Poilievre presse Twitter de désigner CBC «média financé par le gouvernement»

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cgelinas
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12 avril 2023


Le chef conservateur Pierre Poilievre a demandé mardi au grand patron de Twitter, Elon Musk, d’identifier CBC comme un « média financé par le gouvernement » sur sa plateforme. Cette étiquette accolée autant à des médias d’État qu’à des diffuseurs publics suscite de plus en plus la controverse, au point de pousser la radio américaine NPR à quitter le réseau social.


« Nous devons protéger les Canadiens contre la désinformation et la manipulation des médias d’État », a indiqué M. Poilievre sur son propre compte Twitter mardi en partageant sa lettre envoyée au siège social de Twitter à San Francisco, en Californie.

[Éditeur: Poilièvre a raison sur ce point et comme Quebecor est lourdement subventionné par l'État, lui aussi, il faudrait aller plus loin que Radio-Canada avec cette mesure pour combattre la désinformation d'État.]

Dans celle-ci, il fait valoir que CBC a reçu 1,24 milliard de dollars du gouvernement Trudeau en 2021-2022. « Dans l’intérêt de la transparence, je pense que Twitter devrait appliquer l’étiquette “Média financé par le gouvernement” aux divers comptes liés à l’actualité de CBC », écrit-il.

À noter que le chef conservateur ne vise que les comptes de CBC, et ne fait aucune mention de son pendant francophone, Radio-Canada. M. Poilievre a exprimé plusieurs fois sa volonté de couper les vivres uniquement à CBC s’il était élu premier ministre.

Aux yeux de Patrick White, professeur de journalisme à l’École des médias de l’UQAM, la demande du chef conservateur est « extrêmement malhabile » et démontre qu’il ne fait pas la distinction entre un diffuseur public et un média d’État.

Comme diffuseur public, CBC/Radio-Canada n’est financée qu’en partie par des fonds publics, le reste des revenus viennent de la publicité. Mais surtout, il garde toute son indépendance éditoriale, Ottawa ne pouvant s’ingérer dans ses contenus. « CBC/Radio-Canada ne fait pas la promotion du gouvernement canadien et se montre même très critique de celui-ci, quel que soit le parti au pouvoir », précise le professeur.

C’est ce qui distingue totalement, selon lui, le diffuseur public des médias d’État, comme la chaîne Russia Today ou encore l’agence China Xinhua News. « Ce sont des médias financés et contrôlés par l’État, dans des pays où l’on sait qu’il n’y a aucune liberté d’expression », ajoute-t-il.

Contactée par Le Devoir, CBC n’a pas souhaité commenter la lettre de M. Poilievre. Le porte-parole du diffuseur public, Leon Mar, note toutefois que dans la politique officielle de Twitter, un « média financé par le gouvernement » est décrit comme un média où le gouvernement « peut intervenir à divers degrés dans le contenu éditorial ». « Ce n’est de toute évidence pas le cas pour CBC/Radio-Canada. Comme tous les Canadiens le savent, CBC/Radio-Canada est financée par des fonds publics. Son indépendance éditoriale est protégée par la Loi sur la radiodiffusion », souligne-t-il.

Un départ

Dans les derniers jours, plusieurs médias dans le monde se sont vu attribuer la fameuse étiquette « média financé par le gouvernement » sur leur compte Twitter. Parmi eux, on retrouve les médias d’État russes Russia Today (RT) et Sputnik, l’agence d’État chinois China Xinhua News, mais aussi des diffuseurs publics comme la chaîne britannique BBC et la radio publique américaine NPR.

Cette dernière a d’ailleurs annoncé mercredi son départ du réseau social. « La plateforme prend des mesures qui sapent notre crédibilité en laissant entendre à tort que nous ne sommes pas indépendants d’un point de vue éditorial », a déclaré la National Public Radio.

NPR assure que moins de 1 % de son budget de fonctionnement provient de sources fédérales, ses fonds provenant principalement de la publicité, du mécénat et des participations financières de ses radios membres.

Une porte-parole de la NPR a précisé à l’Agence France-Presse que les journalistes et ses stations membres « pourront décider de leur côté s’ils veulent rester sur la plateforme ».

De l’avis du professeur Patrick White, NPR fait erreur en quittant Twitter. « J’espère qu’il n’y aura pas un effet d’entraînement après NPR. C’est important d’avoir des sources fiables sur les réseaux sociaux, sinon ça va laisser toute la place à la désinformation. »

Un pas en arrière

Dans une entrevue accordée à la BBC mercredi, Elon Musk a assuré qu’il allait finalement changer l’étiquette assignée au compte Twitter de la chaîne britannique. « Nous voulons être aussi honnêtes et précis que possible. Nous modifions l’étiquette [de la BBC] à “financée par des fonds publics” », a-t-il déclaré.

L’entrepreneur milliardaire a par ailleurs reconnu de « nombreuses erreurs », six mois après avoir racheté Twitter pour 44 milliards de dollars. Il juge toutefois que l’entreprise se trouve désormais « dans la bonne direction ».



Source: MSN / Le Devoir



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Claude Gélinas, Éditeur
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