mâcher ses mots, le tribunal a rapidement rejeté la demande du quadragénaire.
«M. Boudreault souhaite donc invalider certains jugements de la Cour du Québec. À sa face même, la procédure du demandeur est sans aucun fondement et manifestement frivole», critique le juge.
C’est assez, dit un autre
Selon les documents de la Cour, Jean-Denis Boudreault a tenté de faire invalider des décisions contre lui à au moins trois autres reprises grâce à l’État du Tayos.
En janvier dernier [2023], devant la Cour du Québec à Laval, un juge a rappelé à l’ordre le Québécois qui s’est encore présenté tel un citoyen d’un État souverain. Il a une fois de plus tenté d’annuler des jugements de cour l’impliquant.
L’honorable Louis-Joseph Gouin a finalement mentionné «que cette saga a suffisamment duré».
«Tous les jugements déjà rendus sont finaux, et il n'y a pas lieu, pour quelque raison que ce soit, de procéder de nouveau à une nouvelle audition des demandes et prétentions de M. Boudreault», conclut-il.
Source: Journal de Montréal
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Le Québécois aurait convaincu une centaine de personnes à payer pour rejoindre son projet
Les autorités mettent en garde le public contre un Québécois qui prétend faussement avoir créé un pays reconnu par le Canada, lui qui a convaincu une centaine de personnes de payer pour obtenir la citoyenneté dans son État bidon.
«On a entendu parler un peu du soi-disant État du Tayos. J’ai tout de suite pensé à la mouvance des citoyens souverains. [...] Ce que je dis souvent, c’est que si c’est trop beau pour être vrai, c’est probablement faux», prévient Michael Kropveld, fondateur et directeur général d'Info-Secte.
Jean-Denis Boudreault, 43 ans, a créé de toute pièce «l’État souverain du Tayos» durant la pandémie. Ce pays fictif, toujours en «construction», sera principalement situé près du lac McCracken en Abitibi-Témiscamingue ou encore sur l'île d'Anticosti, selon le site internet du projet.
Son objectif? «Offrir un nouvel espoir à ceux qui veulent encore que la vérité et la lumière brillent», peut-on lire sur la même page web du pays fictif, dont la case postale se trouve à Sainte-Agathe-des-Monts dans les Laurentides.
«Excellente nouvelle! Le Canada a officiellement reconnu l'État de Tayos en droit! La Cour fédérale du Canada est entrée en relation contractuelle avec la personnalité juridique de Tayos», écrivait à tort sur les réseaux sociaux M. Boudreault en mars dernier pour convaincre ses adeptes.
Complètement faux
Le Journal a donc contacté le gouvernement pour savoir s’il avait bel et bien reconnu l’État du Tayos.
«L'individu en question ne représente pas un gouvernement légitime. Ses affirmations sont sans fondement», confirme Kevin McCaughey, du Bureau du conseil privé du Canada.
Jean-Denis Boudreault n’a d’ailleurs pas enregistré son organisation au registre des entreprises du Québec (REQ). Le Québécois s’est aussi créé une autre identité. Il se fait désormais passer pour «Majesté le Roi Regis Lucius I» dans le royaume de Tayos.
«Si vous souhaitez canaliser votre propre énergie et aider à restaurer l’empire de la lumière, alors rejoignez votre Roi! L’État de Tayos a besoin de vous», précise-t-il sur son blogue.
20$ pour un faux passeport de Tayos
Pour 100$, un «Tayen» peut obtenir tous ces papiers bidon: un permis de conduire, un passeport, des plaques d’immatriculation, des cartes d’immatriculation pour un véhicule et un certificat de citoyenneté.
Les futurs citoyens doivent aussi partager plusieurs informations personnelles avec Jean-Denis Boudreault pour obtenir ces documents, soit leur adresse, leur date de naissance, une copie de leur signature et même leur Numéro d'Identification du Véhicule (NIV).
L’homme se vante d’ailleurs sur la plateforme Telegram, là où il partage les détails de son projet, d’avoir déjà convaincu des gens de s'y joindre.
«Je ne compte plus en ce moment, mais on est bien au-dessus de 100, et ça continue...», écrit-il sur le réseau social.
La Sûreté du Québec (SQ) indique avoir pris connaissance de mouvements similaires à celui de l’État du Tayos dans la province. «De manière générale, on invite les gens à être vigilants et à vérifier la légitimité des groupes comme ceux-là avec qui ils font affaire», précise Ève Brochu-Joubert, porte-parole de la SQ.
Anciennement dans la cryptomonnaie
Selon nos vérifications, Jean-Denis Boudreault était auparavant à la tête d’une entreprise de monnaie virtuelle nommée «Neuralium Inc.» à Brossard.
Le Journal a tenté de contacter le Québécois qui œuvrait auparavant dans la cryptomonnaie, mais celui-ci a prétexté ne pas travailler dans l’État souverain du Tayos.
LES DEMANDES «FRIVOLES» DU FAUX ROI REJETÉES EN COUR
Des juges ont rejeté à plusieurs reprises les demandes «frivoles» faites en cour par le Québécois qui tente de créer un faux pays pour amasser de l’argent en vendant des citoyennetés bidon en ligne.
Jean-Denis Boudreault, alias le roi autoproclamé de l’État du Tayos, a tenté de faire reconnaître à plusieurs reprises des jugements émis par un tribunal fictif qu’il a inventé dans son pays imaginaire. Il s’est même rendu en février 2023 devant la Cour du Québec pour invalider une décision rendue contre lui au civil.
«Jean-Denis Boudreault qui se dit constituer sur le plan juridique un État souverain demande une procédure constituée d’un charabia incompréhensible et irrationnel», note d’abord le juge Gilles Lareau, dans son procès-verbal.
Sans mâcher ses mots, le tribunal a rapidement rejeté la demande du quadragénaire.
«M. Boudreault souhaite donc invalider certains jugements de la Cour du Québec. À sa face même, la procédure du demandeur est sans aucun fondement et manifestement frivole», critique le juge.
C’est assez, dit un autre
Selon les documents de la Cour, Jean-Denis Boudreault a tenté de faire invalider des décisions contre lui à au moins trois autres reprises grâce à l’État du Tayos.
En janvier dernier [2023], devant la Cour du Québec à Laval, un juge a rappelé à l’ordre le Québécois qui s’est encore présenté tel un citoyen d’un État souverain. Il a une fois de plus tenté d’annuler des jugements de cour l’impliquant.
L’honorable Louis-Joseph Gouin a finalement mentionné «que cette saga a suffisamment duré».
«Tous les jugements déjà rendus sont finaux, et il n'y a pas lieu, pour quelque raison que ce soit, de procéder de nouveau à une nouvelle audition des demandes et prétentions de M. Boudreault», conclut-il.
Source: Journal de Montréal
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