Louise T. Blouin MacBain et les Desmarais

Répondre
Avatar du membre
cgelinas
Administrateur
Messages : 7780
Enregistré le : 25 mai 2010, 22:07
Localisation : Lévis, QC
Contact :

Louise T. Blouin MacBain, cela vous dit-il quelque chose? Probablement pas. La presse canadienne-française a été, étrangement, très avare de commentaires à son sujet. Pourtant, cette femme née Marie Thérèse Blouin, originaire de la banlieue montréalaise, est aujourd'hui considérée comme l'une des 25 femmes les plus riches du monde en plus d'avoir déjà été l'amie intime du prince Andrew et de connaître personnellement Bill Clinton et plusieurs autres célébrités.

Très maîtresse d'elle-même, et de l'information circulant à son propre sujet, Louise Blouin donne l'impression de tenir serrées toutes les ficelles de son vaste empire. Elle donne peu d'entrevues. Elle m'a tout de même accordé une demi-heure de son précieux temps me recevant, dans son grand bureau minimaliste, de façon plutôt tiède, ne montrant aucune émotion par rapport au fait que je venais du Québec. D'ailleurs, cette femme au physique très glamour ne semble attacher que très peu d'importance à ses origines. D'entrée de jeu, elle m'a fait savoir qu'elle ne répondrait à aucune question personnelle concernant son passé ou sa famille. Rien non plus sur ses origines québécoises. Niet, nada. Motus et bouche cousue... Par contre, elle parle volontiers de ses nombreuses activités professionnelles.

Louise Blouin est tout d'abord p.-d.g. de Louise Blouin Media — une compagnie spécialisée dans les arts et à la culture qui publie les magazines Art+Auction, Modern Painters, Culture+Travel et quelque 130 autres titres comprenant les guides de certains des plus grands musées du monde tels que le Metropolitain Museum ou le Louvre. De plus, LB Media est aussi propriétaire d'artinfo.com, un des plus importants sites Web mondiaux consacrés à l'art et à la culture. Mais comme si cela n'était pas déjà bien assez, en 2006, Louise Blouin lance la Louise Blouin Foundation, un espace d'exposition, de création et de recherche peu commun, ayant pignon sur rue à Londres, près de Notting Hill, dans une ancienne usine en brique achetée et reconvertie par la femme d'affaires au coût de 20 millions de livres sterling!

Loin de promouvoir l'art pour l'art, Louise Blouin cherche des causes plus nobles, d'où un certain visage de philanthrope qu'elle aime se donner. Il s'agit, dit Louise Blouin, «d'utiliser la culture comme outil pour trouver des solutions aux grands problèmes politiques». Par son engagement dans plusieurs projets créatifs, par exemple au Moyen-Orient, en Chine ou encore en Irak, la Fondation Louise Blouin entend provoquer une prise de conscience du rôle que peuvent jouer la culture et la créativité dans la résolution de conflits mondiaux. Depuis 2006, la Fondation organise chaque année, à New York, le Global Creative Leadership Summit, un événement international rassemblant des personnalités influentes du monde des affaires, de la technologie, de la politique, des sciences et des arts.

À l'aube de la cinquantaine, Louise Blouin partage aujourd'hui sa vie entre Londres et New York. Plusieurs grands journaux ont fait son portrait à l'occasion de l'ouverture de sa fondation. L'Evening Strandard la décrit comme un personnage controversé: on la dit prétentieuse, on avance même que sa fondation ne serait qu'un moyen d'acheter sa place au sein du monde de l'art britannique plutôt qu'être un véritable projet philanthropique.

