Plan Nord ou nationalisation?

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cgelinas
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Texte de Patrick R. Bourgeois

Depuis quelques années maintenant, les libéraux nous rebattent les oreilles avec leur mirobolant Plan Nord. La 8e merveille du monde à les entendre. Qui devait créer 20 000 emplois et foutre 14 milliards$ dans les coffres de l’État. C’était même censé mener Jean Charest, son instigateur, au panthéon des grands premiers ministres. C’est dire si les libéraux, tite baguette magique en main, promettaient tout et n’importe quoi!

À son arrivée au pouvoir, Philippe Couillard, le copain de l’Arabie saoudite, a relancé la machine du Plan Nord. En allant tout d’abord voir des alliés chinois qui espèrent toujours mettre la main sur nos ressources naturelles aussi facilement que ne leur proposent les libéraux, c’est-à-dire en échange d’à peu près rien. Cela est particulièrement vrai dans le secteur minier. Les promesses à l’effet que les infrastructures seraient payées par les contribuables québécois, de même que l’énergie donnée à rabais aux compagnies étrangères, ont été réitérées par Couillard. Ce qui devait stimuler les appétits de bien des étrangers; comme on se doit de l’imaginer.

Les promesses du PLQ concernant le Plan Nord se chiffrent à près de 80 milliards$ d’argent public en 25 ans. Les retombées réelles elles? Bien moindre. Ridicules.

Bien des gens des régions dites ressources se sont laissés charmer par les sirènes du Parti libéral. L’espoir d’une économie en meilleure santé semait le rêve d’une vie plus facile en eux. Et les mobilisait pour la grande construction du Nord à venir.

Mal leur en pris. Leurs espoirs ont été brisés.

À Sept-Îles et Fermont, l’économie a reçu plusieurs taloches depuis que la mine Cliff natural resources a fermé ses portes. Pierre Couture, du Journal de Québec, souligne que 600 travailleurs ont perdu leur emploi. Et que le marché de l’immobilier s’est de ce fait effondré. Plusieurs entrepreneurs auxquels la minière doit énormément d’argent pourraient eux aussi déclarer faillite prochainement.

Du côté de l’Abitibi, ce n’est guère mieux. La minière Québec Lithium a elle aussi déposé son bilan, contraignant 200 travailleurs au chômage.

Et ce ne sont là que deux exemples de développement tout croche, à l’aveuglette, parmi tant d’autres.

Tout ça coûte très cher à tous les Québécois. Et pas seulement à ceux de la Côte-Nord ou de l’Abitibi. Les infrastructures financées pour rien, les barrages construits pour à peu près donner de l’énergie à des compagnies étrangères qui ne sont pas au rendez-vous, les 41 millions que la minière Cliff doit au gouvernement du Québec ou les 65 millions$ qu’Investissement Québec perdra dans l’aventure de Lithium, tout ça représente énormément d’argent qui aurait pu être beaucoup mieux dépensé si on avait mieux planifié les choses. Et ne parlons pas des obligations qu’avaient les compagnies de nettoyer les sites après les fermetures des mines et qui ne seront pas respectées.

Tout ça démontre bien que le temps où l’on s’en remettait totalement à des compagnies étrangères afin de stimuler notre économie dans le secteur des ressources naturelles a assez duré. Lorsqu’Option nationale est apparue sur la planète politique Québec, c’est beaucoup le discours de Jean-Martin Aussant concernant la nationalisation des ressources naturelles qui m’a plu. Une nationalisation permettant d’organiser autrement que dans l’anarchie la plus totale et inhérente à la nature même de l’activité capitaliste l’exploitation de nos ressources naturelles. C’était stimulant! C’était un véritable projet de libération nationale qu’il nous proposait!

Des exemples dans le monde démontrent que cela est tout à fait possible. La Norvège qui a créé la société d’État Statoil et dont 70% des profits reviennent à la population au lieu des minces 1 ou 2% habituels nous montre la voie à suivre.

Dans le film réalisé par Alain Chartrand sur son père Michel, on entend ce dernier plaidé en faveur de la planification économique. Un thème qui lui était cher et qui a orienté plusieurs aspects de son militantisme. À ce sujet, il disait:

« Ça, c’est notre vie ça, vois-tu parce que qu’on n’a pas organisé l’économie. Y’a pas de planification économique. Y’a pas d’ORDRE. Le capitalisme, c’est…-faut pas dire ça fort, au cas où le patron nous entendrait- le capitalisme, c’est le DÉSORDRE. Le capitalisme, y’a ses lois propres à lui. C’est la maximisation des profits dans un minimum de temps. Alors, t’as pas de nationalité, t’as pas ci, t’as pas ça. C’est payant, j’te vends, puis ça finit là. »

Et quand ce n’est plus payant parce que le cours du minerais de fer s’écroule, hé bien ces compagnies sacrent leur camp, nous laissant les pots cassés. Sans même rembourser ce qu’elles nous doivent. Et même quand ça va bien, ça demeure un problème. Car les profits s’envolent pour l’étranger, ne nous laissant que les miettes. Le Québec vaut mieux que ça.

Le Plan Nord si cher aux libéraux n’est rien d’autre qu’un bar ouvert permettant aux compagnies étrangères de prendre ce qu’elles veulent sans même qu’on sache quoi au juste car les libéraux leur accordent en plus le droit d’agir dans le secret. Les profits leur appartiennent. Les dettes sont nôtres. C’est une mauvaise façon de faire. Ça doit cesser.

Les Nations-Unies affirment qu’il est légitime pour un État de nationaliser ses ressources naturelles « dans l’intérêt du développement national et du bien-être de la population ». Il est temps que l’État québécois ose faire ce que des étrangers tentent de faire chez nous (en utilisant de toute façon notre argent). La nationalisation nous laisserait le temps de beaucoup mieux faire les choses que le privé étranger. D’éviter la précipitation permettant l’engrangement à vitesse grand V de profits, avec les risques d’erreurs que ça implique et la trop possible fermeture précipitée lorsque le prix de la ressource n’est plus suffisant pour le bonheur des propriétaires d’une entreprise ne chiffrant les bienfaits de leurs activités qu’en termes monétaires. Laisser des compagnies étrangères obnubilées par le profit facile et rapide orienter notre économie n’est pas un développement judicieux sur le long terme.

Il sera toujours préférable que l’exploitation de nos ressources enrichisse l’ensemble des Québécois plutôt que quelques propriétaires de compagnies étrangères. Voilà pourquoi Option nationale a raison. Voilà pourquoi il est nécessaire de nationaliser les ressources naturelles.
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

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