Alcan: les mensonges à de nouveaux sommets

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Par: LÉO-PAUL LAUZON
Jeudi, 25 février 2016 13:02

Vous payez vos impôts à Alcan

Saviez-vous, mes amis, que vos impôts s’en vont directement dans les poches de la transnationale milliardaire Rio Tinto Alcan, par le biais de notre électricité qui lui est pratiquement donnée par le gouvernement, et dont on vous refile la facture? Des grosses subventions accordées et des coûts de pollution des alumineries que vous devez assumer. Québec n’agit que comme entremetteur bancaire entre le contribuable captif et payeur. Mais c’est Alcan, la multinationale pollueuse, qui encaisse.

Les mensonges continuent

Tiens, tiens, Alcan annonce le 18 février 2016 le licenciement de 200 cadres additionnels. Comme d’habitude le premier ministre libéral Philippe Couillard et son ministre banquier des Finances Carlos Leitao viennent courageusement à la défense, non pas des employés passés au tordeur, mais de la multinationale qui nous exploite. Carlos Leitao a même dit: «ce n’est pas une catastrophe. N’oublions pas que le prix de l’aluminium a beaucoup baissé» (Le Devoir, 18 février 2016).

Premier mensonge: 200 employés c’est pas la catastrophe pour Leitao, mais ce l’est pour les travailleurs. On a un gouvernement qui est sensible qu’au sort des gros.

Puis, Philippe Couillard en a ajouté une couche en disant: «Les investissements se poursuivent [deuxième mensonge]. Le contexte est difficile [troisième mensonge], mais on accompagne l’entreprise [avec nos fonds publics, s’entend] pour la région».

Naturellement, personne n’a osé répliquer aux paroles de messieurs Couillard et Leitao par des faits, par les résultats financiers concrets de l’année dernière réalisés par Rio Tinto Alcan, tels que reproduits dans La Presse du 13 février 2015 au sein d’un article intitulé tout simplement: «Rio Tinto Alcan. Des profits en hausse de 124 %». Des moments tellement difficiles à traverser, et pour lesquels le philanthrope Philippe Couillard se sent interpellé à «accompagner» l’entreprise dans son épreuve avec notre argent. L’an passé, soit en 2015, l’entreprise a annoncé qu’elle allait augmenter son dividende annuel de 12 % et qu’elle allait racheter, avec ses gros surplus de liquidité, ses propres actions en circulation, pour la bagatelle somme de 2 milliards $ US. Pauvre petite compagnie, je comprends maintenant pourquoi nos élus libéraux nous demandent d’être solidaires, non pas des 200 autres employés flushés, mais de la transnationale établie à Londres.

Au moins, la faiblesse du dollar canadien va permettre à la compagnie en «sérieuses difficultés» à engranger des centaines de millions en plus. Elle en a tellement besoin, si elle veut continuer à augmenter, comme il se doit, son dividende annuel et à racheter ses propres actions émises à coups de milliards de dollars US, s’il vous plaît. Il faut donc continuer à couper dans tous nos programmes sociaux afin de venir en aide aux alumineries, à Bombardier, aux papetières, etc. C’est un devoir moral que nous avons.

Dans ce même article, écrit noir sur blanc, la compagnie Rio Tinto Alcan explique la hausse substantielle de ses bénéfices annuels en raison que l’aluminium «a été l’un des rares métaux qui ont vu leurs prix grimper l’an dernier». Ce qui contredit les prétentions de Carlos Leitao. Et quant aux investissements de la compagnie qui se poursuivent, selon les délires de Philippe Couillard, il est mentionné, toujours dans le même article, que «les dépenses en immobilisations continueront à diminuer, demeurant aux environs de 7 milliards de dollars jusqu’en 2017». Mieux vaut racheter ses propres actions afin de doper la valeur au marché de l’action que d’investir, n’est-ce pas?

Tout de même incroyable que les libéraux continuent tout le temps à berner la population. Duper pour justifier l’obligation du PLQ d’«optimiser» nos services publics, mais aussi pour expliquer les dernières transactions commerciales impliquant Bombardier, RONA, Alcan, etc. C’est même pas subtil comme tromperie, plutôt grossier. On n’a qu’à faire une revue de presse récente, sans plus, pour les démentir.

Les promesses non tenues d’Alcan, de Provigo, de RONA...

Les innocents qui pensent vraiment que RONA va continuer à maintenir intégralement son siège social au Québec et à acheter autant, sinon plus, de produits québécois [dixit la nouvelle ministre de l’Économie, Dominique Anglade] à l’avenir, suite à sa récente acquisition par l’Américaine Lowe’s, devraient aller en cure de désintoxication économique. Et ça presse. Pour la première fois, dans l’histoire et dans le monde, une entreprise québécoise vendue à des intérêts étrangers maintiendrait intact le siège social de sa nouvelle filiale et achèterait davantage dans la province. À écouter Dominique Anglade, à l’avenir, les fournisseurs québécois de RONA vont vendre, pas seulement au Québec, mais dans tous les pays et États où Lowe’s est établi. C’est pourquoi, affichant ses mégas connaissances en affaires, elle a dit que RONA était pour être une vente profitable à la province et source d’enrichissement pour les Québécois.

Comme pour RONA, le premier ministre libéral du temps, Jean Charest, et son ministre des finances d’alors, Raymond Bachand, tous des recyclés en consultants et en lobbyistes, avaient prétendu que la vente d’Alcan à Rio Tinto allait nous enrichir et qu’ils avaient négocié de strictes conditions pour le maintien du siège social d’Alcan à Montréal: «Québec n’a aucune crainte» (La Presse, 8 mai 2007).