C'est avec son second mari, John MacBain, que Louise Blouin a fait fortune grâce à l'achat d'Auto Hebdo, un magazine de petites annonces spécialisé dans la vente de voitures de seconde main. De là, ils ont fondé Trader Classified Media, une compagnie pionnière dans le domaine de la vente d'occasion sur Internet. Louise Blouin a aussi eu trois enfants avec John MacBain avant de divorcer au début des années 2000. Toujours très intéressée par le monde de l'art — elle est initiée très jeune à l'opéra par sa mère en plus de faire du bénévolat pour le Musée des beaux-arts de Montréal —, Louise Blouin a alors fait le grand saut: des voitures d'occasion au monde de l'art! Elle a d'abord acheté Art+Auction ainsi que Modern Painters, deux importants magazines dans le milieu de l'art. Artinfo.com voit le jour peu après, poussant les mauvaises langues à prétendre qu'elle essaierait peu à peu de faire sa place dans le monde de la culture.

Dans son discours de clôture du Global Creative Leadership Summit 2008, Louise Blouin rappelait à son auditoire qu'être créatif requiert, d'abord et avant tout, une grande confiance en soi. Nul doute qu'il lui en aura fallu une bonne dose pour arriver à créer l'empire qu'elle dirige aujourd'hui.

Louise Blouin est une autodidacte et une «self-made woman». Elle dit se lever chaque jour à 5 h du matin pour sa séance de Pilates et travaille souvent jusqu'à 23 h. Bien qu'elle vienne d'une famille aisée ayant de bons réseaux — sa soeur Hélène Blouin a épousé Paul Desmarais fils —, elle affirme avoir toujours travaillé dur et n'avoir été aidée par aucun héritage. Très jeune, elle a choisi des études en commerce, d'abord à McGill, puis à Concordia et finalement à la Harvard Business School (études qu'elle n'a d'ailleurs jamais terminées). Le travail est une passion pour cette femme orpheline de père depuis l'âge de 15 ans. «Je suis tout d'abord une entrepreneure. Je suis très pragmatique et je ne fais pas de politique. Tout ce que je fais, c'est travailler pour arriver à un but», affirme-t-elle. Or, pour Louise Blouin, le but est de créer un monde meilleur grâce à l'art et à la culture. La battante ne s'est pas donné une tâche facile.


Source: Le Devoir
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

Blogues: Montréal | Québec | Lévis | Emploi | Éducation | Placements | Transports
Dons: PayPal | DonorBox Web: Achetez vos noms de domaines au plus bas prix...
Avatar du membre
cgelinas
Administrateur
Messages : 7780
Enregistré le : 25 mai 2010, 22:07
Localisation : Lévis, QC
Contact :

24 février 2024


La spectaculaire faillite de Louise Blouin


Après une ascension fulgurante dans le monde des affaires et la haute société, la Québécoise Louise Blouin, considérée comme une « baronne des arts » à Londres et à New York dans les années 2000, a aujourd’hui tout perdu. Et doit encore plusieurs millions.


Les poursuites judiciaires


Mais travailler chez Louise Blouin Media impliquait parfois de se heurter à des portes scellées par un huissier parce que le loyer était impayé.


Cela impliquait de lire des articles dans le tabloïd New York Post, où la patronne était surnommée « La Reine rouge », un clin d’œil à la volcanique souveraine du roman Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll. Selon l’ancienne rédactrice en chef d’Art+Auction Sarah P. Hanson, cela impliquait aussi de découvrir qu’une année de déductions salariales n’avait pas été versée au gouvernement fédéral (Mme Hanson et trois autres ex-employés ont montré au Times leurs déclarations d’impôts pour appuyer leurs dires).

Il y a des gens qui sont – ou qui se croient – tellement riches qu’ils ne comprennent pas les réalités du travail. Avec Louise, toutes les bonnes choses arrivaient grâce à elle ; toutes les mauvaises choses étaient le résultat d’un complot ourdi contre elle.

Ben Davis, ancien rédacteur en chef d’ArtInfo

La réalité s’est imposée début 2014, quand tout le monde a dû faire ses boîtes à deux jours d’avis. Des documents montrent qu’après avoir pris du retard dans le paiement du loyer, Mme Blouin a rompu le bail un an avant terme. Le personnel a travaillé à distance pendant un mois, puis a emménagé dans de nouveaux locaux dans le quartier financier.

