Les snowbirds «ne savent plus où aller»

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cgelinas
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5 avril 2023


Explosion du coût du logement, criminalité, météo extrême due aux changements climatiques : les Québécois en quête d’un coin de pays où passer l’hiver au chaud se heurtent à une série d’obstacles. Depuis la pandémie, la surchauffe immobilière et la hausse du coût de la vie frappent les destinations préférées des snowbirds.


Des milliers de retraités et de travailleurs cherchent désespérément une destination soleil pour passer les mois d’hiver. Il n’y a pas que la Floride qui met à l’épreuve la patience — et le portefeuille — des gens allergiques à la neige et au froid, a constaté Le Devoir.

Odette Perron et Robert Lecompte louent depuis six ans un appartement à Puerto Vallarta, sur la côte ouest du Mexique. Le couple de retraités n’y est pas allé cet hiver. « On avait besoin d’un break. C’est en train de s’embourgeoiser à un point tel que ça n’a pas de bon sens », dit le spécialiste en commerce international, qui a voyagé toute sa vie.

Dans la foulée de la pandémie, le prix des logements a explosé à Puerto Vallarta. Le couple payait 350 $ par mois pour la location de son appartement en 2016. La facture a bondi de 57 %, à 550 $. Et dans les secteurs plus touristiques, le loyer atteint 2500 $ par mois. Du jamais vu dans cette ville jadis abordable par rapport à des destinations comme la Floride.

« Les Mexicains font de l’argent facile. Ils en profitent », raconte Robert Lecompte. Découragés par l’explosion du coût de la vie dans leur retraite mexicaine, le retraité et sa conjointe ont passé l’hiver en Thaïlande, dans la station balnéaire de Hua Hin, au sud de Bangkok.

Le couple de Varennes, près de Longueuil, a adoré son séjour en Asie. Le loyer est comparable à celui de Puerto Vallarta, mais le reste des dépenses paraît dérisoire. Un souper au restaurant pour deux personnes coûte 8 $. Une belle chambre d’hôtel pour les escapades, moins de 35 $ par nuit (déjeuner inclus).

« Le voyage en avion est long, mais ça vaut le déplacement. En plus, on ne se sent jamais en danger en Thaïlande », dit Odette Perron.

Le sentiment de sécurité en Asie est un avantage par rapport à Puerto Vallarta, où les petits crimes comme les vols de sacoche deviennent de plus en plus fréquents, rapporte le couple. Et les réseaux d’égouts sont mal adaptés aux pluies diluviennes causées par les changements climatiques. Lors de fortes pluies, les rues se remplissent d’eau nauséabonde jusqu’à mi-mollet, explique Robert Lecompte.

Le couple retournera à Puerto Vallarta au moins les deux prochains hivers, jusqu’à l’expiration de leur bail à long terme. Ils apprécient la douceur du climat et la vie sociale avec leurs amis snowbirds du Québec et d’ailleurs. Mais ils réfléchissent à l’avenir de leurs projets hivernaux.

Un paradis perdu

La surchauffe immobilière frappe aussi la côte est du Mexique. La location d’un appartement de deux chambres peut facilement coûter la somme exorbitante de 5000 $ par mois dans la petite ville de Puerto Morelos, près de Cancún. « C’était vraiment le paradis terrestre, mais les choses ont changé », dit une retraitée québécoise qui a demandé à garder l’anonymat.

Certaines petites maisons à échelle humaine d’autrefois se trouvent désormais à l’ombre d’édifices en hauteur, déplore cette habituée du soleil mexicain. Les algues rouges deviennent aussi plus présentes. Les violences armées entre trafiquants de drogue font aussi des victimes, tant parmi les touristes que dans la population locale.

Un couple de Québécois a vendu récemment son appartement de Puerto Morelos après 10 hivers à profiter du soleil mexicain. « L’entretien d’un condo à distance, c’est compliqué. On s’est rendu compte que des inconnus ont dormi chez nous en notre absence. Les entreprises qui font l’entretien ne sont pas toujours fiables. »

« Ça devient de plus en plus difficile de trouver un endroit pour l’hiver. On ne sait plus où aller », déplore un retraité. Le Costa Rica et le Panama sont trop chers pour lui. Le Belize paraît moins sûr qu’autrefois. Et la folie consumériste de la Floride, avec ses centres commerciaux et ses autoroutes à perte de vue, n’intéresse pas ce retraité en quête de calme et de simplicité.

Loyers hors de contrôle

Michel Bourgeois, qui a vécu 17 ans en Floride, en a eu assez lui aussi du Sunshine State. Il a déménagé en Arizona, il y a trois ans. « À la fin, je n’étais plus capable de la Floride. Il y a trop de monde, trop d’autos, et c’est me, myself and I. Ça n’arrête pas de parler d’argent », dit le Québécois d’origine.

Il a trouvé son coin de paradis à Mesa, en Arizona — une des régions à la plus forte croissance démographique aux États-Unis. L’arrivée massive de Californiens, qui ont vendu leurs maisons à gros prix dans la foulée de la pandémie, a fait exploser le marché de l’immobilier dans la région.

« Il n’y a aucun contrôle sur le prix des loyers. Il y a de la surenchère même dans les logements locatifs. Les propriétaires louent aux plus offrants », raconte Michel Bourgeois. L’eau potable devient aussi rarissime à cause du développement débridé des ensembles résidentiels.

Ce massothérapeute, qui approche l’âge de la retraite, adore sa vie près du désert et des montagnes. Il se fait toutefois rattraper lui aussi par l’augmentation du coût de la vie : « Je ne sais pas comment les gens à petit salaire font pour joindre les deux bouts. Tout le monde va devenir itinérant si ça continue. »

Avant la flambée des prix due à la pandémie, il a acheté une maison mobile de deux chambres et deux salles de bains pour 18 000 $. Une aubaine inimaginable aujourd’hui. Il doit toutefois louer le terrain, et la facture a grimpé de 20 % en trois ans, pour atteindre 900 $ par mois. L’électricité et l’épicerie coûtent aussi près de 10 % de plus que l’année dernière.

C’est le prix à payer pour se passer de l’hiver québécois (même si les nuits sont froides entre décembre et mars en Arizona). « De toute façon, la vie est rendue chère partout, même au Québec », dit Michel Bourgeois.



Source: MSN / Le Devoir



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Claude Gélinas, Éditeur
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