Aucune crainte tant que vous voudrez, mais cela n’a aucunement empêché Alcan, en 2009, de supprimer environ 140 postes à son siège social de Montréal, soit un emploi sur cinq étant alors aboli: «Rio Tinto Alcan. Montréal écope aussi» (Le Devoir, 8 avril 2009). Ça fait que: «Siège social montréalais. Alcan veut de nouveaux locaux plus petits» (La Presse, 23 avril 2011). Philippe Couillard comprend et partage encore plus le drame existentiel assumé par la compagnie.

Ce n’est qu’un début, continuons le combat de dégraissage au siège social de Montréal puisqu’en 2015, donc l’an passé, grosse nouvelle: «Rio Tinto supprimera entre 100 et 170 à Montréal» (Le Devoir, 12 mai 2015). Pour Carlos Leitao, ce n’est pas du tout la fin du monde. Idem en 2009: «Aluminium. Alcan supprime 300 emplois au Québec» (Le Journal de Montréal, 21 janvier 2009). Ça n’empêche pas les libéraux de clamer que la vente d’Alcan à des étrangers fut une bonne affaire pour le Québec. Pour Carlos Leitao, 300 autres employés très ordinaires congédiés, ça relève du fait divers. Une peccadille quoi. Ah oui, en 2013, il y a eu cette autre bonne nouvelle: «Rio Tinto fer et titane. 250 postes supprimés» (Le Journal de Montréal, 19 juillet 2013). Avant, il y a eu cette autre futilité: «Câble Alcan congédie le quart de ses employés» (Le Journal de Montréal, 5 octobre 2007). D’où l’urgence, comme dit Philippe Couillard, de continuer à «accompagner» Alcan dans ses durs moments, comme l’avait fait l’ex-ministre libéral Clément Gignac qui, dans le but d’aider Alcan, avait donné raison à la compagnie de vouloir sous-traiter ses employés: «Conflit de travail à Alcan. Gignac prend parti pour l’employeur. Le ministre fait l’éloge de la sous-traitance, au centre des demandes patronales» (Le Devoir, 2 mars 2012).

Bonté divine, le Québec accorde à Alcan des centaines de millions de dollars chaque année en tarifs d’électricité dérisoires, sur le bras des gros tarifs facturés à la population, et des millions en subventions de toutes sortes sans rien demander en retour. Bien au contraire, Alcan licencie régulièrement des centaines d’employés au Québec, veut donner en sous-traitance ceux qui restent afin de les payer moitié moins et désinvestit dans la province. Que font nos élus libéraux? Ils nous disent qu’il faut continuer à «accompagner» la firme en la saupoudrant de millions additionnels en fonds publics tandis qu’au même moment ils vargent dans tout ce qui bouge en termes de services publics.

Alcan, un autre BS corporatif

L’ex-président d’Hydro-Québec, André Caillé, était loin de porter à gauche, même qu’il est devenu caquiste. Eh bien, à propos des tarifs d’électricité absolument ridicules accordés par Hydro-Québec et par le gouvernement du Québec à Alcan, il avait déclaré: «Les alumineries sont trop énergivores, dit André Caillé» (Le Journal de Montréal, 22 janvier 2004). Et trop polluantes, qu’il aurait pu ajouter: «Les alumineries en tête des pires pollueuses» (Le Journal de Montréal, 13 octobre 2005). Et qui paie en dernier ressort pour ces tarifs dérisoirement bas et cette pollution engendrée par les alumineries? Oui, vous et moi. C’est pourquoi je dis que l’on paie des gros impôts à Alcan, Bombardier, aux éoliennes, aux écoles privées, etc.

Même qu’en 2002, Hydro-Québec avait déjà signalé cette arnaque: «Hydro-Québec estime peu rentables les projets d’aluminerie» (Le Devoir, 24 janvier 2002). Et encore moins rentables et même déficitaires depuis ce temps puisque les tarifs dits préférentiels d’électricité, qu’aucun autre endroit en Amérique du Nord ne veut accorder aux alumineries, ont généreusement continué à baisser. Il faut «accompagner» Alcan, répète inlassablement Couillard. Allez, payez vos taxes aux empereurs corporatifs.

Ben c’est pas juste moi qui le dis que les alumineries au Québec nous appauvrissent, il y a Claude Garcia de l’Institut économique de Montréal, et ancien patron de la Standard Life, qui a affirmé que «nourrir les alumineries coûte 2,5 milliards par année» (La Presse, 3 février 2009). Il y a aussi le regretté Marcel Côté, économiste et ex-président de Sécor, qui avait déterminé que: «Hydro-Québec donne 480 000 $ par emploi à Alcoa» (Les Affaires, 12 avril 2003). Et autant par job «créé» par Alcan. Et après ça, on vient nous dire sans rire que ce sont des créateurs de richesse. Faites-moi rire.

Idem pour Provigo

Lors de la vente de Provigo à Loblaws en 1998, qui était alors détenue par la Caisse de dépôt et placement du Québec, le gouvernement péquiste du Québec répétait alors les mêmes lieux communs. À l’avenir, Provigo maintiendrait son siège social au Québec, juré craché, et achèterait plus de l’agroalimentaire. Plus que de la pensée magique, des mensonges éhontés garrochés encore une fois par vos élus subjugués afin de vous endormir. Aujourd’hui, le mensonge est érigé en système par nos politiciens. Pour se faire élire, ils doivent obligatoirement vous mentir...
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

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