En février 2014, Mme Blouin et Louise Blouin Media ont été poursuivies par Catherine Shanley, ancienne éditrice d’Art+Auction, et son adjointe, Wendy Buckley. Dans leur plainte, les deux femmes réclamaient 235 000 $ en salaire impayé et alléguaient avoir été congédiées pour s’être plaintes de ne pas avoir été payées.

Le procès a duré des années et a mal fini pour Mme Blouin. En 2020, elle a consenti, sans admettre de faute, à payer les plaignantes en 18 versements mensuels. Elles ont reçu 45 000 $, mais le reste n’est jamais venu, selon les avocats de Mmes Buckley et Shanley.

« Honnêtement, je ne m’attendais pas à être payée, a déclaré Mme Buckley. Mais je voulais gagner et je tenais à ce qu’il y ait un coût pour ce qu’elle avait fait. »

L’imprimeur de magazines R. R. Donnelley a aussi poursuivi Mme Blouin et Louise Blouin Media, réclamant 715 000 $. Après trois ans de litige, R. R. Donnelley a reçu 558 550 $.

Lors d’un entretien téléphonique, Mme Blouin a dit n’avoir « aucune idée » de ce qui a poussé tant de gens à l’accuser de ne pas les avoir payés correctement : « Je n’ai pas de créanciers, juste un petit truc de rien du tout avec l’impôt. »

Les arts, pour moi, c’est de la philanthropie. Ce n’est pas une entreprise. C’est ainsi que je le perçois. C’est aider les autres. C’est de la philanthropie, aider les autres à travers les arts. Comment utiliser les arts pour le processus créatif ? Comment utiliser les arts pour la neurologie, le développement des sens et tout ça ? Ça n’a jamais été une question de faire des affaires.

Louise Blouin

Lorsque l’entreprise a manqué d’argent, Mme Blouin a hypothéqué le domaine des Hamptons. La société incorporée détenant la villa au 376, Gin Lane a emprunté 15 millions à la banque Morgan Stanley en 2011, selon les archives publiques. La maison secondaire, au 366, Gin Lane, a permis d’emprunter 8,5 millions à la banque Wells Fargo.

En 2016, Blouin a mis La Dune à vendre. Prix demandé : 140 millions de dollars. Ne trouvant pas preneur, elle a négocié un autre emprunt de 26 millions avec un prêteur, JGB Management.

Après quelques années, le prêt à taux d’intérêt élevé avait enflé à 36 millions. À l’automne 2021, JGB a poursuivi Mme Blouin et tenté de faire saisir La Dune.

Durant la même période, le fisc fédéral a avisé Mme Blouin qu’elle devait six années de retenues salariales non versées par Louise Blouin Media et une autre de ses sociétés, ArtNow. En 2021, le fisc lui a signifié des réclamations totalisant plus de 10 millions de dollars, avec les pénalités.

Mme Blouin a répondu dans une déclaration sous serment qu’elle ne devrait pas être tenue responsable de la dette : « À un moment donné, j’ai été actionnaire », y déclare Mme Blouin. « Une des sociétés porte mon nom, mais je n’en ai jamais été administratrice, gestionnaire, ni employée. » Le fisc fédéral a alors déclaré des privilèges totalisant au moins 4,7 millions de dollars sur les deux propriétés, selon les documents déposés en cour par Mme Blouin.

En 2022, elle s’est entendue avec Bay Point Advisors, qui a repris le prêt de JGB Management, puis assumé la dette résiduelle du prêt de Morgan Stanley.



Source: La Presse



-- -- --
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

Blogues: Montréal | Québec | Lévis | Emploi | Éducation | Placements | Transports
Dons: PayPal | DonorBox Web: Achetez vos noms de domaines au plus bas prix...
Répondre