Liberté 46, pour les pompiers

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cgelinas
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LIBERTÉ 46 : AUTOPSIE DU RÉGIME DE RETRAITE DES POMPIERS

STÉPHANIE GRAMMOND
LA PRESSE

Vous aimeriez être millionnaire ? Vous rêvez de Liberté 55 ? Tant qu’à y être, pourquoi pas Liberté 46 ? Il y a une bonne manière d’y arriver : devenez pompier… ou peut-être fonctionnaire à la Ville de Montréal.

Ce n’est pas une blague : les pompiers peuvent prendre leur retraite après 25 années de participation. C’est écrit noir sur blanc dans le sommaire des dispositions de leur régime de retraite. Si vous entrez à 21 ans, vous pouvez donc prendre votre retraite dès 46 ans.

C’est un peu jeune pour arrêter de travailler, me dites-vous. Mais personne ne vous empêche de vous trouver un autre emploi tout en continuant de recevoir votre rente. Allez, regardons tout ça de plus près, et vous serez convaincu.

***

Voyons d’abord comment est calculée la rente des pompiers de la Ville de Montréal. Pour chaque année de service, les pompiers accumulent une rente viagère de 1,9 % multipliée par leur salaire moyen des trois années consécutives les plus payantes.

À cela s’ajoute une prestation de raccordement. Cette rente temporaire payable jusqu’à 65 ans correspond à 0,5 % par année de participation multiplié par le salaire moyen*.

Concrètement, cela signifie qu’un pompier avec un salaire de 70 000 $ aura droit à une rente viagère d’environ 33 500 $ après 25 ans de service, en plus d’une rente de raccordement de 9000 $ jusqu’à 65 ans. Au total, il aura des revenus de retraite de 42 500 $ par an, soit environ 60 % de son salaire.

À 65 ans, la rente de raccordement disparaîtra. Mais le pompier commencera alors à recevoir des prestations de la Régie des rentes du Québec (RRQ).

Mais comment se fait-il que les pompiers peuvent tirer leur révérence aussi vite ? En théorie, l’âge normal de la retraite des pompiers est de 60 ans. Mais en réalité, ils sont admissibles à une retraite anticipée après 25 ans de service ou à partir de l’âge de 50 ans. Sans aucune pénalité.

Autrement dit, l’employeur subventionne leur départ hâtif, à même le régime de retraite, ce qui coûte très cher.

Pour vous donner une idée du coût d’une retraite anticipée, sachez que la RRQ réduit votre rente de 7,2 % par année d’anticipation avant l’âge normal de la retraite fixé à 65 ans. Si vous la réclamez dès 60 ans, votre rente sera donc amputée de 36 %. C’est le prix à payer pour y avoir droit plus vite.

Suivant la même logique, on peut évaluer que la rente viagère d’un pompier qui part à la retraite à 46 ans serait amputée des deux tiers si elle n’était pas subventionnée par l’employeur. Elle ne serait donc plus que de 12 000 $. Quant à la rente de raccordement, elle tomberait carrément à zéro.

Ça enlèverait le goût de partir à 46 ans.

***

Grâce aux avantages de la retraite anticipée, notamment, la rente d’un pompier vaut une petite fortune. Combien au juste ?

Pour un pompier qui part à la retraite à 46 ans, après 25 ans de participation, la valeur de la rente s’élève à 850 000 $, vous répondra un actuaire.

Et s’il part à 50 ans, après 30 années de participation, la valeur de sa rente atteint 970 000 $. C’est donc dire que beaucoup de pompiers sont pratiquement millionnaires lorsqu’ils quittent la caserne.

Vous aimeriez en faire autant ? N’y pensez même pas ! Pour vous concocter une retraite comme celle d’un pompier, vous devriez mettre 40 % de votre salaire dans votre REER, chaque année, dès 21 ans.

Évidemment, c’est impossible. La limite qu’on peut placer à l’abri de l’impôt dans le REER est de 18 %. C’est d’ailleurs à ce niveau que Québec voudrait ramener les coûts du service courant des régimes de retraite des municipalités (20 % pour les pompiers et les policiers) dans le cadre du projet de loi 3.

Mais ne vous en faites pas pour les pompiers. Ils ne versent pas 40 % de leur salaire pour leur retraite. En fait, ils cotisent environ 6 % de leur paie, soit 4 400 $ sur un salaire de 70 000 $. C’est la Ville qui paie tout le reste.

Avec le projet de loi 3, Québec souhaite d’ailleurs que les employés des municipalités assument la moitié des coûts de leur régime de retraite, comme la plupart des employés de la fonction publique provinciale. Vous comprenez pourquoi ils ne sont pas contents…

***

Cette semaine, les pompiers de Montréal ont allumé des feux et arrosé l’hôtel de ville. Ceux de Gatineau ont affiché des têtes de mort couvertes de chapeaux de pompier sur l’internet.

Ce n’est pas avec ce genre d’intimidation qu’ils gagneront la sympathie du public, dont la majorité n’a aucune espèce de régime de retraite.

L’heure est venue de revoir tout ça. Pensez-y. Un pompier qui prend sa retraite à 46 ans aura travaillé 25 ans, mais passera 39 ans à la retraite, en moyenne. Pendant toutes ces années, il recevra sa pension. Ça ne tient pas debout !

Vous me direz que le travail des pompiers est dangereux et difficile à accomplir à un âge plus avancé. J’en conviens. Et je salue les efforts des pompiers qui risquent parfois leur vie pour sauver celle des autres.

Mais on ne peut pas en dire autant des cols blancs et les cols bleus de la Ville de Montréal qui peuvent prendre leur retraite après 30 ans de service. Cela signifie qu’ils ont droit à une rente pleine et entière dès 50 ans, s’ils sont entrés en poste à 20 ans. Liberté 50, quoi !

* Depuis 2006, le taux d’accumulation a augmenté à 1,95 % pour la rente viagère et à 0,55 % pour la rente de raccordement. À Montréal, un pompier qui a plus de 54 mois d’expérience gagne 70 998 $ (sans compter les primes). Un lieutenant gagne 78 097 $ et un capitaine, 85 198 $.
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Claude Gélinas, Éditeur
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