Après la défaite cuisante d'Ignatieff

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cgelinas
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Voici la lettre qu'ont reçu les Libéraux fédéraux après la défaite cuisante de Michael Ignatieff, lors des élections du 2 mai 2011...

Bonjour

Au nom de tous les membres de la famille libérale, je tiens à remercier et à féliciter notre chef, Michael Ignatieff, pour la dynamique campagne nationale qu’il a menée. M. Ignatieff s’est acquis l’affection de tous ceux et celles qui l’ont côtoyé. Il mérite toute notre admiration et le respect de l’ensemble des Canadiennes et des Canadiens.

C'est un moment des plus pénibles pour notre parti.

La défaite de lundi a été une expérience des plus difficile pour nos candidats qui ont travaillé sans relâche, pour nos bénévoles infatigables et pour nos nombreux et fidèles militants de longue date. En dépit des résultats, les libéraux de partout au pays peuvent être fiers de la bataille que nous avons livrée ensemble, ainsi que de l’équipe formidable et du programme positif que nous avons proposé aux Canadiens. Tout au long de cette campagne, nous avons farouchement défendu le principe de la démocratie et le Canada dans lequel les libéraux croient, c’est-à-dire un Canada progressiste, compatissant et responsable, mais aussi source d’espoir pour tous les Canadiens.

Maintenant nous devons admettre que nous avons à relever un défi sans précédent dans notre histoire. Au cours des semaines et des mois qui viennent, l’avenir de notre parti dépendra plus que jamais du maintien de notre unité, de l’élargissement de notre vision et de ce que nous envisageons froidement comme étant les mesures à prendre.

Tout en réfléchissant au cours des prochains jours, de manière sobre et respectueuse, au jugement porté par les Canadiens, nous devons admettre que la contribution remarquable de notre parti à l’histoire du Canada n’a jamais été le gage de sa prospérité et de ses succès futurs. Pour mériter à nouveau la confiance des Canadiens, nous devrons absolument reprendre confiance en nous-mêmes et dans la pertinence de nos valeurs.

Cela prendra du temps et ce ne sera pas facile.

Dans la foulée de cette défaite, les libéraux devront s’ouvrir encore plus que nous l’avons fait en un demi-siècle pour trouver une nouvelle génération de militants. Nous devrons rejoindre des Canadiens qui aiment leur pays et qui sont prêts à lutter pour promouvoir un nouveau programme de réforme. Des Canadiens qui tiennent à l’égalité des chances et qui sont prêts à faire à consentir d’importants sacrifices pour le bien de leurs compatriotes. Des Canadiens qui veulent faire une différence et qui sont prêts, contre vents et marées, à faire preuve de courage à la mesure de leurs convictions, un parti qui sera le reflet du Canada de demain et non l’écho des gloires du passé.

Au lieu de nous morfondre ou de chercher à blâmer, nous devons entreprendre une période raisonnable de stabilité constructive et de réflexion collective. J’espère que tous les libéraux prendront du recul, qu’ils aborderont nos défis dans une perspective à long terme et qu’ils s’attaqueront à la tâche qui nous attend. Même si nous devons tous accepter et en tirer des leçons, cette défaite ne sonne pas le glas du libéralisme au Canada et elle ne signifie surtout pas que les valeurs libérales sont soudainement devenues erronées, déplacées ou désuètes. Bien au contraire.

En qualité de libéraux, nous maintenons notre engagement envers un parti centriste, un programme qui allie et concilie gestion financière responsable et compassion sociale de même qu’une philosophie qui comprend le potentiel d’une économie de marché mixte, mais qui croit aussi à la capacité de l’État de faire le bien, non seulement pour les particuliers mais aussi pour l’ensemble de la nation. Nous avons toujours formé un parti fièrement pragmatique, réunis par un large consensus modéré et par une vision selon laquelle le Canada est plus que la somme de ses parties constituantes. Nous ne devons pas maintenant se rendre aux idéologies usées, qu’elles soient de droite ou de gauche, et cherché ce qui peut contribuer, concrètement, à améliorer la vie des Canadiens.

Quand les Canadiens seront à nouveau prêts pour ce genre de leadership – et ils le seront éventuellement –, nous devrons être prêts à l’assumer.

Quand un nouveau consensus commencera à émerger au Canada – et il finira par se faire jour –, les libéraux devront être prêts à aider à le façonner.

Ce n’est donc pas le moment de juger de façon irréfléchie ou de tirer des conclusions rapides. Ce n’est pas le moment non plus pour les libéraux de tomber dans le piège des expédients politiques ou de la commodité parlementaire.

Il est temps de tenir un débat des plus ouvert, d’aller ensemble de l’avant, et de favoriser la participation la plus large possible des libéraux à la prise des décisions qui nous attendent. Tous ceux et celles qui occupent un poste à quelque échelon, que ce soit au sein du parti, où que ce soit au pays, doivent être plus déterminés que jamais et renouveler leur engagement ! Il faut aussi que tous les libéraux pratiquent entre eux ce qu’ils ont toujours prêché aux autres : le respect. Au moment où nous reconstruisons, nous devons vraiment respecter les points de vue sincères de chaque membre de notre parti, y compris dans toutes nos délibérations. Nous devons aussi respecter les principes fondamentaux du processus démocratique et veiller à débattre ouvertement de tous les grands enjeux qui influeront sur l’avenir de notre parti. Avant tout, nous devons respecter l’autorité inébranlable de la constitution de notre parti pour faire en sorte que le seul programme sur la table soit celui qui assure la primauté du Parti libéral.

Nous pouvons opérer ces réformes et rebâtir notre parti en privilégiant le respect des gens, la démocratie et la constitution de notre parti. J’ai confiance que la résilience et l’ingéniosité légendaires des libéraux ordinaires permettront bientôt à notre parti et à notre pays de connaître des jours meilleurs. L’énormité de ce défi devrait être notre inspiration à tous.

La reconstruction et le renouvellement commencent par tous les libéraux, mais ce n'est pas le temps pour les âmes sensibles. Nous avons besoin de libéraux qui ont l’énergie et la détermination nécessaires pour se relever et se mettre au travail. S'il vous plaît laissez-nous savoir comment vous voulez aider.

Cordialement,

Alfred Apps
Président du Parti libéral du Canada
Claude Gélinas, Éditeur
chaudiere.ca

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