Un militant libéral soupçonné de vastes fraudes

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cgelinas
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Publié dans La Presse, en mai 2013

Daljit Singh Kalkat est un incontournable de la politique dans Parc-Extension.

Leader de la communauté sikhe, il dit pouvoir mobiliser 1500 votes en bloc aux élections. Il a travaillé à la victoire de politiciens à tous les ordres de gouvernement. Mais son engagement communautaire est maintenant sous la loupe des autorités, a appris La Presse. Des enquêtes sont en cours sur de vastes stratagèmes de fraude à l’aide sociale et à l’immigration qui auraient pu accroître son poids politique.

Notable influant au sein de sa communauté, Daljit Singh Kalkat était connu jusqu’à récemment comme président de l’India Canada Organization (ICO), l’organisme montréalais qui organise la grande parade pour la fête nationale de l’Inde et qui aide à l’accueil des nouveaux arrivants d’origine indienne.

Il s’est aussi fait remarquer pour son militantisme actif en faveur du PLC, du PLQ et d’Union Montréal.

En parallèle avec sa fonction stratégique d’organisateur politique et communautaire, il est toutefois soupçonné d’avoir participé à de vastes fraudes en dupant le gouvernement à l’aide de faux résidants de Montréal.

Ni la Sûreté du Québec ni l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) ni le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) n’ont voulu commenter les enquêtes en cours.

Documentation étoffée

Des documents judiciaires obtenus par La Presse démontrent toutefois que les trois organismes ont Kalkat dans leur ligne de mire depuis longtemps.

Dès 2008, les fonctionnaires du MESS ont reçu des informations de dénonciateurs dans la communauté sikhe sur un stratagème permettant à des bénéficiaires de l’aide sociale de continuer à collecter leur chèque au Québec tout en allant vivre et travailler au noir en Ontario.

Des entrevues menées par les fonctionnaires dans les deux provinces laissaient croire que le stratagème avait des proportions alarmantes.

Les assistés sociaux ciblés fournissaient à tour de rôle les mêmes adresses à Montréal, dont plusieurs étaient reliées à Kalkat. Douze d’entre eux ont déclaré habiter dans le petit bureau de son entreprise, rue Jean-Talon, qui n’est muni ni de toilette ni de cuisine. Plusieurs autres disaient habiter à sa résidence.

La SQ a alors été mise au courant et a ouvert une enquête criminelle pour fraude à l’endroit du gouvernement.

« Il y a plusieurs adresses qui reviennent et certaines qui s’entrecroisent pour les prestataires allant jusqu’à être très nombreux au même endroit au même moment », écrit un policier, dans une déclaration assermentée qui a permis d’obtenir un mandat de perquisition au bureau de Kalkat.

Kalkat « semble » aussi avoir été filmé en train d’effectuer des retraits au guichet automatique avec la carte bancaire de prestataires d’aide sociale québécois qui habitaient en Ontario, selon le document.

Service aux immigrants

« Kalkat est grandement impliqué dans la communauté sikhe auprès des nouveaux immigrants. Au cours des dernières années, il a fourni plusieurs de ses adresses à des prestataires d’aide sociale », ajoute le policier. L’épouse de Kalkat aurait fait la même chose, selon l’enquête.

De son côté, l’ASFC avait lancé sa propre enquête à la suite d’une dénonciation anonyme et d’un rapport antifraude sur la migration irrégulière de ressortissants indiens vers Montréal.

Une douanière de la Division des enquêtes criminelles de l’ASFC a elle aussi signé une déclaration assermentée pour pouvoir perquisitionner au bureau de Kalkat. Elle raconte que Kalkat travaillait sans permis de travail au Canada depuis plusieurs années. Il a notamment dirigé une entreprise de placement de main-d’oeuvre.

Il offrait aussi illégalement, sans certification, des services d’immigration, ce qui est sévèrement réprimé par la loi canadienne. C’est lui qui s’était chargé de signer plusieurs documents officiels pour des immigrants de sa communauté. Il annonçait ses services en punjabi et disait offrir « tout type de service d’immigration ».

L’Agence a elle aussi constaté que plusieurs de ses clients semblent loger aux mêmes adresses que lui. Et que dans au moins un cas, Kalkat avait encouragé un client à fournir une fausse adresse dans des documents officiels.

Pour le moment, un an après les perquisitions et malgré la saisie d’une abondante preuve documentaire, aucune accusation n’a été déposée contre Kalkat. Dans un entretien avec La Presse, celui-ci a conclu qu’il n’avait donc rien à se reprocher. « C’était un malentendu. Quelqu’un leur avait dit que je travaillais comme consultant, ils sont venus voir et ils n’ont rien trouvé », affirme-t-il

Un passé caché

Kalkat n’en est pas à sa première controverse.

En novembre dernier, le quotidien The Gazette a révélé une facette cachée de son passé : des policiers du SPVM l’ont arrêté pour menaces en 2006. Il a été blanchi des accusations, mais les agents ont découvert en prenant ses empreintes digitales qu’il vit au Canada sous une fausse identité.

Son vrai nom est Baljeet Singh Wadyal. Il a fait quatre ans de prison aux États-Unis pour possession d’héroïne en vue d’en faire le trafic, puis a changé de nom au début des années 90 pour pouvoir entrer au Canada.

Le Canada lui avait accordé le statut de réfugié parce qu’il fuyait la torture et la persécution en Inde, après avoir milité dans des organismes de défense de la minorité sikhe. Ce statut lui a été retiré lorsque son passé criminel a été découvert. Mais le quinquagénaire, qui est marié à une citoyenne canadienne, a entrepris des démarches pour obtenir la permission de rester au pays. Le dossier est toujours à l’étude aujourd’hui.

Il plaide la rédemption

Lors de son entretien avec La Presse, Daljit Singh Kalkat a plaidé la rédemption et assuré que cette tache à son passé ne l’empêche pas de jouer un rôle positif dans la communauté. « Ç’a été exagéré, cela remonte à tant d’années. On a utilisé ça à des fins d’attaques personnelles contre moi », dit-il.

La position de Kalkat à la tête de l’ICO est tout de même devenue délicate après les révélations du quotidien anglophone. Il a quitté la présidence de l’ICO au début de 2013. Mais il conserve plusieurs partisans.

« Il a pris ses gars qui étaient au conseil d’administration et il voulait partir son propre groupe, il veut toujours être président », explique Naseer Medhi Khan, nouveau président de l’ICO.


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